Une soixantaine de personnes, notamment les élèves et le personnel de l'école du garçon située dans une commune au nord de Lyon, vont devoir consulter à partir de jeudi en vue d'une éventuelle vaccination.
Un petit garçon de dix ans, qui souffre de la rage après avoir été mordu par un chiot au Sri Lanka, se trouve «dans un état critique» et son pronostic vital est engagé selon l'Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes.
Il s'agit d'un cas rare en France. Il n'y a plus eu de cas de rage «autochtone» chez l'homme en France métropolitaine depuis 1924. Les seuls cas répertoriés récemment concernent des personnes ayant contracté la maladie à l'étranger : 23 précédents depuis 1970, le dernier remontant à 2014, selon les autorités sanitaires.
L'enfant a été mordu mi-août sur une plage de Dikwella, dans le sud du Sri Lanka. «L'enfant l'a caressé (un chiot) et comme tous les jeunes chiots, celui-ci lui a mordillé la main puis il l'a mordillé un peu plus fort et la main a saigné», a précisé le docteur Bruno Morel, directeur délégué veille et coordination des alertes sanitaires à l'Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes.
La morsure qui semblait «banale» n'avait pas inquiété la famille. Comme la maladie a une longue période d'incubation (20 à 60 jours en moyenne), l'enfant n'a été hospitalisé que le 4 octobre. C'est lundi 9 octobre que le centre national de référence (CNR) de la rage, à l'Institut Pasteur, a confirmé le diagnostic.
Une campagne de vaccination
Les membres de la famille du jeune garçon ont bénéficié «très rapidement d'une prise en charge par un centre antirabique», a précisé le Dr Morel. De plus, les élèves et le personnel de l'école où est scolarisé l'enfant, dans une commune au nord de Lyon, vont devoir consulter à partir de jeudi en vue d'une éventuelle vaccination, a précisé le Dr Marie-Laure Leroux, médecin conseiller technique de l'Éducation nationale. Cette campagne est précédée ce mercredi d'une réunion d'information avec les parents d'élèves, déjà prévenus par courrier.
La directrice de la santé publique à l'ARS, le Dr Anne-Marie Durand, assure que la «transmission inter-humaine n'avait jamais été rencontrée» et que la vaccination était «protectrice dans tous les cas». Cependant, une fois déclarée, la maladie est «presque constamment mortelle» en l'absence de traitement efficace. La rage est d'ailleurs toujours responsable de quelque 59.000 décès par an dans le monde.
Le risque d'être mordu lors d'un voyage à l'étranger
Même si la France a été déclarée indemne de la maladie, la rage reste cependant «une préoccupation», explique Thierry Fosse, chef de service hygiène et vaccination du CHU de Nice et responsable du centre antirabique des Alpes-Maritimes.
De nombreux Français en déplacement en Asie, en Afrique, dans certains pays d'Europe de l'Est, au Moyen-Orient ou sur le continent américain, se font en effet mordre par des chiens ou des chats errants porteurs de la rage, parfois même par des singes comme en Thaïlande.
La maladie met du temps à se déclarer car le virus progresse très lentement de la morsure au cerveau. C'est dans ce laps de temps que les équipes médicales peuvent intervenir avec une vaccination efficace à 100%, précise le spécialiste. Une fois la maladie déclarée, «c'est possible de passer le cap avec de l'immunothérapie et de la réanimation», souligne-t-il, mais cela reste très rare.
Les autorités rappellent qu'en cas de morsure, de griffure ou même de simple léchage d'une plaie ou d'une muqueuse par un animal, il faut procéder à un lavage soigneux avec de l'eau et du savon. Il convient ensuite de désinfecter puis de consulter le plus rapidement possible un centre antirabique qui jugera de l'opportunité de procéder à une vaccination. Et ce, même en France. Car si la vaccination des chiens y est obligatoire, des cas de rage peuvent être importés, par exemple par des chiots entrant illégalement d'Europe de l'Est ou rapportés de voyage, souligne Thierry Fosse.
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