[BLOG] Google va développer un nouvel outil en ligne pour mieux débusquer la dépression. À la grande joie des labos pharmaceutiques.
Dépressifs incertains, déprimés en devenir, suicidaires hésitants, cessez de vous ronger les sangs sur la réelle nature de ce mal qui vous ronge. Bientôt, grâce aux bons soins du Docteur Google, vous serez fixé sur l'état exact de votre santé mentale.
La semaine dernière, Google a annoncé qu'il s'associait avec l'Agence nationale américaine de la santé mentale afin de proposer un questionnaire à toute personne qui chercherait à en connaître davantage sur les charmes de la dépression.
Concrètement, toute personne qui s'en irait taper sur le moteur de recherche des mots clés aussi évocateurs que «pas envie de faire mon lit» ou «rien trouvé dans le frigo d'appétissant» ou encore «arrive pas à me passionner pour le dernier épisode de Game of Thrones» se verra illico proposer un questionnaire de neuf questions à même de déterminer si ladite personne ne serait pas en train de vivre un épisode dépressif.
Auquel cas il lui sera suggéré de prendre illico rendez-vous chez son médecin traitant lequel ne manquera pas de lui délivrer une gentille ordonnance avec plein de noms de petites pilules inscrits dessus ce qui permettra à l'industrie pharmaceutique de dégager quelques substantiels profits, elle qui a tant de peine à boucler ses fins de mois.
C'est Freud à Disneyland, Lacan chez Mac Do et Jung revisité par Zuckerberg.
C'est surtout une vaste escroquerie qui évidemment tôt ou tard débarquera en France. Une de ces grandes campagnes d'information qui ne visent pas tant à guérir les vrais malades qu'à engraisser une industrie dont la voracité demeure à ce jour sans limite, les labos pharmaceutiques se moquant éperdument de connaître votre réel degré de souffrance.
Seul importe la vente d'antidépresseurs dont les bienfaits seront toujours sujets à discussion –la pharmacologie appliquée au cerveau demeurant à ce jour, malgré des progrès réels, une pratique plus ou moins approximative butant contre l'insondable mystère de ce qui constitue un esprit.
Il est toutefois à noter que depuis l'apparition des antidépresseurs, jamais le nombre de gens qualifiés comme dépressifs n'a été aussi élevé et ce dans des proportions ahurissantes, du moins en Amérique du Nord.
Non point que la population serait plus déprimée qu'auparavant –encore que– mais simplement les critères préétablis pour diagnostiquer une dépression sont devenus si lestes que n'importe qui connaissant une mauvaise passe –un chagrin d'amour, un contrôle fiscal, le décès de sa belle-maman– se verra désormais prescrire quelques antidépresseurs afin de guérir ce qui demeure un simple accident de vie.
C'est ainsi que désormais on en arrive à considérer que le fameux stress post traumatique auparavant réservé aux seules personnes ayant à eu à vivre une situation particulièrement anxiogène, peut aussi s'appliquer à tout individu dont l'un des proches a eu à vivre pareille expérienc : mon cousin ou mon meilleur ami a manqué de périr dans un attentat ou lors d'un accident de voiture, il m'a confié son ressenti, depuis je dors mal –je souffre d'un stress post traumatique et je dois manger des bonbons pour m'en sortir.
La médicalisation de la souffrance à outrance.
Quand on n'admet plus que la vie puisse heurter, que l'existence est tout sauf un lit de roses et où le passage du temps qui guérit toutes les blessures est un luxe qu'une société industrialisée comme la notre ne peut plus se payer.
Évidemment, j'ai fini par répondre à ce fameux questionnaire.
Résultat, Google m'a trouvé si dépressif que par précaution il a préféré m'envoyer directement à l’hôpital psychiatrique d'où cette chronique a été rédigée...
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