Mercredi, le Canard Enchaîné a révélé que 3.000 tonnes de viande «contaminée» sont mises en rayon chaque année, sans préciser que la bactérie ne se développe pas dans les muscles des bovins.
Dans son édition du 25 octobre, le Canard Enchaîné alerte sur les «3000 tonnes de bidoche diagnostiquée positive à la tuberculose bovine vendues en douce dans les supermarchés». Un nouveau scandale sanitaire? Pas vraiment...
«Effectivement, on consomme des animaux infectés par la tuberculose bovine, commente le Pr Barbara Dufour, enseignant-chercheur en épidémiologie des maladies infectieuses animales à l’École nationale vétérinaire d’Alfort. Mais la bactérie à l’origine de la maladie, Mycobacterium bovis (également appelée «bacille de Koch») ne se développe pas dans la viande mais dans certains ganglions de l’animal. Il n’y a donc aucun risque à consommer la viande de ces animaux, qui est parfaitement saine.»
Ce que confirme la réglementation européenne dans un texte daté du mois d’avril 2004: «Lorsqu’une lésion tuberculeuse a été découverte dans les ganglions lymphatiques d’un seul organe ou d’une seule partie de la carcasse, seul cet organe ou cette partie de la carcasse et les ganglions lymphatiques connexes doivent être déclarés impropres à la consommation humaine».
Des cas anciens ou importés
Certes, la bactérie Mycobacterium bovis peut atteindre l’homme. Le Canard Enchaîné révèle ainsi que «les vaches laitières (...) ne sont pas totalement inoffensives» et qu’une cinquantaine de personnes, «surtout des éleveurs ou des vétos», sont contaminées chaque année. Mais la réalité est quelque peu différente. «Les cas connus de tuberculose bovine ne sont pas secondaires à une infection récemment contractée en France. Ce sont soit des cas importés de pays où la tuberculose bovine est très présente dans les élevages, soit des cas de personnes âgées ayant consommé du lait non pasteurisé dans leur enfance», explique le Dr Gaëtan Deffontaines.
«Dans les années 1950, un quart des troupeaux français était touché, ce qui représentait 15 à 18% des animaux en France, reprend le Pr Barbara Dufour. À cette époque, il arrivait fréquemment que des personnes consomment du lait contaminé sans pour autant développer la maladie. Plus tard, lorsque ces personnes deviennent immunodéprimées à cause de la vieillesse ou d’une maladie, il peut arriver que la bactérie se réveille et se multiplie.»
16 cas avérés en 2014
En 2014, 16 cas de tuberculose à Mycobacterium bovis ont été identifiés par le réseau de surveillance nationale. Parmi ces personnes, seulement 3 étaient nées en France, essentiellement des personnes âgées (54 à 87 ans). Les autres étaient originaires du Maghreb (9 cas), d’Afrique sub-saharienne (1 cas), d’Europe de l’Est (1 cas) et d’Europe du Sud (2 cas).
D’où vient ce chiffre de 50 cas annuels avancé par le journal? «Comme il est difficile de savoir si une tuberculose est causée par Mycobacterium bovis ou par d’autres bactéries à l’origine de la tuberculose humaine, on procède à une extrapolation, explique le Dr Gaëtan Deffontaines. On estime qu’environ 1% des cas de tuberculose sont causés par Mycobacterium bovis, et on sait que 5000 cas de tuberculose, tous types confondus, se déclarent chaque année. D’où les 50 cas rapportés par le Canard Enchaîné.»
8000 vaches suspectées chaque année
Le journal indique également que «8000 vaches sont diagnostiquées positives à la tuberculose bovine» chaque année. Mais cela ne signifie pas qu’elles sont effectivement infectées. «Dans la majorité des cas où le test de tuberculination est positif, on n’observe aucune lésion au niveau des ganglions. Il est même difficile de détecter la présence de la bactérie», souligne Barbara Dufour. Cette particularité tient au fait que la tuberculose, chez les bovins comme chez les humains, ne provoque pas une réaction immunitaire classique».
«Comme c’est le cas pour l’homme, certains animaux qui ont une tuberculose latente ne développeront jamais la maladie, ajoute le Dr Gaëtan Deffontaines, médecin conseiller technique national pour les risques biologiques et zoonoses à la Caisse centrale de la mutalité sociale agricole. Dans ce cas, ils ne disséminent pas les bactéries». Néanmoins, lorsque les animaux présentent une réaction positive ou douteuse au test ou s’il y a d’autres raisons de suspecter une infection, ils doivent être abattus séparément des autres animaux et d’autres examens sont réalisés sur la carcasse.
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