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Grippe : les chiffres qui montrent la précocité de l'épidémie cette saison - Le Monde

Au CHU de Strasbourg, la triple épidémie de grippe, de Covid-19 et de bronchiolite saturait toute la chaîne de soins d’urgence, le 29 décembre 2022.

Tandis que le coronavirus circule moins et que l’épidémie de bronchiolite s’amoindrit, en restant à un niveau élevé, la propagation de la grippe s’accélère partout en France à la fin de l’année 2022. Le ministre de la santé, François Braun, a évoqué, mercredi 28 décembre, « une semaine de tous les dangers ». « Il y a une explosion des cas [de grippe], avec également des cas graves, qui font que les services de réanimation d’une façon globale sont saturés », a affirmé l’ancien urgentiste. Les hospitalisations pour syndrome grippal ont en effet augmenté de 75 %, a précisé Santé publique France (SPF) dans son dernier bulletin épidémiologique.

Plusieurs indicateurs montrent la précocité de la grippe de cette saison. Selon les données du réseau Sentinelles, qui regroupe plus de 1 300 médecins généralistes libéraux, le taux de consultations pour syndrome grippal était estimé à 460 pour 100 000 habitants pour l’avant-dernière semaine de 2022. Ce chiffre est très élevé à cette période de l’année, comparé à ceux des dix dernières années, où le pic de l’épidémie est généralement survenu entre février et mars.

La proportion de syndromes grippaux parmi les consultations de SOS-Médecins renseigne aussi sur l’ampleur de l’épidémie. Depuis huit semaines d’affilée, ces consultations sont en augmentation et sont plus précoces que les années précédentes.

La part d’hospitalisations pour grippe au plus haut depuis 2010

Les données hospitalières montrent aussi la prise de vitesse de l’épidémie. Dans toutes les classes d’âge, le nombre de passages aux urgences pour grippe a continué d’augmenter (+ 52 % par rapport à la semaine 50), tout comme le nombre d’hospitalisations après passage aux urgences pour grippe (+ 75 % en une semaine).

Les autorités sanitaires notent que, la semaine du 19 décembre, la part des hospitalisations pour grippe ou syndrome grippal atteignait 41,2 pour 1 000 hospitalisations toutes causes confondues, soit la « valeur la plus élevée observée pour cet indicateur au cours de la période 2010-2023 » sur la même semaine de l’année.

Depuis le 3 octobre, au moins 193 cas graves de grippe ont été admis en réanimation, dont 142 depuis le 5 décembre. Parmi eux, on retrouve principalement des seniors (80 avaient 65 ans ou plus), mais aussi des plus jeunes : 16 avaient entre 0 et 4 ans, 16 entre 5 et 14 ans et 79 entre 15 et 64 ans, selon le bulletin hebdomadaire de SPF, qui précise que ces données se basent sur une quarantaine de services de réanimation et ne sont pas exhaustives.

Un taux de positivité en hausse

Comme le nuance SPF, certains indicateurs pris en compte dans la surveillance de la grippe se basent sur les symptômes des malades, ce qui tend à biaiser les données en période de pandémie de Covid-19. « Il est donc probable qu’une partie des cas de syndromes grippaux rapportés par notre surveillance de la grippe soit due au Covid-19 et non à la grippe », précise l’organisme.

« C’est toute l’ambiguïté de l’expression “syndrome grippal”, qui peut concerner plusieurs maladies, commente Vincent Enouf, responsable adjoint du Centre national de référence des virus des infections respiratoires à l’Institut Pasteur. Il faut donc regarder du côté des tests, dont le taux de positivité pour grippe a augmenté ces dernières semaines. » En médecine de ville, le réseau Sentinelles faisait état d’un taux de positivité de 65,3 % en semaine 51, contre 56 % la semaine précédente. En milieu hospitalier, le taux de positivité était de 20,1 %, contre 13,9 % deux semaines plus tôt.

« Nous sommes face à l’épidémie de grippe la plus précoce depuis au moins dix ans, remarque Sibylle Bernard-Stoecklin, épidémiologiste à la direction des maladies infectieuses de SPF. Elle est survenue deux semaines plus tôt qu’en 2017-2018, qui était déjà l’une des plus précoces. » Cette spécificité s’observe ailleurs en Europe, en Amérique du Nord mais aussi en Australie et en Nouvelle-Zélande cet été, alors que l’épidémie de la saison dernière était à l’inverse très tardive – elle avait débuté en mars. L’épidémiologiste précise toutefois que « la période de l’année à laquelle survient une épidémie de grippe n’est pas forcément corrélée à sa sévérité ».

Difficile de prédire le pic ou la durée de l’épidémie

Ce constat, Vincent Enouf le partage : « Ce qui nous dira si c’est une épidémie d’ampleur, c’est le virus majoritaire. » En France métropolitaine, le sous-type A (H3N2) reste le plus présent, bien qu’une augmentation de la détection des virus de type B (Victoria) soit observée depuis plusieurs semaines. « Le A (H3N2) est un virus qui évolue plus vite que les autres, s’adapte mieux et a une plus grande capacité à échapper au vaccin, explique le chercheur de l’Institut Pasteur. Quand on regarde dans le passé, les épidémies où le A (H3N2) était majoritaire ont été plus fortes, plus virulentes et ont fait plus de morts, surtout parmi les personnes à risques, comme pour le [coronavirus] SARS-CoV-2. »

« Ce n’est cependant pas parce que le virus A (H3N2) est majoritaire en début d’épidémie qu’il va le rester tout au long de la saison, spécifie Sibylle Bernard-Stoecklin. C’est notamment pour cela qu’il reste très difficile de prédire le pic de l’épidémie ni combien de temps elle va durer : il peut y avoir un rebond porté par un autre virus. »

La grippe provoquant entre 10 000 et 15 000 morts chaque année, selon l’Institut Pasteur, les autorités sanitaires pointent l’« urgence » à se faire vacciner pour les personnes à risque et rappellent l’importance des gestes barrières, surtout lors des fêtes de fin d’année. En 2021-2022, seuls 56,8 % des plus de 65 ans étaient vaccinés contre la grippe. Pour cette saison, les chiffres ne sont pas encore connus.

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