Search

Bronchiolite : Les kinésithérapeutes, un relais dans la prise en charge médicale des nourrissons ? - 20 Minutes

Un retour virulent. Mise en sommeil à l’hiver 2020-2021 par la pandémie de Covid-19 et des gestes barrières scrupuleusement observés, la bronchiolite est cette année à l’origine d’un record d’hospitalisations. Santé publique France relève ainsi dans son dernier bulletin des « passages aux urgences et hospitalisations pour bronchiolite très élevés et à des niveaux supérieurs à ceux observés aux pics épidémiques depuis plus de dix ans ».

Conséquence directe : l’épidémie précoce - « encore en vague ascensionnelle », a rappelé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran - encombre des services d’urgences pédiatriques déjà à bout de souffle et remplit un peu plus les salles d’attente des cabinets de pédiatrie. Pour limiter cet engorgement, le Conseil National de l’Ordre des Masseurs Kinésithérapeutes et le Collège de la Masso Kinésithérapie ont indiqué être « toujours mobilisés », rappelant leur « rôle primordial dans la prise en charge en ville des jeunes patients ». Et ce, alors même que le recours à la kinésithérapie respiratoire n’est plus recommandé pour cette maladie infantile.

La kiné respiratoire, une prescription pas automatique

Courante et très contagieuse, la bronchiolite, causée le plus souvent par le virus respiratoire syncytial (VRS), provoque chez les bébés une toux et une respiration difficile, rapide et sifflante. Angoissante pour les parents, elle est pourtant la plupart du temps bénigne. Seuls les cas les plus graves peuvent nécessiter un passage aux urgences, voire une hospitalisation.

Etape intermédiaire jusqu’à ces dernières années : nombre de parents se voyaient remettre une ordonnance de kinésithérapie respiratoire, pour des séances de désencombrement. Des manipulations souvent impressionnantes, censées aider le bébé à mieux respirer en évacuant ses sécrétions. Mais depuis un avis rendu en novembre 2019, la Haute autorité de santé (HAS) ne recommande plus cette technique, estimant que son efficacité n’a pas été démontrée.

« La kinésithérapie de désencombrement telle qu’elle a été largement prescrite par les médecins généralistes à une époque ne se fait plus depuis un moment, confirme le Dr Sylvie Hubinois, pédiatre et présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA). Sur le plan médical, dans la majorité des cas banals de bronchiolite, elle n’est pas nécessaire : quand les nourrissons ont une respiration sifflante, cela ne sert à rien parce qu’ils ne sont pas encombrés, et quand ils sont encombrés, l’efficacité est très relative puisque très rapidement, ils sécrètent de nouveau, explique la pédiatre. De plus, il s’agissait de séances assez désagréables pour les enfants ».

Assurer « un suivi en ambulatoire » pour « désengorger des urgences pédiatriques »

« L’avis de la HAS est technique, il dit que le désencombrement n’est pas nécessaire chez les enfants de moins d’un an en cas de bronchiolite, ce qui est vrai dans la plupart des cas, indique à 20 Minutes Yvan Tourjansky, président de l’Union régionale des kinésithérapeutes libéraux d’Ile de France. Mais nos compétences vont bien au-delà de la kiné de désencombrement. Nos capacités de diagnostic, d’auscultation, de gestion des enfants avec problèmes respiratoires nous permettent d’assurer leur prise en charge et d’éviter des passages aux urgences pas nécessaires ».

Ainsi, puisque « la situation épidémique et les tensions hospitalières ne font qu’accentuer les difficultés [pesant sur les services de pédiatrie], le maillage territorial des kinésithérapeutes permet de répondre présent et d’assurer un suivi en ambulatoire de ces affections respiratoires, assurent le Conseil National de l’Ordre des Masseurs Kinésithérapeutes et le Collège de la Masso Kinésithérapie. Il ne s’agit pas de prescrire de la kinésithérapie mais un ou une kinésithérapeute qui sera présent(e) pour rassurer et informer les parents, apprendre les techniques de désencombrement des voies aériennes supérieures et, surveiller l’état de santé de ces nourrissons ».

Aujourd’hui, « dans les Hauts-de-Seine, les services d’urgences nous disent que 60 % des enfants qui y sont ne devraient pas se retrouver aux urgences. Nombre de parents y emmènent leurs enfants faute d’avoir pu obtenir une consultation rapide avec leur pédiatre ou médecin traitant, poursuit Yvan Tourjansky. C’est regrettable pour les familles qui n’auraient pas dû aller aux urgences, et pour celles dont les enfants ont réellement besoin d’être hospitalisés mais subissent une attente plus longue de ce fait ».

« Un relais » dans la surveillance des enfants

Dans ce contexte, « nous sommes un relais, assure le kinésithérapeute. Nous avons déjà été sollicités pour assurer ce relais par le passé, aussi bien pour prendre en charge les enfants et rassurer les parents que pour faire le tampon entre la médecine de ville et les urgences hospitalières. Nous sommes en capacité d’expliquer aux parents tous les gestes de prévention, mais surtout d’assurer la surveillance, puisque l’état d’un enfant qui a une bronchiolite peut évoluer très rapidement ».

« C’est vrai, les kinésithérapeutes savent mesurer la saturation, prendre une fréquence respiratoire et apprécier l’importance de la détresse respiratoire d’un enfant, confirme le Dr Hubinois. Ils savent également montrer aux parents comment faire le lavage de nez chez le bébé pour éviter que le nez soit encombré, puisque c’est ce qu’il y a de plus efficace à faire en cas de bronchiolite. Je ne parle qu’en mon nom, mais à ce titre, on pourrait envisager un protocole de collaboration pédiatres-kinés pour la surveillance des enfants. Mais, évidemment, seulement avec des kinésithérapeutes qui ont l’habitude de recevoir des bébés ».

En revanche, « le passage chez le kinésithérapeute ne saurait remplacer le passage chez le médecin. Si la plupart des cas de bronchiolite sont bénins, en cas de fièvre, de troubles digestifs ou ORL, le médecin doit faire un examen clinique complet », ajoute la pédiatre.

Adblock test (Why?)

https://news.google.com/__i/rss/rd/articles/CBMid2h0dHBzOi8vd3d3LjIwbWludXRlcy5mci9zYW50ZS80MDEwMTA2LTIwMjIxMTE2LWJyb25jaGlvbGl0ZS1raW5lc2l0aGVyYXBldXRlcy1yZWxhaXMtcHJpc2UtY2hhcmdlLW1lZGljYWxlLW5vdXJyaXNzb25z0gEA?oc=5

Bagikan Berita Ini

0 Response to "Bronchiolite : Les kinésithérapeutes, un relais dans la prise en charge médicale des nourrissons ? - 20 Minutes"

Post a Comment

Powered by Blogger.