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Les microbestioles au croisement de l'art, de la société et de la science - Le Monde

« Decorative Dangerous Disease » de  Hervé Di Rosa.

L’Exposition. Une exposition minuscule pour des animalcules, si l’on reprend le nom que jadis on donnait aux bestioles microscopiques. C’est ce que propose, à Paris, le Musée du quai Branly-Jacques Chirac, avec « Micro mondes ». Plutôt que d’une exposition, son commissaire, Frédéric Keck, directeur de recherche CNRS au Laboratoire d’anthropologie sociale, préfère parler d’« une expérimentation, qui croise l’histoire de la microbiologie avec l’anthropologie et l’art contemporain ». En arrivant dans l’espace, modeste, qui lui est consacré, le visiteur est ainsi confronté d’emblée à une toile d’Hervé Di Rosa où des microbes bouillonnants et chamarrés nous scrutent avec de grands yeux, mais aussi à un piège à termites venu de Chine et au microscope de Louis Pasteur…

Quelles réactions ont les différentes cultures du monde face aux tout petits êtres proliférants qui nous infestent, micro-organismes ou insectes ? En ces temps de pandémie, la crainte semble la réponse la plus évidente. La première photo en microscopie électronique du virus Ebola, d’anciennes pages de journaux sur l’épidémie de sida au mitan des années 1980, les premières représentations du VIH (à rapprocher, aujourd’hui, de celles du SARS-CoV-2…) suggèrent néanmoins qu’en devenant image l’invisible agent pathogène devient plus familier, moins effrayant. Des sculptures en verre soufflé, réalisées par l’artiste britannique Luke Jerram et représentant les virus de la grippe, du SRAS ou de la grippe aviaire, rassurent presque par leur élégance translucide.

Contrôle du microscopique par les humains

Mais les humains ont aussi capturé, contrôlé le microscopique, voire l’ont détourné à leur profit. Voici des boîtes à grillons d’Indonésie ou de Chine, dont les occupants étaient conservés pour qu’on les entende chanter. Voilà des objets utilisés pour la fermentation de la bière, qui rappellent qu’alcools, yaourts, fromages et pains levés n’existent pas sans la collaboration de micro-organismes. Mais le plus étrange est cette petite natte confectionnée par le peuple Wayana (Guyane) dans le tissu de laquelle des fourmis urticantes vivantes étaient prises. Lors de cérémonies, on en couvrait la poitrine d’adolescents qui, sous l’effet du venin, pouvaient avoir des hallucinations voire s’évanouir, l’insecte servant ici d’agent d’initiation.

La – courte – visite s’achève sur un étonnant « Requiem pour xylophages », un enregistrement où l’on entend trois espèces d’insectes mangeurs de bois en train de se nourrir : la larve de capricorne des maisons mastique, le termite de Saintonge grésille et la grosse vrillette cogne sa tête. Pourquoi finir cette « expérimentation » muséographique ainsi ? Parce que ces xylophages figurent parmi les plus grands ennemis d’un musée plein d’œuvres en bois, tel que celui du Quai Branly. Et Frédéric Keck de rappeler qu’à une époque étaient contaminés des instruments de musique exposés… près du vestiaire du musée. Les visiteurs humains constituaient les vecteurs de l’infestation.

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