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Santé publique
Aussi appelée la «mort noire», la peste bubonique, qui décima au XIVe siècle plus du tiers des habitants du continent européen, pourrait n’être qu’un lointain souvenir consigné dans les livres d’histoire. Pourtant, la maladie reste endémique dans l’ouest des Etats-Unis, du Nouveau-Mexique à l’Oregon en passant par la Californie, comme est venu le rappeler un cas détecté la semaine dernière dans l’Oregon, dans le nord-ouest du pays.
Le patient atteint réside dans le comté rural de Deschutes, dans le centre de l’Etat. Probablement infecté par son chat, il est en cours de traitement. Le responsable de la santé du comté, le docteur Richard Fawcett, s’est montré rassurant lors de l’annonce du cas la semaine dernière, en expliquant que «tous les contacts proches du résident et de son animal de compagnie ont été prévenus et ont reçu des médicaments pour prévenir la maladie».
Léthale dans 30 à 100 % des cas
Rare dans les pays développés, la peste peut désormais être traitée mais reste potentiellement dangereuse. En l’absence de traitement antibiotique, le taux de létalité de la peste bubonique, qui se caractérise par un gonflement douloureux des ganglions lymphatiques appelés «bubons», varie de 30 à 60 %, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). D’après les autorités sanitaires, les symptômes de la peste chez l’homme se manifestent jusqu’à huit jours après l’exposition à un animal ou à une puce malade. Ils peuvent inclure de la fièvre, des nausées, un état de fébrilité, des frissons et des douleurs musculaires.
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Si elle n’est pas diagnostiquée à temps, la peste bubonique peut évoluer en peste septicémique (une infection de la circulation sanguine) ou en peste pulmonaire. Ces deux formes de pathologies sont beaucoup plus graves. Extrêmement contagieuse, la peste pulmonaire peut déclencher de graves épidémies et se révèle presque toujours mortelle en l’absence de traitement. «Heureusement, ce cas a été identifié et traité aux premiers stades de la maladie, ce qui présente peu de risques pour la communauté», ont assuré les autorités de santé du comté de Deschutes dans un communiqué. Ces dernières ont aussi précisé qu’«aucun autre cas de peste n’est apparu au cours de l’enquête».
En moyenne, sept cas de peste chez l’homme sont recensés chaque année aux Etats-Unis, selon les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), qui forment la principale agence sanitaire fédérale. Dans l’Etat de l’Oregon, où vivent plus de 4,2 millions de personnes, le dernier cas signalé de peste bubonique remontait à 2015.
Maladie réémergente
Entre 1990 et 2020, 50 000 cas humains de peste ont été déclarés à l’OMS par 26 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique. La Chine, le Pérou et la république démocratique du Congo sont particulièrement touchés. Depuis une flambée survenue en 2016, après plus de soixante ans sans le moindre cas signalé, Madagascar est désormais le pays qui recense le plus de cas humains de peste au monde selon l’Institut Pasteur, avec 250 à 500 patients par an.
Les épidémies de peste, agent pathogène le plus connu au monde, ont la caractéristique de pouvoir s’éteindre pendant plusieurs années avant de réapparaître sous forme épidémique. L’Inde pensait avoir éradiqué la maladie depuis les années 60 quand a éclaté, en 1994, une épidémie de peste pulmonaire faisant une cinquantaine de victimes. Plus récemment, la peste est réapparue en Libye en 2009 et en Russie en 2013, après avoir disparu pendant des décennies. Des recrudescences qui ont conduit en 2020 l’OMS à classer la maladie comme réémergente. Si durement touchée au Moyen Age, l’Europe semble quant à elle épargnée, aucun cas n’ayant été signalé récemment. En France, les derniers cas de peste bubonique remontent à 1945, en Corse.
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