Vaccins: la mise au point de scientifiques

Lors d’une séance agitée, 9 scientifiques ont tordu le cou aux idées fausses et réaffirmé l’efficacité des vaccins.

Une conférence réunissant neuf grands noms de la recherche médicale a eu lieu vendredi à la faculté de médecine Paris Descartes. L’événement, organisé en partenariat avec l’Institut Pasteur, l’Inserm et l’AP-HP, avait pour objectif de remettre faits et données scientifiques au cœur du débat sur la vaccination. Une initiative qui, à dix jours de l’extension de l’obligation vaccinale, a donné lieu à des discussions agitées.

«Nous avons eu envie de nous exprimer à notre manière sur les vaccins, sans pression aucune ni conflit d’intérêts», a prévenu Alain Fisher, professeur d’immunologie pédiatrique et instigateur, avec le Pr Philippe Sansonetti, de l’événement. Études scientifiques à l’appui, les intervenants se sont tour à tour attaqués aux contre-vérités scientifiques les plus courantes: effets indésirables, risque de mort subite du nourrisson, syndrome de Guillain-Barré, surcharge du système immunitaire des enfants…

«Nous avons eu envie de nous exprimer à notre manière sur les vaccins, sans pression aucune ni conflit d’intérêts»
Alain Fisher, professeur d’immunologie pédiatrique et instigateur

Point particulièrement sensible, la présence d’aluminium dans les vaccins. Autorisé dans des quantités n’excédant pas 0,85 milligramme par dose, cet adjuvant est une condition nécessaire à l’obtention d’une bonne réponse immunitaire. Or plusieurs études réalisées par le P r Romain Gherardi et son équipe imputent à l’aluminium des effets neurotoxiques. «L’aluminium est utilisé depuis 90 ans dans les vaccins, souligne Liliane Keros, membre de l’Académie nationale de pharmacie. Il y en a partout: l’eau, l’air, les aliments, les cosmétiques… ainsi que dans le corps, à l’état naturel!»

Un avocat présent dans la salle s’interroge alors: «Que penser des travaux de Romain Gherardi?» «M. Gherardi est un médecin universitaire parmi des milliers qui travaillent sur la vaccination dans le monde, répond du tac au tac Alain Fisher. Et c’est le seul à soutenir cette position singulière.» Et Liliane Keros d’ajouter: «Il faut continuer à faire des études, mais celles-ci doivent être extrêmement rigoureuses.» «Ne peut-on se passer d’aluminium?» Pas possible, affirment les chercheurs. Pour l’heure, il n’existe pas d’alternative. «Supprimer l’aluminium des vaccins reviendrait à arrêter la vaccination», explique Daniel Lévy-Bruhl, responsable du département maladies infectieuses à Santé publique France.

Autre source de doutes chez certains parents, l’idée d’une surchage du système immunitaire des nouveau-nés. «Leur système immunitaire est globalement opérationnel, assure Alain Fisher, grand spécialiste du domaine. La vaccination des nourrissons est sûre, efficace et nécessaire.» «C’est faux!», souffle un homme dans la salle, avant de se lancer dans une violente, mais incohérente diatribe contre les intervenants, dont Françoise Barré-Sinoussi, Prix Nobel de médecine 2008.

Ultime piqûre de rappel de l’année 2017, les scientifiques ont dressé la liste des maladies que la vaccination a permis de faire disparaître en France. Avant de conclure qu’une bonne couverture vaccinale était plus que jamais nécessaire pour maintenir au plus bas les cas de coqueluche, d’hépatite B ou de rougeole qui a fait un retour en force en France ces dernières années.

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