Bien qu’elle reste la méthode la plus utilisée, la pilule est quelque peu délaissée au profit du stérilet, du préservatif et de l’implant.
Un demi-siècle après sa légalisation entérinée par la loi Neuwirth, la pilule contraceptive semble aujourd’hui souffrir d’un léger désintérêt de la part des Françaises. Alors que 41 % des femmes âgées de 15 à 49 ans y avaient recours en 2010, elles n’étaient plus que 33 % en 2016, selon les résultats d’une enquête publiée lundi, veille de la Journée mondiale de la contraception, par Santé Publique France. Pilule, préservatif, dispositif intra-utérin (autrefois appelé «stérilet»), implant… Au total, plus de 3000 femmes ont accepté de dévoiler par téléphone un pan de leur intimité en révélant leur mode de contraception.
«On assiste à une baisse du recours à la pilule, en particulier chez les femmes âgées de 20 à 29 ans, mais ce n’est pas une dénégation totale», commente Delphine Rahib, chargée d’étude à Santé Publique France et coauteur de l’étude. La pilule reste le moyen de contraception le plus utilisé chez les 15-19 ans (60 %) et chez les 25-29 ans (48 %).
«Depuis 2012, on sent qu’il y a une certaine angoisse autour de la pilule», relate le Dr Teddy Linet, chef du service de gynécologie obstétrique au Centre hospitalier Loire Vendée Océan. Cette année-là, une crise médiatique sans précédent est déclenchée par la plainte en justice d’une jeune femme contre le laboratoire Bayer. Celle-ci accuse une pilule de 3e génération commercialisée par la firme allemande d’être à l’origine de son accident vasculaire cérébral. L’enquête a été classée sans suite par le parquet de Paris le 19 septembre dernier.
«Espace de réflexion»
Des alertes sur ce risque avaient déjà été émises dès 1996, notamment par la revue médicale indépendante Prescrire. Mais il aura fallu attendre 2012 pour que la Commission de la transparence de la Haute Autorité de santé conclue à l’insuffisance du service médical rendu des pilules de 3e génération. Par la suite, ces pilules ainsi que les pilules de 4e génération ont été déremboursées en mars 2013 et abandonnées massivement au profit d’autres moyens contraceptifs.
«Les craintes déclenchées par cette crise ont suscité des débats autour de la pilule, confirme Delphine Rahib. Un espace de réflexion a été ouvert, ce qui a permis de renouer le dialogue entre les usagères et les professionnels de santé. Chez certaines femmes, il a pu y avoir une réévaluation des besoins qui s’est traduite par le choix d’un nouveau contraceptif.»
Car si la popularité de la pilule est légèrement en berne, ce n’est pas le cas des dispositifs intra-utérins (DIU). Leur taux d’utilisation est ainsi passé de 19 % en 2010 à près de 26 % en 2016. Mais l’étude ne précise pas si cette augmentation concerne uniquement les DIU au cuivre, les DIU à la progestérone ou les deux à la fois. Cette augmentation particulièrement importante chez les 25-29 ans (plus 12 % entre 2010 et 2016), a été encouragée par l’ouverture progressive de son usage aux femmes n’ayant pas eu d’enfant.
À partir de 2013, c’est une augmentation de l’utilisation de l’implant qui est constatée (de 4 % à 10 %). L’usage du préservatif, quant à lui, a doublé entre 2010 et 2016, principalement en remplacement de la pilule. Et ce, malgré une efficacité moindre (85 % d’efficacité pratique contre 91 % pour la pilule). «Pendant longtemps, le schéma contraceptif est resté le même: les femmes entraient dans la sexualité par le préservatif puis adoptaient la pilule au moment de se mettre en couple, avant d’utiliser un DIU après avoir eu des enfants. Aujourd’hui, on assiste à une diversification. Les femmes ont davantage le choix», conclut Delphine Rahib.
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