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Cancer : biopsie liquide, intelligence artificielle, anticorps, quelles sont les avancées de la recherche ? - France Bleu

En France, près de 4 millions de personnes vivent aujourd'hui avec un cancer, selon la fondation Arc pour la recherche sur le cancer. Et les chiffres publiés ce jeudi par l'agence de l'Organisation mondiale de la santé, spécialisée dans cette maladie, sont alarmants : quelque 35 millions de nouveaux cas de cancer devraient être détectés en 2050, soit 77% de plus qu'en 2022.

Les raisons de cette inquiétante augmentation sont multiples : le vieillissement, mais aussi le tabac, l'alcool, l'obésité et la pollution de l'air. "Je ne sais pas si on arrivera à vaincre le cancer, mais on arrivera à la contrôler" affirme sur France Bleu Éric Solary, président du conseil scientifique de la fondation Arc, qui rappelle qu'"aujourd'hui, on guérit 60% des patients". Dans l'émission Bonjour Docteur, le chercheur et hématologue a notamment évoqué les avancées de la recherche à l'occasion de la journée mondiale contre la maladie ce dimanche.

Le cancer mieux compris

"Pour vaincre le cancer, il faut d’abord le comprendre" : c'est ce qu'on peut lire sur le site de la fondation Arc pour la recherche sur le cancer. Cette compréhension a "énormément" avancé, assure le professeur Éric Solary qui estime même "qu'elle avance tous les jours". "Il y a eu d'abord une période extrêmement riche dans la deuxième moitié" du XXe siècle avec "les travaux de génétique et de biologie cellulaire". Mais à cette époque, "ils ne débouchaient pas sur des applications thérapeutiques", rappelle le chercheur. "Depuis 2000, on a changé de dimension, explique Éric Solary. On découvre sans cesse de nouveaux médicaments. On en expérimente plus de 1.000 à travers le monde actuellement. Beaucoup sont entrés dans les pratiques courantes ces 20 dernières années". Un constat qui réjouit le professeur : "Ça change vite et ça change dans le bon sens !"

Les chercheurs se focalisent aussi davantage sur les mécanismes du vieillissement car "le principal risque de cancer, c'est de vieillir" rappelle Éric Solary. Les trois quarts des diagnostics concernent les plus de 55 ans, selon les données de l'Organisation mondiale de la Santé. "On comprend de mieux en mieux les mécanismes de vieillissement, ce qu'est un tissu qui vieillit, poursuit le professeur. On est en train de déchiffrer pourquoi un tissu qui vieillit favorise l'émergence d'un cancer". Éric Solary explique notamment que "les premiers essais de traitement préventif du vieillissement" émergent. "Si on arrive à ralentir le vieillissement de nos tissus, on ralentira le risque de cancer et le risque de maladies chroniques qui se développent avec l'âge" détaille-t-il.

Bientôt une simple prise de sang pour repérer la maladie ?

Des dizaines d'études sont en cours pour démontrer l'utilité de l'utilisation d'un nouvel outil, la "biopsie liquide", dans le suivi de patients traités pour un cancer. Une biopsie liquide n'est autre qu'une prise de sang qui vise à rechercher dans le sang d'un malade des fragments d'ADN de la tumeur ou des cellules cancéreuses. D'après Éric Solary, cette technique est déjà "utilisée pour surveiller l'évolution d'une tumeur que l'on connait. Et pour laquelle on connait les anomalies génétiques qu'on cherche au niveau de l'ADN. On sait où elle est et on sait ce qu'on cherche", résume-t-il. En revanche, elle n'est pas au point concernant le dépistage : "Quand vous trouvez une anomalie de l'ADN dans le sang, cela ne vous dit pas où est la tumeur. Il y a des anomalies que l'on trouve dans des tas de tumeurs différentes. Il faut encore trouver le moyen de localiser la tumeur" explique le professeur. Cette technique présentera des avantages considérables et nombre d'observateurs estiment que sa découverte mériterait un prix Nobel de médecine : elle est notamment beaucoup moins invasive qu'une biopsie "classique", qui prélève des tissus de l'organisme.

Des vaccins existent, d'autres sont encore à l'essai

Pour éviter certains cancers, il existe des vaccins. "Pour limiter le risque du cancer du foie, il faut se vacciner contre l'hépatite B" explique le professeur, auquel il faut ajouter le vaccin HPV, contre les papillomavirus humains qui empêche l'apparition de nombreux cancers comme celui du col de l'utérus. Sur ce dernier vaccin, la campagne de vaccination de collégiens en classe de 5e, lancée à l'automne dernier, est loin des attentes, avec un premier aperçu "décevant", ont regretté début janvier des responsables de la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV). Au moins 30% des 5ᵉ vaccinés au collège, "je pense qu'on n'y sera pas", avait reconnu début novembre auprès de l'AFP Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé de l'époque.

D'autres vaccins pourraient prochainement être commercialisés. En septembre dernier, la société française de biotechnologie OSE Immunotherapeutics a présenté des résultats positifs de son vaccin thérapeutique chez des patients atteints de cancer avancé du poumon. Mi-décembre, le patron de Moderna, Stéphane Bancel, a estimé possible que le vaccin thérapeutique développé contre le cancer de la peau soit approuvé dès 2025, après de nouveaux résultats encourageants.

L'espoir de l'imagerie et de l'IA

Éric Solary met aussi en avant les "progrès de l'imagerie [...] notamment grâce aux outils de l'intelligence artificielle". Selon lui, l'analyse "de milliers et de milliers d'images" ou encore la mise en commun des "images que l'on génère au niveau de l'Europe" devraient permettre "d'annoncer longtemps à l'avance l'émergence d'une tumeur." Des expériences sont en cours dans les pays nordiques comme au Danemark, comme l'explique le membre de la fondation Arc : "Les Danois ont travaillé sur les données de santé, sur le rythme de consultation et les ordonnances délivrées par les médecins. Ils ont réussi à créer un algorithme qui prédit les risques de développer un cancer du pancréas". Éric Solary estime que cette trouvaille est fascinante : "Cela veut dire que quand on va être capable de mettre ensemble nos données de santé de façon anonyme en Europe, on va progresser énormément en termes de prévention et de dépistage du risque".

En ce qui concerne les cancers rares, "cela doit reposer sur une meilleure organisation. Il faut travailler au niveau international", estime Éric Solary. Chaque année en France, les cancers rares, dont tous ceux des enfants, représentent 70.000 nouveaux cas. Un cancer est considéré comme rare quand le nombre de nouveaux cas est inférieur à 6 sur 100.000 par an.

La piste des anticorps monoclonaux

Beaucoup de recherches explorent l'immunothérapie, qui consiste à renforcer les défenses du corps contre la maladie, couronnée en 2018 par le prix Nobel de médecine. Parmi les nouvelles approches de l'immunothérapie, il y a les anticorps monoclonaux. "Les anticorps sont ce que produisent nos cellules sanguines pour nous défendre contre les infections, explique l'hématologue sur France Bleu. On sait maintenant fabriquer des anticorps très ciblés qui, au lieu de cibler un microbe, vont cibler une cellule cancéreuse. Aujourd'hui c'est une des approches qui se développent à une grande vitesse, car la technologie est là" se réjouit Éric Solary.

Des patients plus impliqués

Les avancées dans la recherche reposent aussi sur l'implication des malades. Sur France Bleu, Chantal, touchée par un cancer de l'appendice, raconte notamment qu'elle bénéficie d'un "essai clinique d'immunothérapie". "À ce jour, je vais bien, car mon scanner passé lundi montre un aspect stable de l'imagerie", se réjouit-elle. Elle a décidé de se lancer dans cet essai clinique malgré la crainte des effets secondaires : "Mais j'ai toujours eu confiance, confie cette ancienne soignante. Je me suis dit qu'il fallait aider la recherche". "Ce qui se prépare, c'est que les patients vont faire partie des comités de sélection des projets de recherche et de financements", assure Éric Solary. Un système qui existe déjà aux Pays-Bas ou en Belgique flamande : "Il y a des comités de patients qui disent si les projets ont du sens et qui mettent une note. Elle vient en plus de la note des scientifiques et l'ensemble est pris en compte" afin de donner le feu vert à un projet de recherche.

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