L'institut Pasteur a récemment démontré l'efficacité de cette molécule chez des hamsters dorés pour protéger des symptômes du Covid-19. Pour l'heure, l'OMS la déconseille toutefois pour l'homme.
L'hydroxychloroquine, le remdesivir, le lopinavir/ritovanir… et maintenant l'ivermectine ? Depuis le début de la pandémie, plusieurs traitements ont été promus par différents scientifiques pour lutter contre le Covid-19. Un à un, ils ont été écartés par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), faute de résultats probants ou d'études suffisantes. Lundi 12 juillet, la revue scientifique EMBO Molecular Medicine a publié les résultats de nouvelles expériences concernant l'ivermectine, achevées le 22 novembre dernier. Selon cette étude, la molécule commercialisée comme traitement antiparasitaire protège des symptômes du coronavirus dans un modèle animal.
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Les chercheurs ont prouvé que l'ivermectine était efficace sur des hamsters dorés. Ils ont divisé les cobayes en deux groupes de 18 (12 mâles et 6 femelles), ont administré le traitement au premier et une solution saline au second. Résultat : 66,7% des hamsters qui n'ont pas bénéficié du remède ont vu leur odorat altéré, contre 22,2% des hamsters traités.
«Les résultats de l'étude suggèrent que l'ivermectine pourrait être considéré comme un agent thérapeutique contre le Covid-19», résume l'Institut Pasteur dans un communiqué. Ce traitement agit ainsi «sur la modulation de la réponse immunitaire sur les animaux infectés par le SARS-CoV-2 et permet ainsi de diminuer l'inflammation au niveau des voies respiratoires». Conséquence : l'apparition des symptômes se réduit, comme le risque de perte d'odorat. Néanmoins, l'ivermectine ne permet pas de réduire «la réplication virale» du coronavirus.
Les «antivax» montent au front
Il n'en fallait pas plus pour que les anti-vaccins montent au créneau. Le patron des Patriotes et candidat à la présidentielle de 2022, Florian Philippot, qui ne cesse, depuis le début de la crise sanitaire d'appeler à la fin immédiate des restrictions, s'est rapidement emparé du sujet. Sur Twitter, l'ancien membre du Front national a comparé les courbes de contamination à Malte, où 70% de citoyens sont double-vaccinés, et en Slovaquie, «qui utilise l'ivermectine», en relevant que le nombre de nouveaux cas remontait beaucoup plus significativement sur l'île. Lors de la sortie de l'étude, il avait également exhorté la France à «s'intéresser» à ce traitement plutôt que de miser sur le «pass de la honte».
Sur le même réseau social, le sénateur LR de la Côte-d'Or s'est également félicité que l'Institut Pasteur mette en avant les «effets bénéfiques» de l'ivermectine sur les formes graves du Covid-19, «ces mêmes effets qui sont le prétexte à la vaccination obligatoire».
Le président de l'UPR et candidat à la présidentielle, François Asselineau, va même jusqu'à accuser le gouvernement d'avoir «orchestré» le «blocage» de ce traitement et sommer Emmanuel Macron de «s'expliquer». Quant à Nicolas Dupont-Aignan, il reproche à «nos dirigeants» d'avoir été «détourné du bon sens» par «l'obsession vaccinale».
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Un traitement déconseillé par l'OMS
Mais la sphère «antivax» oublie sans doute un peu vite un élément essentiel : l'ivermectine avait, à l'époque de l'étude, été testée uniquement sur des animaux de laboratoire. Or, depuis la pré-publication de cette étude, le 22 novembre 2020, près de huit mois avant la publication officielle (les délais de publication sont souvent très longs), beaucoup de chemin a été parcouru. «En réponse à l'attention croissante que suscitait à l'échelle internationale le recours à l'ivermectine comme traitement potentiel», l'OMS a ainsi chargé un groupe d'experts international indépendant de tester le traitement lors de 16 essais contrôlés randomisés, portant sur 2407 patients ambulatoires ou hospitalisés atteints du Covid-19. Et les résultats se sont avérés peu concluants, puisque les chercheurs ont «conclu que les données selon lesquelles l'ivermectine permettrait de réduire la mortalité, la nécessité d'un recours à la ventilation mécanique, la nécessité d'une hospitalisation et la durée avant une amélioration clinique chez les patients Covid-19 étaient "très peu fiables", en raison de la petite taille des essais et des limites méthodologiques des données d'essai disponibles, notamment du faible nombre d'effets indésirables».
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Le 31 mars dernier, l'Organisation Mondiale de la Santé a donc estimé dans un communiqué que «les données actuelles sur l'utilisation de l'ivermectine pour traiter les patients atteints de Covid-19 ne sont pas probantes», et déconseillé son usage en dehors des essais cliniques, «en attendant que davantage de données soient disponibles».
Une réelle source d'espoir ?
De son côté, le principal auteur de l'étude de l'Institut Pasteur, Guilherme Dias de Melo voit néanmoins dans l'ivermectine un signe d'espoir : «Notre étude apporte des données précliniques qui démontrent scientifiquement une action protectrice de l'ivermectine pendant l'infection par le SARS-CoV-2 dans un modèle animal. Ces données sont essentielles pour appuyer les essais cliniques chez l'homme». «Ces travaux ouvrent la voie à des axes de développement pour de meilleurs traitements contre le Covid-19 chez l'homme», abonde Hervé Bourhy, un autre auteur de l'étude.
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Malgré le peu de données disponibles, quelques pays ont déjà adopté l'ivermectine. C'est notamment le cas de la Bolivie, où les agents de santé ont distribué quelque 350.000 doses aux habitants du nord du pays, constatait la revue Nature en octobre 2020. En Inde, si le gouvernement ne recommande pas le traitement, certains États l'utilisent déjà de manière préventive, selon les informations de Libération . Enfin, les Indonésiens s'arrachent également le médicament qui est, là-bas, largement plébiscité par des hommes politiques et des influenceurs, selon Capital .
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