Avec l’arrivée des beaux jours, les Français se retrouvent en extérieur, nombreux. Dans les villes fluviales, les quais, lieux de rassemblements, sont pointés du doigt comme des clusters en puissance. Réalité ou mythe ?
Alors que la police a évacué les quais de Seine à Paris dimanche, que ceux de la Garonne à Toulouse sont désormais fermés, que ceux de Bordeaux sont noirs de monde chaque week-end appelant chacun à se diviser sur le sujet dès le lundi matin, que sait-on réellement des contaminations au coronavirus en extérieur ?
« Comme je ne peux pas vous démontrer scientifiquement qu’il y a une vie sur Mars, je ne peux pas vous démontrer le taux de contamination au Covid-19 en extérieur », résume le professeur Philippe Amouyel, chef du service de santé publique, épidémiologie, économie de la santé et prévention au CHU de Lille. L’étudier a priori serait très contraignant, il faudrait une base suffisante de volontaires suivis à la trace durant au moins quatre semaines, etc. Alors que disent les études a posteriori ?
Tous dehors ?
Une a fait référence sur le sujet en octobre dernier. Elle a été menée par l’université Canterbury Christ Church. Sur les 25 000 cas de Covid-19 étudiés, seuls 6 % d’entre eux étaient liés à des environnements comportant une composante extérieure comme des événements sportifs ou des concerts. « Nous n’avons quasiment pas trouvé de cas dans des circonstances extérieures du quotidien », notait l’un des auteurs de l’étude, le Pr Mike Weed.
Si l’on part du postulat que le virus se transmet par le biais de gouttelettes émises par une personne infectée, la société montpelliéraine Predict services, spécialisée dans la gestion de risques, a démontré pourquoi la météo a son importance. “Les températures et l’humidité influent beaucoup, synthétise Alix Roumagnac, son président. Par des températures de 8/10°C, le virus résiste mieux sur les aérosols et reste donc en suspension. Même si vous passez à un mètre d’un malade quelques secondes après, vous pouvez traverser un brouillard de gouttelettes infectées.” Ce qui est démontré c’est que “le vent joue un rôle de dispersion, les précipitations lave l’atmosphère et les UV ne sont pas favorables à la durée de vie du virus en suspension.”
L’alcool, “Un désinhibant qui fait tomber les mesures barrières…”
Alors tous dehors avec le beau temps ? « Il s’agit d’abord d’une question de bon sens, estime le professeur Philippe Amouyel. Si vous êtes plusieurs centaines agglutinées sur des quais sans aucune mesure barrière ou seul à marcher à marée basse sur une grande plage, ça n’a pas les mêmes conséquences. Un des éléments de lutte contre la propagation de l’épidémie qui est intéressant, c’est la limitation de la consommation d’alcool en extérieur. Car c’est un désinhibant qui fait tomber les mesures barrières… » Des propos appuyés par Alix Roumagnac : “Notre métier permet aux citoyens d’être acteur de sa propre sécurité. Le climat peut rendre plus propice la contagiosité mais il ne l’explique pas seul. Pour qu’il y ait contagion, il faut qu’il y ait quelqu’un de malade et du monde autour. Dans cette pandémie, le principal facteur, c’est l’homme.”
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Covid-19 et rassemblements : que sait-on des contaminations en extérieur ? - Sud Ouest"
Post a Comment