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Coronavirus : Quel impact pourrait avoir la pandémie sur la future épidémie de grippe ? - 20 Minutes

Lille, le 22 octobre 2018. Illustration vaccin contre le virus de la grippe saisonniere. — M.Libert / 20 Minutes
  • Alors que le nombre de cas de Covid-19 continue d’augmenter, le ministère de la Santé et certains médecins s’interrogent sur l’impact que la pandémie pourrait avoir sur l’épidémie de grippe.
  • En général, la grippe, qui touche le même public que le coronavirus, fait entre 10.000 et 15.000 morts et met en tension hôpitaux et cabinets de médecins. Une double vague serait donc très difficile à gérer pour notre système de santé.
  • Mais si les gestes barrières, qui sont les mêmes pour le Covid-19 que pour la grippe, restent très respectés, il est également possible que la prochaine épidémie de grippe soit moins sévère que les années précédentes.

Fièvre, grosse fatigue, toux : Grippe ou Covid-19 ? Alors que l’entrée prochaine dans l’automne nous promet la panoplie habituelle de pathologies et que le Covid-19 n’a pas fini son tour de France, faut-il redouter un empilement des épidémies ? Ou au contraire espérer que cette maladie nouvelle limitera les dégâts de la grippe ?

Un espoir venu de l’hémisphère sud

« La réponse, c’est qu’on ne sait pas, tranche prudemment William Dab, épidémiologiste et ancien directeur général de la santé (DGS) de 2003 à 2005. On a quelques indices qui nous viennent de l’hémisphère sud, où c’est l’hiver, mais ça ne va pas forcément se passer ainsi chez nous. » En effet, plusieurs études ont montré que l’épidémie de grippe y est minime. Notamment à Hong Kong, où la grippe version 2019-2020 est à la fois plus courte que les cinq précédentes et moins mortelle, souligne un article de la revue Nature.

Plus globalement, selon les données de surveillance de la grippe de l’OMS, l’épidémie se serait interrompue début avril, alors qu’elle se poursuit habituellement jusqu’à fin mai dans l’hémisphère sud. « Selon les chiffres de l’OMS, la dernière semaine d’août, sur deux millions de prélèvements de patients, 40 virus de la grippe ont été détectés, c’est dérisoire, analyse Bruno Lina, virologue et membre du Conseil scientifique Covid-19. L’année dernière, à la même période, sur 50.000 prélèvements sur une semaine, il y avait 5.000 virus détectés. »

Pas deux épidémies en même temps ?

Comment expliquer cela ? « C’est difficile de parler d’un effet positif de cette épidémie de Covid-19 », reprend Bruno Lina. Il n’empêche, certains imaginent qu’elle pourrait « bloquer » la circulation de la grippe. « Les virus respiratoires ont du mal à circuler en même temps quand ils visent le même profil de patients, explique-t-il. Dans une année normale, on a des séquences d’épidémies : d’abord les rhinovirus de septembre à novembre, puis la bronchiolite jusqu’en décembre et de janvier à mars, la grippe. Ils se substituent les uns aux autres, car quand on est infecté on développe de l’interféron, une réponse immunitaire non spécifique, qui abaisse le risque d’être infecté par un autre pathogène. On pourrait donc imaginer que si le coronavirus circule de façon abondante, il va limiter l’existence des autres. »

L’autre bonne nouvelle, c’est que les Français ont adopté, en très peu de temps, des réflexes de prévention. « C’est certain que l’adoption des mesures barrières a diminué l’épidémie de grippe et de gastro-entérite de l’année dernière », avance Frédéric Le Guillou, pneumologue et président de l’Association Santé Respiratoire France.

« Masques, distanciation, gel hydroalcoolique, l’ensemble de ces mesures anti-Covid sont redoutablement efficaces contre les autres virus respiratoires, reprend Bruno Lina. Le coronavirus avait un R0 autour de 3 et grâce aux mesures barrières, ce R0 a baissé à 1,5. Alors quand vous avez des virus qui ont naturellement un R0 à 1,5, on passe en dessous de 1 et là, il n’y a pas d’épidémie. Il est possible qu’entre l’ensemble des mesures barrières (si elles continuent à être respectées), et la campagne de vaccination contre la grippe, il y ait une absence totale de circulation du virus de la grippe cette année. C’est la première fois que je dis ça et cela fait trente ans que je travaille sur le virus influenza. » Voilà pour le scénario idyllique…

Système débordé par une suite d’épidémies

Reste une hypothèse beaucoup plus sombre. Celle d’une deuxième vague de coronavirus (le bilan de la DGS du 3 septembre fait état de 7.000 nouveaux cas en 24 heures), concomitante ou suivie d’une épidémie de grippe sévère (qui touche en moyenne en France entre 2 à 8 millions de personnes et fait entre 10.000 et 15.000 morts par an). On vous laisse faire le calcul et imaginer les cabinets de ville et hôpitaux débordés…

« L’un des problèmes, c’est que les symptômes cliniques sont presque impossibles à distinguer, excepté pour la perte brutale d’odorat et de goût, souligne Frédéric Le Guillou. Les tests vont nous permettre de faire la différence. » D’où l’importance de pouvoir tester à grande échelle. « L’enjeu est logistique, reprend le pneumologue. L’hiver, s’il y a afflux de patients grippés et de malades du coronavirus, le système de santé risque de ne pas résister. Sans oublier les dommages collatéraux… Pendant qu’on prend en charge ces patients, la réanimation, le Samu ne peuvent pas s’occuper des infarctus, des épilepsies, de tous les autres patients. »

« S’il y avait une forte épidémie de grippe, étant donné que les symptômes sont semblables, cela compliquerait la surveillance épidémique », renchérit William Dab. Les épidémiologistes, statisticiens, mais également les chercheurs, très mobilisés depuis des mois sur le Covid-19, auraient donc du mal à suivre de près, poursuivre leurs travaux et distinguer ces deux épidémies. « Ce scénario catastrophique n’est pas forcément le plus vraisemblable, mais se dire qu’il n’arrivera pas n’est pas raisonnable », synthétise Bruno Lina, virologue. Un risque qui n’a pas échappé au ministère de la Santé, vigilant sur cette question. « Nous anticipons un brouillage des pistes et nous portons une attention particulière à la vaccination des personnes âgées », nous explique-t-on au cabinet d’Olivier Véran.

Appel à la vaccination

Un appel à la vaccination relayé par nombre de médecins. La Haute autorité de santé a d’ailleurs publié une recommandation dès juin 2020, insistant sur l’importance d’améliorer la couverture vaccinale : en 2019-2020, seulement 45 % des plus de 65 ans s’étaient fait vacciner. Malgré des campagnes ciblées, une invitation par la Sécurité sociale à se faire vacciner gratuitement et directement chez son pharmacien… « Il y a une réflexion à mener également sur la vaccination des soignants, médecins comme paramédicaux », martèle Frédéric Le Guillou, qui regrette la frilosité de certains risquant de contaminer leurs patients bien involontairement.

« Même s’il faut garder en tête que le vaccin ne protège que partiellement de la grippe », nuance William Dab. En effet, l’efficacité du vaccin avoisine en général le 70-75 %, mais peut varier d’une année à l’autre. Il n’empêche, certains souhaitent que dans ce contexte de pandémie inédite, les pharmaciens puissent vacciner toute la population,​ et non seulement les plus de 65 ans et malades chroniques.

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