Impatiences, tensions dans les jambes, insomnies… Derrière ces symptômes répandus peut se cacher le syndrome des jambes sans repos. Une maladie qui se soigne facilement, mais qui reste largement sous-diagnostiquée.
Vous avez parfois un sentiment de pression, d’inconfort dans les jambes, en particulier au niveau du mollet ? Cela vous oblige à bouger vos membres, voire à vous lever ? Peut-être souffrez-vous du syndrome des jambes sans repos, comme 7 à 10 % de la population.
« C’est une sensation que les gens ont souvent du mal à définir, qui peut être douloureuse mais pas forcément. Cela survient en situation de repos, en général en deuxième partie de journée, expliquait à l’édition du soir, en 2021, le Dr Philippe Mhu, neurologue à Lorient (Morbihan), qui a souvent affaire chez ses patients à cette pathologie, aussi appelée maladie de Willis-Ekbom. Dans 90 % des cas, ça peut être associé à des mouvements de jambes dans le sommeil, sans que l’individu ne s’en rende compte. C’est plus souvent son conjoint qui va être gêné. »
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Tout le monde ou presque va ressentir des « impatiences » au cours de sa vie, sans que cela ne soit un problème. Mais c’est lorsque ces sensations sont chroniques qu’il convient de s’interroger. « En Europe, on considère que les formes sévères, posant problème plus de deux jours par semaine, touchent 2 % de la population. Parmi ces personnes, certaines vont vraiment voir leur qualité de vie et leur sommeil impactés », souligne le Dr Mhu.
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La dopamine serait en cause
Les causes à l’origine de ce syndrome si répandu sont encore difficilement déterminées. Les médecins soupçonnent que, dans la majorité des cas, il viendrait d’une mauvaise utilisation de la dopamine, un neurotransmetteur qui permet de transmettre l’information dans le cerveau. La quantité de dopamine ne serait pas en cause, mais plutôt une défaillance au niveau de l’utilisation de ses récepteurs.
Dans d’autres cas, le trouble pourrait être causé par une carence en fer, une insuffisance rénale, une grossesse, une neuropathie ou encore par certains médicaments, en particulier les antidépresseurs.
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Des traitements très efficaces
Dans les cas les moins sévères, une attention portée à son hygiène de vie peut faire partir les symptômes. Pour les patients dont le syndrome serait causé par la dopamine, il existe depuis une vingtaine d’années des traitements d’une efficacité redoutable : les agonistes dopaminergiques.
« Ils ont fondamentalement changé la prise en charge et amélioré la qualité de vie des patients. Des personnes qui ont souffert pendant deux ou trois ans vont se sentir mieux en une semaine », précise le neurologue.
Avec cependant une limite : chez 10 à 15 % des patients, ces médicaments pourraient causer des comportements addictifs. C’est pourquoi la prescription doit passer par un neurologue après que le patient y a été adressé par son médecin généraliste. « Les agonistes dopaminergiques n’ont démontré d’intérêt clinique que dans les formes très sévères de SJSR », nuance toutefois la Haute autorité de santé.
Très répandu, ce trouble est pourtant encore sous-diagnostiqué, regrette le Dr Philippe Mhu. « Le problème est souvent négligé par les médecins, qui se disent : “Ce sont juste des impatiences…” Il n’est pas très bien connu, alors certaines personnes restent avec ces symptômes et sont traitées pour des insuffisances veineuses à la place. »
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