Les allergies aux pollens font leur grand retour avec l'arrivée des beaux jours. Le pays est en alerte rouge prévient le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) dans son dernier bulletin vigilance: "La France est coupée en deux avec les pollens de bouleaux qui envahissent le Nord et les pollens de platanes qui gagneront du terrain au Sud, observe le réseau. Le risque d’allergie sera très élevé ces prochains jours pour les pollens de bouleaux au nord d’une ligne Bordeaux-Lyon et dans les Alpes".
Au Nord et au centre, les pollens de bouleaux sont en effet très présents, au Sud les pollens de platanes. Partout en France, le risque d’allergie est au niveau élevé pour les pollens de frêne. Les pollens de charme pourraient eux aussi atteindre ce niveau dans quelques jours. Dans le Sud-ouest, le risque est moyen concernant les pollens de graminées, même s'ils sont toujours présents. La hausse des températures annoncée dès le 17 avril, va renforcer la pollinisation.
A quoi sont dues les allergies aux pollens ?
Mais qu’est-ce qui est à l’origine des allergies aux pollens ? Des chercheurs autrichiens expliquaient ce phénomène dans le Journal of Biological Chemistry en 2014. Ces derniers avaient recréé l’allergène présent dans le pollen de bouleau en laboratoire : la protéine Bet v 1 (Betula verrucosa). Elle rend le système immunitaire hypersensible et entraîne la formation d’anticorps pathogènes chez 95% des personnes allergiques. Les chercheurs ont découvert que ce sont les "poches" moléculaires de la protéine Bet v 1 qui déterminent si oui ou non le pollen sera allergène.
Plus précisément, la Bet v 1 peut se lier fermement au fer grâce aux poches moléculaires. Si ces poches restent vides, le pollen se transforme en allergène car il manipule les cellules immunitaires Th3 pour les faire réagir. Les scientifique notent chez les personnes allergiques, un déséquilibre entre les cellules Th3 – qui défendent le corps des allergies et parasites – et les cellules Th1 – qui réagissent aux infections bactériennes.
Les symptômes qui peuvent alerter
L’allergie polinique apparaît rarement avant trois ans, mais peut se manifester à tout moment de la vie. En France, 15 à 20 % des personnes âgées de 15 à 70 ans sont affectées. On observe notamment un pic des déclenchements d'allergies après la puberté. Le plus souvent, la personne qui souffre d’une rhinite allergique se plaint de congestion nasale pouvant conduire à une obstruction nasale ("nez bouché") et à une irritation du nez : "nez qui coule", d’éternuements, de "nez qui pique" ou "qui gratte". La congestion nasale peut s’accompagner d’éternuements, de toux et d’une irritation des yeux ("conjonctivite allergique") avec des yeux rouges et qui pleurent.
Le retentissement de la rhinite allergique peut être à l’origine de troubles du sommeil avec fatigue et irritation. Les personnes atteintes de rhinite allergique ont souvent des antécédents familiaux d’allergie.
Elles déclarent spontanément que leurs problèmes s’aggravent à certaines périodes de l’année ou lorsqu’elles sont exposées à des allergènes spécifiques. Une allergie au pollen, surtout si l'on ne traite que les symptômes, augmente le risque du développement d’autres allergies respiratoires et surtout la sensibilisation des poumons avec asthme allergique, que l’on trouve dans 20 à 25% des cas. L’asthme allergique cause toux, respiration sifflante ("wheezing"), essoufflement et oppression.
Les différents traitements
L’éviction systématique de l’allergène n’est pas toujours possible, mais les traitements disponibles sont efficaces et en général sans danger, s’ils sont bien utilisés. Il est recommandé de les prendre systématiquement, tous les jours, dès le début des signes et pendant toute la durée de la floraison incriminée. Les antihistaminiques oraux sont les médicaments de première intention contre la rhinite allergique. Les antihistaminiques plus anciens ont un effet sédatif potentiellement dangereux lors de la conduite automobile ou dans certains métiers. Les antihistaminiques de deuxième génération n'ont pas d'effet sédatif et sont désormais recommandés en première intention aux personnes qui doivent prendre ce type de médicaments : desloratadine, fexofénadine, loratadine, cétirizine... Il ne faut pas hésiter à en essayer plusieurs afin de trouver la molécule qui vous convient le mieux: il existe en effet une forte susceptibilité individuelle.
Les corticoïdes topiques par voie nasale constituent le traitement recommandé en première intention en cas de rhinite modérée ou grave (budésonide, fluticasone, mométasone…). Les corticoïdes par voie nasale ont peu d’effets indésirables, mais ils peuvent cependant entraîner une irritation ou des saignements du nez chez 10 à 20 % des personnes. En collyres, les corticoïdes topiques sont efficaces lors du traitement de l'allergie de l'œil (" conjonctivite "). Les antileucotriènes peuvent être utilisés en prévention de la rhinite, essentiellement chez les personnes asthmatiques avec une polypose naso-sinusienne. Les corticoïdes par voie orale sont déconseillés en raison des effets secondaires qui surviennent aux doses où ils sont efficaces. Il faut éviter les sprays nasaux décongestionnant à base de phényléphrine qui font courir un risque d'accidents vasculaires.
Les gestes simples pour se protéger au quotidien
Quels gestes adopter ? Si vous êtes allergique, quelques précautions peuvent vous aider. Mieux vaut éviter les balades en forêt, champ ou pré lorsque le risque allergique est élevé. Si vous roulez en voiture, il faut fermer les fenêtres. Le RNSA recommande également de "se rincer les cheveux le soir, favoriser l’ouverture des fenêtres avant le lever et après le coucher du soleil (les pollens sont plus présents la journée, ndlr), d'éviter de faire sécher le linge à l’extérieur, de rouler en voiture avec les fenêtres fermées, de bien suivre son traitement et consulter son médecin en cas de symptômes...".
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