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Fluoroquinolones : « Presque aucun médecin ne prend en compte leur toxicité… » Philippe raconte son combat - 20 Minutes

«J’ai été traité du 20 juillet au 30 juillet 2021 et je m’en mords les doigts. J’ai fait confiance à mon médecin et il n’a pas fait son boulot. » Philippe Coville, 60 ans, est l’une des 41 victimes des effets indésirables graves des antibiotiques de la classe des fluoroquinolones. Ce mercredi, une enquête a été ouverte pour homicides involontaires et tromperie par le parquet de Paris, comme le révèle RMC. Elle fait suite à une quarantaine de plaintes pour des effets indésirables liés à la prise de fluoroquinolones. C’est la première procédure judiciaire concernant cette classe d’antibiotiques en France.

En 2021, les antibiotiques en cause sont prescrits à Philippe Coville pour une infection urinaire simple (sans atteinte de la prostate). Pourtant, depuis 2019, les autorités de santé restreignent sa prescription à des infections sévères, en raison d’effets indésirables graves. « J’ai eu du mal à marcher pendant un an et demi et je fais des neuropathies périphériques, c’est extrêmement douloureux et je n’arrive plus à dormir la nuit », témoigne celui qui est devenu président de l’association d’aide et d’informations sur les effets délétères des fluoroquinolones.

« Il était trop tard »

« Moi au bout de dix jours (de traitement) j’ai eu très mal aux jambes, j’ai lu la notice et je me suis rendu compte qu’il y avait un problème », raconte Philippe Coville. Alors en vacances, un médecin lui conseille de boire beaucoup d’eau mais « il était trop tard », lâche-t-il. Lorsque, à la fin du mois d’août, il retourne voir son médecin traitant (qui lui a prescrit les antibiotiques en cause), il est muni du document de restriction d’usage de l’ANSM et l’interroge sur la raison de cette prescription, alors que son infection était banale. « "Ceci n’existe pas", m’a-t-il répondu. "J’en prescris depuis trente ans et je n’ai jamais eu aucun problème." Cela restera gravé dans ma mémoire. »

A son compte et en fin de carrière, Philippe Coville a eu la chance de pouvoir mettre un peu son activité professionnelle en pause pour se soigner. Il consacre aussi beaucoup de son temps à l’association. Celle-ci regroupe 650 personnes affectées par des effets indésirables graves. Mais elle estime, sur la base de deux millions de prescriptions par an en France, qu’il y aurait environ 20.000 cas d’effets indésirables graves et 2.000 très graves (avec des dommages permanents) par an. « J’ai collecté 300 à 400 témoignages dont il ressort que le système médical s’est organisé depuis trente ans pour mentir aux patients pour ne pas porter la responsabilité de ces effets indésirables, c’est très grave », dénonce Philippe Coville.

« J’aurais aimé savoir »

L’association demande, en cas de prescription de ces antibiotiques fluoroquinolones, « une attestation d’information partagée » signée du médecin ainsi qu’un contrôle par le pharmacien. L’idée est de changer les habitudes de prescription de ces médicaments, indispensables pour certaines infections graves mais dont l’usage est à restreindre dans le cas d’infections légères ou modérées. « C’est prescrit entre deux portes sans prévenir le patient alors que les conséquences peuvent être lourdes », s’insurge le président de l’association.

« J’aurais aimé savoir et, correctement informé des risques, je ne les aurais pas pris, assure-t-il. Il y avait quinze autres antibiotiques dont l’amoxicilline en alternative. » A l’époque, il avait 58 ans et était en parfaite santé. Aujourd’hui, même si sa récupération sur le plan musculosquelettique est bonne, sa santé générale se dégrade. « Je suis sous antidouleurs depuis quatre mois et je suis sous antiépileptique pour les neuropathies, qui ne font que s’aggraver », s’inquiète-t-il.

Les principales atteintes relevées chez les victimes, en lien avec la prise de ces antibiotiques, concernent les tendons, les muscles, les systèmes nerveux et cardiovasculaire. « Presque aucun médecin français n’accepte de prendre en considération la toxicité de ces médicaments, alerte Philippe Coville, il y a un immense trou dans la raquette pour la prise en charge des victimes. » Il espère que le volet judiciaire, qui ne fait que commencer, puisse faire avancer les droits des patients.

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