L’institut Pasteur tire la sonnette d’alarme sur le retour des méningites à méningocoques. Cette infection potentiellement mortelle des enveloppes du cerveau et de la moelle épinière connaît un « rebond sans précédent » en France.
Une tendance observée depuis l’arrêt des mesures sanitaires mises en place pour le Covid-19, explique la fondation dans une longue étude publiée mardi 14 novembre 2023.
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Un appel à élargir le vaccin aux adolescents
Après avoir étudié la base de données du centre national de référence des méningocoques – qui répertorie tous les cas de méningite à méningocoques en France depuis 1980 –, l’institut Pasteur appelle à élargir le vaccin aux adolescents, particulièrement touchés.
La méningite à méningocoques a connu un rebond sans précédent à l’automne 2022, avec aujourd’hui, à l’automne 2023, un nombre de cas supérieur à la période qui a précédé la pandémie de Covid-19.
Alors que 298 cas avaient été enregistrés entre janvier et septembre 2019, 421 cas ont déjà été répertoriés entre janvier et septembre 2023. Soit une augmentation de 36 % des cas, « alors même que le pic hivernal n’a pas encore eu lieu », s’inquiète l’institut.
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Une diminution de l’immunité générale et de la vaccination
À cela, deux explications principales : tout d’abord, une diminution de l’immunité générale suite à la diminution de la circulation des souches, pointent les scientifiques.
Ensuite, la baisse de la vaccination. Celle-ci a chuté de 20 % pour la vaccination contre le méningocoque C lors du premier confinement par exemple.
« La population est redevenue naïve face à des bactéries en constante évolution, leur génome étant particulièrement variable », analysent les chercheurs.
Les méningocoques des groupes W et Y sont apparus beaucoup plus nombreux que les autres après la pandémie (…) Si le vaccin tétravalent ciblant les méningocoques de groupes A, C, Y et W était recommandé auprès des adolescents, cela permettrait de les protéger directement mais aussi de protéger indirectement les autres catégories de la population.
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La grippe favorise cette recrudescence
Si les nouveaux cas déclarés sont majoritairement liés à des groupes de méningocoques qui étaient moins fréquents avant la pandémie, ils concernent désormais davantage les 16-24 ans, insistent-ils.
Cette recrudescence de la méningite pourrait bien, de plus, s’amplifier dans les mois à venir avec l’épidémie de grippe saisonnière. « Le virus de la grippe crée un contexte favorable au développement des bactéries méningocoques », met en garde l’institut Pasteur à la veille des Jeux olympiques de Paris, notamment.
Et tous les grands rassemblements sont aussi propices aux contaminations de manière générale et à la propagation de la méningite à méningocoques en particulier.
Les infections à méningocoques : un taux de mortalité élevé
La méningite ? C'est une infection des enveloppes entourant le cerveau, les méninges, causée par plusieurs types de virus, de bactéries, et de champignons.
Les méningites sont, dans la plupart des cas, virales - et généralement bénignes chez les patients ne souffrant pas d’un déficit immunitaire - mais peuvent aussi être d'origine bactérienne : c'est le cas de ces méningites à méningocoques.
Les méningocoques constituent les causes majeures de méningites aiguës. Les infections à méningocoques ont un taux de mortalité élevé, malgré le traitement, à 10%, et un fort potentiel épidémique, insiste l’institut Pasteur.
La méningite à méningocoques survient généralement dans la première enfance (maximum d’incidence chez les moins d'un an) et chez l’adolescent et l'adulte jeune (entre 16 et 24 ans) et associe un syndrome infectieux (fièvre, maux de tête violents, vomissements) et un syndrome méningé (raideur de la nuque, léthargie, troubles de la conscience, voire coma).
La transmission se fait de personne à personne par contact étroit et prolongé. Environ une personne sur dix dans la population générale (mais un adolescent sur trois) est porteuse de méningocoques sans qu'un symptôme de la maladie se déclare. Il arrive néanmoins qu'après avoir infecté les voies respiratoires, les méningocoques se propagent dans l'organisme via la circulation sanguine.
Fièvre élevée, maux de tête violents, vomissements, raideur de la nuque, photosensibilité, taches rouges ou violacées (purpura) sont les principaux symptômes. Imprévisible et foudroyante, cette maladie peut engendrer la mort en moins de 24 heures sans prise en charge rapide.
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La vaccination contre le méningocoque de groupe C est obligatoire
Aujourd’hui, en France, seule la vaccination contre le méningocoque de groupe C est obligatoire chez tous les nourrissons nés depuis le 1ᵉʳ janvier 2018.
En revanche, note l’Assurance maladie, la vaccination contre les infections invasives dues au méningocoque de sérogroupe B est simplement recommandée pour l’ensemble des nourrissons.
Contrairement à certains pays comme la Grande-Bretagne, il n’existe pas encore de recommandations en population générale contre les groupes Y et W. Or, depuis la fin de la pandémie de Covid-19, ce sont ces dernières souches qui sont responsables de la plupart des méningites.
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Les chercheurs, actuellement en lien avec la Haute autorité de santé (HAS), recommandent ainsi d’élargir aux adolescents, principaux porteurs sains du méningocoque, le vaccin tétravalent ciblant les méningocoques de groupes A, C, Y et W.
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