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"On est loin du compte": je me suis fait vacciner contre la variole du singe à Nice, comment ça marche? - Nice matin

Lorsque la variole du singe, virus habituellement cantonné aux forêts d'Afrique tropicale, a vu son caractère endémique dépassé pour venir contaminer des êtres humains dans le monde entier à partir du mois de mai (après des poussées symptomatiques en 2003 aux Etats-Unis et en 2017 au Nigeria), elle a réveillé deux démons: celui d'une crise de la Covid à peine maîtrisée... et celui du Sida dans les années 80.

Une première prévalence, statistiquement prouvée, chez les "hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes" (HSH, le terme valise utilisé dans le milieu médical) a en effet suffi à créer une double psychose, assortie à la culpabilité et à une possible stigmatisation. Les hommes gays, habitués à suivre leur santé de près depuis l'avènement du VIH, ont alors rapidement demandé la possibilité de se faire vacciner, notamment dans les Alpes-Maritimes. En vain...

En France, jusqu'au 18 juillet, seule la région Île-de-France offrait plusieurs options de rendez-vous.

À cette date, soit deux mois et demi après le début de la recrudescence de cas, le CHU de Nice a inauguré la campagne dans le 06, à l'hôpital L'Archet... jusqu'à l'ouverture à la vaccination du Centre gratuit d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) de la ville, au 8 avenue Baquis, le 26 juillet.

Les premiers créneaux ont été pris d'assaut.

Doses limitées, ressources humaines en moins durant la période estivale, touristes demandeurs de doses en plus... la communauté LGBT+ craignait déjà la pénurie. De fait, les 500 premières doses disponibles à Nice ont toutes été réservées en quelques heures: impossible, jusqu'au 22 juillet, d'obtenir le moindre rendez-vous sur Doctolib dans les Alpes-Maritimes. Il a fallu rafraîchir le site pendant plus de trois jours pour voir apparaître une date et un lieu.

 "Il faudra rappeler en milieu de semaine, nous allons recevoir des doses", s'entendait-on répondre par l'opérateur du CeGIDD, le lundi 18. Qu'est-ce qui coinçait alors?

Le vaccin contre la variole du singe (photo d'illustration). Photo AFP.

Une maladie qui peut toucher tout le monde

Il faut d'abord rappeler que, pour le moment, seuls "les hommes multipartenaires ayant des relations sexuelles avec des hommes, les personnes transgenres multipartenaires, les travailleuses et travailleurs du sexe et les personnes travaillant dans des lieux de consommation sexuelle" sont ciblés par ce début de campagne, après un avis de la Haute autorité de santé (HAS) du 7 juillet. Un homme hétérosexuel voulant à tout prix se faire vacciner contre la variole du singe devrait, au 1er août en France, mentir sur ses pratiques sexuelles pour obtenir une piqûre.

"On suit l'avis des scientifiques en se cantonnant à ce public cible", précise Isabelle Buchet, directrice adjointe santé dans les Alpes-Maritimes, présente lors de la visite officielle du CeGIDD, ce lundi 1er août (en présence d'Eric Ciotti, président de la commission des finances du conseil départemental).

Des publics prioritaires voués à évoluer, de par la nature imprévisible de toute pandémie. La psychologue de formation compare alors ces tâtonnements à ceux autour du port du masque, en mars 2020, qui ont laissé les pouvoirs publics en eaux troubles, générant une perte de confiance de l'opinion. "On avançait avec les informations contradictoires qu'on nous donnait."

"La ligne est fine entre faire de la prévention pour un public très ciblé et stigmatiser une partie de la population."

En plus des errances de la Covid-19, on marche cette fois sur des œufs pour ne pas reproduire les erreurs des années Sida. "La ligne est fine entre faire de la prévention pour un public très ciblé et se retrouver à stigmatiser une partie de la population", avoue-t-elle. 

Le but? Éviter, surtout, que les Français associent la variole du singe à un "cancer gay", qui ne concernerait qu'une infime partie de la population. Et ce, sans faire preuve d'angélisme face aux réalités épidémiologiques. Il a fallu que l'OMS déclenche, le 23 juillet, son plus haut niveau d'alerte, pour que la "population générale" prenne conscience que ce virus ne s'arrêterait pas aux frontières de la sexualité homo.

Rappelons à ce titre qu'elle n'est pas, à proprement parler, une "infection sexuellement transmissible" (IST) et qu'elle se propage "par n'importe quel contact physique proche", selon le New England Journal of Medicine. Une réalité statistique situe simplement l'explosion de sa transmission (95% des cas) chez les hommes gays et bisexuels ayant eu plusieurs partenaires au cours de l'année 2022. Piste possible: un tout premier "cluster homo" à la Gay Pride de Maspalomas, aux Canaries, où 250.000 Européens se sont réunis pour faire la fête début mai.

Plus le temps passe, plus ce pourcentage sera caduc. De récentes infections chez des femmes et des enfants le prouvent déjà. Il faut donc agir vite.

Une seule dose pour les hommes nés avant 1974

Une fois le moment du rendez-vous arrivé, on remplit ainsi un questionnaire, sur une base déclarative; un professionnel de santé vous explique les (rares) effets secondaires, et tout va très vite. On tend l'épaule gauche, injection, pansement, quinze minutes d'attente, un deuxième rendez-vous 28 jours plus tard, et c'est fini, nous voilà sorti... Deux semaines supplémentaires seront nécessaires pour que le vaccin soit efficace. Pour qui a vécu les années Covid (c'est-à-dire tout le pays), rien de bien nouveau.

Les personnes nées avant 1974 et ayant reçu une dose de vaccin antivariolique de "première génération" étant enfant ne se voient administrer qu'une deuxième dose.

Le principal problème, paradoxal, est que l'on pensait la variole éradiquée pour toujours, notamment en Europe et en Amérique du Nord. Si, malgré quelques ratés, remettre la machine de la prévention en marche, après deux ans de Covid, était presque chose aisée, fabriquer des vaccins s'avère plus ardu. Le seul laboratoire actuellement capable de produire des doses (Bavaric Nordic, au Danemark), voit arriver depuis début juin des millions de commandes, venues du monde entier.

Seulement 600 personnes vaccinées dans le 06

C'est l'Agence régionale de santé (ARS) qui estime chaque semaine le nombre de doses nécessaires pour chaque hôpital et chaque centre de santé dans les Alpes-Maritimes. Ces derniers vont les récupérer en pharmacie.... dans la limite des stocks disponibles. Un équilibre difficile à trouver en pleine saison estivale, lorsque des touristes se mélangent à la population locale en réclamant des rendez-vous.

"On est loin du compte", constate le Dr Pascal Pugliese, médecin au CHU de Nice et président de la Société française de lutte contre le Sida, au sujet des 600 personnes vaccinées dans les Alpes-Maritimes à ce jour, sur un objectif de 4.000 hommes ciblés dans le département (à un nouveau rythme de 200 par semaine). En France, 250.000 personnes sont actuellement considérées à risque.

Bien que la prise de rendez-vous se soit fluidifiée avec la multiplication des établissements de santé à même de vacciner dans les Alpes-Maritimes (lire ci-dessous), on reste à flux tendu.

Au lundi 1er août à 13h, s'il y avait plusieurs créneaux libres pour le 19 août au CHU de Nice, une seule dose était disponible pour le mercredi 3 août, à Grasse.

Il reste donc encore des listes d'attente, que l'ARS promet de maîtriser: "On fait en sorte qu'elles ne soient pas trop longues, et que ces attentes se résolvent au fur et à mesure, en appelant les patients plutôt que d'ouvrir de nouveaux créneaux quand on n'a pas encore les doses", résume cette responsable de l'ARS. "On met en relation les besoins et les dotations", promet-elle.

Le fait est que le casse-tête de la deuxième dose est déjà dans toutes les têtes. Dans notre cas, le second rendez-vous nous a été donné directement par le docteur responsable de la première injection, sans passer par Doctolib.

Rendez-vous le 26 août.

Où se faire vacciner contre la variole du singe dans les Alpes-Maritimes?

Nice

- Au CeGIDD de Nice, 8 avenue Baquis. Sur Doctolib ou au 04 89 04 55 60. Le CeGIDD vient d'ailleurs de recevoir une labélisation par l'ARS Paca.

- Au centre de vaccination municipal, rue Saint François de Paule/rue Max Gallo. Sur Doctolib ou au 04 97 13 56 00.

- Au CHU de Nice. Sur Doctolib.

Cannes

- A l'hôpital de Cannes-Simone Veil. Sur Doctolib, au 04 93 69 71 79, ou par mail à secretariat.infectio@ch-cannes.fr

Grasse

- Au centre hospitalier de Grasse: prise de rendez-vous sur Doctolib.

Antibes

- Antenne d'Antibes du CeGIDD, à partir du mardi 2 août. Sur Doctolib.

Menton

- Antenne du CeGIDD à Menton, à partir du lundi 8 août. Sur Doctolib.

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