Il n’est pas question d’imaginer aller travailler lorsque vous présentez les signes d’une gastro-entérite : nausée, crampes abdominales, vomissements et diarrhée. Mais qu’en est-il une fois que vous vous sentez un peu mieux ? Quand pouvez-vous retrouver vos collègues sans leur faire courir de risque, ou envoyer vos enfants à l’école ou à la crèche ?
Le ministère de la santé australien recommande de rester à la maison au minimum 24 heures après les derniers vomissements ou la dernière diarrhée (ndlr : en France, l’assurance maladie recommande pour les gastro-entérites virales un arrêt de travail de trois jours, à adapter selon la sévérité des symptômes). Mais la vraie question qui se pose est : combien de temps une personne demeure-t-elle contagieuse après s’être rétablie d’une gastro-entérite ?
Qu’est-ce qui provoque une gastro ?
Pour mieux comprendre pendant combien de temps on reste contagieux après une gastro, il faut se pencher sur les différentes origines possibles de la maladie.
Les virus sont la cause la plus courante de gastro. Chez les nourrissons et les jeunes enfants, les rotavirus sont les plus fréquemment rencontrés, tandis que chez les adultes les norovirus sont la cause principale de gastro-entérite.
En Australie, chaque année les norovirus infectent environ 1,8 million de personnes, ce qui représente près de 40 % des cas de gastro (ndlr : en France, les norovirus causeraient, selon les études, jusqu’à 36 % des cas de gastro-entérites aiguës. Les gastro-entérites virales entraîneraient quant à elles de 700 000 à 3,7 millions de consultations médicales par an).
Les gastro-entérites bactériennes sont elles aussi courantes, et font chaque année environ 1,6 million de victimes en Australie, dont 1,1 million pour la seule Escherichia coli.
Les autres bactéries communément impliquées dans la gastro sont Salmonella spp., Shigella spp. et Campylobacter spp.. Ces bactéries sont souvent retrouvées dans la viande crue ou insuffisamment cuite, les fruits de mer ou le lait non pasteurisé.
Des parasites tels que Giardia lamblia, Entamoeba histolytica et Cryptosporidium spp. sont quand à eux responsables d’environ 700 000 cas de gastro par an en Australie. La plupart du temps, les personnes infectées se remettent des gastro-entérites parasitaires sans problème, mais les personnes dont le système immunitaire est affaibli peuvent rencontrer des complications.
À lire aussi : Connaissez vos microbes sur le bout des doigts ! Virus, bactérie, parasite ?
Identifier le microbe
La plupart des cas de diarrhée sont modérés et ne requièrent pas le recours à un médecin, mais certains nécessitent des investigations plus poussées, en particulier chez les personnes qui rentrent de voyage, les personnes qui ont une diarrhée persistante depuis quatre ou cinq jours (ou durant plus d’une journée avec de fièvre), les patients qui ont du sang dans leurs selles, ceux qui ont récemment employé des antibiotiques, et les patients dont le système immunitaire est affaibli.
Le test le plus commun est la mise en culture de selles (coproculture), utilisée pour identifier les microbes qui ont poussé à partir de fèces liquides ou non moulées. Le rendement bactérien de ces cultures est faible, mais une réponse positive peut avoir des conséquences importantes pour le patient.
Certains organismes identifiés lors des analyses de selles doivent être signalées aux autorités de santé, car elles peuvent causer d’importants dommages ďans certains groupes sociaux vulnérables, tels que les personnes âgées, les enfants en bas âge les femmes enceintes ou les personnes dont le système immunitaire est affaibli.
En Australie, le ministère de la Santé doit être notifié des cas de gastro causés par Campylobacter, Cryptosporidium, Listeria, Salmonella, Shigella et certains types d’infection par certains types d’E.coli. Ces déclarations peuvent aider à identifier les débuts d’épidémies et de mettre en place les mesures appropriées (ndlr : en France, les toxi-infections alimentaires collectives, correspondant à deux cas au moins présentant les mêmes symptômes suite à un même repas, sont à déclaration obligatoire (p.14)).
Vous vous sentez peut être mieux, mais ce n’est pas le cas de vos selles
Les microbes responsables de la gastro se disséminent en suivant le chemin oro-fécal, ce qui signifie que les fèces doivent être mises en contact avec la bouche pour que se produise la transmission.
Parfois, cela se produit si du matériel fécal infecté se retrouve dans l’eau potable, ou contamine la nourriture durant sa préparation. Mais le plus communément, de petites particules de selles restent sur les mains après être allé aux toilettes. L’emploi papier toilette pour s’essuyer ne suffit pas à prévenir complètement la contamination des mains, encore moins en cas de diarrhée.
Les particules finissent dans la bouche d’une autre personne suite à la préparation de nourriture, ou lorsque celle-ci touche une surface contaminée puis porte ses doigts à sa bouche.
Après qu’un patient a complètement récupéré d’une gastro, des micro-organismes infectieux peuvent malgré tout être présents dans ses selles. L’excrétion de Campylobacter spp., de la souche E. Coli O157, de Salmonella, Shigella, Cryptosporidium, Entamoeba, et Giardia peut continuer pendant plusieurs jours, voire semaines. Des personnes qui ont guéri d’une infection à salmonelles ont excrété la bactéries dans leurs selles jusqu’à 102 jours plus tard.
Les parasites peuvent quant à eux rester dans l’intestin durant de longues périodes, bien après que la diarrhée soit terminée. Des oocystes infectieux de Cryptosporidium peuvent se retrouver dans les selles jusqu’à 50 jours après la maladie. Les oocystes de Giardia peuvent être excrétés encore plus tardivement.
Et donc, combien de temps devez vous rester chez vous ?
La plupart des conseils concernant le retour au travail, à l’école ou à la crèche sont basés sur les gastro-entérites virales les plus communes, à norovirus, et ce même si l’origine réelle de la maladie n’est connue que pour très peu de patients.
Pour norovirus, le taux le plus élevé d’excrétion dans les selles survient 24 à 48 heures après que tous les symptômes ont disparu. Ce taux diminue ensuite très vite. Les patients peuvent donc retourner travailler 48 heures après fin des symptômes.
L’excrétion virale peut certes durer plus que deux jours, mais étant donné que les infections à norovirus sont communes et que la récupération est rapide, il n’est pas considéré comme indispensable de demander aux patients d’attendre que leurs selles ne contiennent plus de virus pour retourner travailler.
Bien que 24 heures puissent constituer un delai approprié pour la plupart des gens, un délai de 48 heures est considéré comme nécessaire pour certaines catégories de personnes plus à risque, afin d’éviter qu’elles ne contaminent les autres. Il s’agit par exemple de personnes assignées à la préparation de nourriture, du personnel de santé, ou des enfants de moins de cinq ans vivant en communauté (crèches, groupes d’activités).
En Australie, si les analyses de selles identifient un micro-organisme à déclaration obligatoire, la situation peut changer légèrement. Les préparateurs de nourriture, les professionnels de la petite enfance et les personnels de santé affectés par une souche d’E.coli à vérotoxine, par exemple, ne sont pas autorisés à retravailler avant que les symptômes aient disparu et que deux coprocultures négatives aient été réalisées à au moins 24 heures d’intervalle (ndlr : en France, le Haut Conseil de la Santé publique a émis des recommandations similaires). Ceci peut avoir pour conséquence d’allonger de plusieurs jours la durée de l’arrêt de travail.
Comment arrêter la dissémination ?
Se laver les mains souvent avec du savon est le moyen le plus efficace d’empêcher la transmission des germes responsables de la gastro. En effet, si 10 000 cystes de Giardia étaient placés dans la paume d’une main, le lavage au savon en éliminerait 99 %.
Pour protéger les autres, il faut aussi désinfecter immédiatement et soigneusement les surfaces sur lesquelles les malades ont vomi. En utilisant des gants jetables, lavez les surfaces avec de l’eau chaude et un détergent neutre, puis désinfectez avec de l’eau de Javel à 0,1 % de chlore actif.
Vincent Ho, Senior Lecturer and clinical academic gastroenterologist, Western Sydney University
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
https://news.google.com/__i/rss/rd/articles/CBMicGh0dHBzOi8vd3d3LnN1ZG91ZXN0LmZyLzIwMjAvMDEvMDYvY29tYmllbi1kZS10ZW1wcy1lc3Qtb24tY29udGFnaWV1eC1hcHJlcy11bmUtZ2FzdHJvLWVudGVyaXRlLTcwMjcyMzQtNDY5Ni5waHDSAXVodHRwczovL3d3dy5zdWRvdWVzdC5mci8yMDIwLzAxLzA2L2NvbWJpZW4tZGUtdGVtcHMtZXN0LW9uLWNvbnRhZ2lldXgtYXByZXMtdW5lLWdhc3Ryby1lbnRlcml0ZS03MDI3MjM0LTQ2OTYuYW1wLmh0bWw?oc=5Bagikan Berita Ini
0 Response to "Combien de temps est-on contagieux après une gastro-entérite ? - Sud Ouest"
Post a Comment