En France, comme le rappellent les professeurs Anne Simon
(Présidente de la société française de lutte contre le Sida) et
Eric Billaud (Président du COREVIH Pays de la Loire) dans
l'éditorial du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (Beh)
entièrement consacré au VIH à la veille de la journée mondiale du
Sida le 1er décembre, les deux derniers objectifs sont atteints.
Concernant le dépistage, des efforts restent à réaliser : on estime
que 84 % des séropositifs connaissent leurs statut sérologique
notre pays. Cette donnée justifie le lancement d'une nouvelle
campagne d'incitation au dépistage par Santé publique France (SPF).
Dépistage : une diversité efficace
Cette dernière insiste sur la diversité des modes de dépistage existants : au sein d’un laboratoire de biologie médicale, dans un centre de dépistage, auprès d’une association par le biais du test rapide d’orientation diagnostique (TROD) ou chez soi grâce à l’autotest. En 2016, « 5,4 millions de sérologies VIH ont été réalisés par des laboratoires de biologie médicale, 56 300 TROD » ont été pratiqués, et « 75 000 autotests ont été vendus » détaille SPF. La multiplicité des modes de dépistage a contribué à une « légère » augmentation de l’activité au cours des deux dernières années, « sans accroissement du nombre de sérologies positives. Les dispositifs de dépistage existants sont complémentaires pour concourir à l’objectif de réduction du nombre de personnes infectées non encore diagnostiquées » constatent Françoise Cazein de SPF et son équipe qui ont mené une étude sur ce sujet publiée dans le BEH.Cercle vicieux
L’an passé, une campagne dédiée au dépistage concernait prioritairement les homosexuels. Cette dernière avait été l'objet de critiques de la part de groupes homophobes (un maire avait même interdit la campagne d'affichage dans sa ville et a été récemment désavoué par la justice administrative). D’une manière générale, l’attention s’était focalisée sur les polémiques autour de la campagne avant de se concentrer sur le message transmis. « Sur le fond, très peu de médias ont repris la thématique de la prévention diversifiée, le débat s’étant focalisé sur la visibilité donnée aux HSH dans l’espace public. Cela montre que la prévention passe aussi par la lutte contre l’homophobie » analysent Nathalie Lydié et son équipe (SPF), également dans le BEH. La persistance de cette discrimination fait le lit de l'épidémie de Sida comme le confirment les intéressants résultats de l’étude de l’équipe de Josiane Pillonel (SPF) qui a concerné les donneurs de sang infectés par le VIH. Ces travaux se sont basés sur des « entretiens individuels semi-directifs (…) avec 32 donneurs de sang trouvés VIH positifs entre mi 2011 et 2014 ». Il apparaît que pour plus de la moitié (17/32) de ces sujets, l’infection par le VIH aurait pu être détectée grâce aux critères de sélection. Les participants ont donc été interrogés sur les raisons ayant pu les pousser à la non déclaration de facteurs de risque. « La crainte de la stigmatisation (touchant les homosexuels, ndlr), la surveillance du statut VIH, l’attachement symbolique au don de sang et le contexte du don » ont contribué à ce défaut de déclaration. L’étude a également mis en évidence la fait que « l’évaluation des comportements sexuels à risque n’était pas toujours bien appréhendée par les donneurs eux-mêmes ». Il est intéressant ici d'observer que les discriminations peuvent avoir d'une part des conséquences en matière de santé publique (en raison du risque de contamination des dons) mais peuvent également entretenir un cercle vicieux. C’est par peur de la stigmatisation que certains taisent leurs pratiques, risquant de compromettre la sécurité des dons de sang et donc de créer dans la population les conditions de la défiance !Des jeunes générations en position de retrait vis-à-vis du Sida
Cependant, on constate que les attitudes de rejet sont aujourd’hui minoritaires vis-à-vis des séropositifs, si l’on en croit les résultats d’une enquête menée par l’institut CSA pour l’association AIDES. On note par exemple que 69 % des Français considèrent comme anormal le fait que les séropositifs soient écartés de certaines professions ; ils ne sont par ailleurs qu’une minorité (16 %) à avouer qu’ils ressentiraient un certain malaise s’ils comptaient une personne séropositive parmi leurs collègues. Cependant, chez les plus jeunes, ce pourcentage est plus élevé (30 %). Les jeunes de 18 à 35 ans sont également 33 % à admettre qu’ils redouteraient que l’enseignant de leur enfant soit séropositif, contre 21 % dans la population générale. Ces différences marquent une nouvelle fois l’importance de renforcer les messages de sensibilisation, afin de ne pas aboutir à une nouvelle marginalisation des personnes séropositives. On notera encore que le rapport dédié à la lutte contre la discrimination présenté par Aides signale l’accès trop insuffisant à la prophylaxie pré-exposition (PrEP).Aurélie Haroche
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