
POLÉMIQUE - Atteinte depuis douze ans de troubles de la thyroïde, Anny Duperey est devenue le porte-voix des victimes de la nouvelle formule du médicament, et ses effets secondaires. Invitée sur le plateau de LCI ce lundi, elle a une nouvelle fois dénoncé le laboratoire qui la commercialise. Ce dernier répond à ses arguments.
Audrey LE GUELLEC
Mis en face, les arguments respectifs des deux parties témoignent de l’ampleur de la polémique autour de la nouvelle formule du Levothyrox. D’un côté, des milliers de patients contraints de l’adopter se plaignent d'effets secondaires trop conséquents, et réclament un retour à l'ancienne formule. De l’autre, le laboratoire Merck, qui commercialise ce médicament destiné à lutter contre l'hypothyroïdie, le défend.
Au lendemain du passage sur LCI d’Anny Duperey, atteinte depuis douze ans de troubles de la thyroïde, porte-voix des victimes la nouvelle formule du médicament, ce dernier a souhaité réagir. Lien entre les décès rapportés et le nouveau Levothyrox, nombre de victimes d'effets indésirables… le point sur leur argumentaire.
Quatorze décès de patients prenant du Levothyrox (Merck) ont été enregistrés dans la base nationale recensant les effets indésirables des médicaments. "Il y a déjà des morts et il va y en avoir plus", a déclaré Anny Duperey ce lundi sur le plateau de LCI, très remontée contre le laboratoire et son dirigeant. De son côté, Merck assure qu’il n’y a "pas de risque vital lié à la nouvelle formule" estimant que "dire le contraire est extrêmement anxiogène pour les patients qui la prennent."
De son côté, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a souligné qu’il n’y a "pas de lien établi" entre le Levothyrox et les décès enregistrés dans la base qui recense ses effets secondaires. Mercredi dernier, l'Agence du médicament ANSM avait réagi dans les mêmes termes à un article alarmiste du numéro zéro du magazine L'Ebdo, titré "Les morts du Levothyrox cachées par les autorités françaises".
L'Agence du médicament (ANSM) a recensé, entre mars et septembre, près de 15.000 signalements pour effets indésirables. "C’est un chiffre absolument faux, c’est un chiffre officiel, c’est-à-dire 15.000 personnes qui ont trouvé le moyen sur internet de remplir un formulaire, de scanner des documents et de donner le lot du médicament", a expliqué Anny Duperey, avant d'ajouter : "Il y en a beaucoup plus." Celle qui estime qu’"une chose gravissime est en train de se passer", pointe "les efforts désespérés de Monsieur Hulot (ndlr : le patron de Merck France), de l’ANSM et de notre ministère de Santé pour masquer, comme l’écrivait un médecin dernièrement, (le fait) que 90% de (ses) patients ressentent des effets secondaires absolument invalidants."
"C’est vrai qu’on est dans un flou, ce chiffre est une base sur laquelle travaillent le Ministère et les autorités de santé", rétorque-t-on du côté de Merck, en soulignant que "pour la grande majorité des trois millions de patients, le passage à la nouvelle formule s’est bien passé."
Pour rappel, la nouvelle formule du Levothyrox, jusque-là en situation de quasi-monopole, avec quelque trois millions d'usagers, a été mise sur le marché en mars. Mais certains patients se sont rapidement plaints se sont plaints de vertiges, de crampes de fatigue, des pertes de cheveux, de troubles du sommeil. Anny Duperey, qui réclame, comme des milliers d’autres personnes un retour à l'ancienne formule, évoque un "médicament de survie, unique en France, pour les gens qui n’ont plus de tyroïde. Donc il n’y a pas d’alternative". Et de poursuivre : "On a interdit quasiment aux pharmaciens de donner une alternative, il n’y en a pas, c’est-à-dire que les gens sont obligés de gober cette formule qui les rend malades."
Sur ce point, le laboratoire Merck tient à rappeler que pour ceux "qui connaissent une transition difficile, cinq traitements alternatifs sont aujourd’hui disponibles, dont l’ancienne formule du Levothyrox, de façon temporaire et transitoire, depuis le 2 octobre." Des stocks de ont en effet été importés d'Allemagne, sous le nom d'Euthyrox.
"Les Français ont été offerts comme cobayes au laboratoire Merck puisqu’on a immédiatement barré les anciennes formules", estime Anny Duperey, très remontée contre le laboratoire pointant du doigt une attitude "meurtrière".
Mais le laboratoire rappelle, "pour mémoire" que "le changement de formule a été effectué à la demande des Autorités de Santé pour assurer une meilleure stabilité en vue d’apporter au patient un meilleur équilibre thyroïdien dans le temps". Et de conclure : "La qualité et la plus grande stabilité de la nouvelle formule ont été reconnues par l’ANSM et soulignées par M. Jean-Pierre Door, vice-président de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale en charge d’une mission parlementaire 'flash' sur le sujet."
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