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Le dépistage du cancer colorectal n'est pas glamour, mais il peut vous sauver la vie - Slate.fr

Dépisté tôt, le cancer colorectal se soigne dans 90% des cas. «Mars bleu» est l'occasion de rappeler aux plus de 50 ans de se tester.

Seules 34,3% des personnes concernées se soumettent au test de dépistage du cancer colorectal. | Giorno Brando <a href="https://www.flickr.com/photos/giornobrando/41072141381/in/photolist-25zpsGD-8e6ry9-2mbdrKY-KvQtFf-HZH9HX-5LXXA-6FQUte-5qd1dX-4nvQ5-7RcgPk-2bfk8j8-8c1NgG-2odenz2-z9VLv-z9VtY-2jL2hjX-6aWgtt-z9VHh-puD9a2-puVq24-oAgrq2-WcYfVL-z9VAi-2mJq1Gq-z9VDU-2hrYFyH-puD91p-pdriuv-4puMpz-puVpSX-9GtP11-dxG4eJ-9GqUMK-27edmZx-ggWJ94-bA63B-9ha1JD-893BAb-oZ4VNK-2jJ9BcP-soGsbT-7gATcB-27edmQp-27edmWX-rRcweR-TPVjNr-G4zFWK-2jhx5tv-2oEQxBa-2nGtMpw" rel="nofollow">via Flickr</a>
Seules 34,3% des personnes concernées se soumettent au test de dépistage du cancer colorectal. | Giorno Brando via Flickr

Temps de lecture: 5 minutes

Concernant le dépistage du cancer colorectal, il y a les bons élèves. Comme Philippe, 51 ans: «Simple, rapide à faire et facile à envoyer. Aussitôt que j'ai reçu mon kit après l'avoir commandé sur internet, j'ai fait le test à la maison. Le résultat est revenu négatif. Je le referai dans deux ans, ça en vaut la peine.» Ou bien Elisabeth, 52 ans et deux tests au compteur, qui raconte: «Peu après mes 50 ans, j'ai reçu le “carton d'invitation” et j'ai tout de suite pris rendez-vous chez mon médecin pour récupérer le kit de dépistage. J'ai fait le test dans la foulée. L'année dernière, je l'ai récupéré en pharmacie. Comme pour le cancer du sein, je trouve que recevoir des résultats négatifs est toujours réjouissant.»

Et puis, il y a les autres. Ceux qui sont peu ou pas informés, ceux qui ne se sentent pas concernés, ceux qui se sentent gênés par rapport à la localisation du cancer ou par le fait de devoir faire le test eux-mêmes, ceux qui redoutent un résultat positif ou d'éventuels examens complémentaires, ou encore ceux qui se disent que, puisque les précédents tests sont revenus négatifs, ce n'est pas la peine d'en refaire un nouveau.

«Il y a vraiment deux freins majeurs au dépistage, expose le Dr Stéphane Korsia-Meffre, rédacteur médical qui a été le coordinateur de l'association France Côlon jusqu'à sa dissolution. D'une part, le fait que les gens ont une réticence à manipuler leurs selles. Et d'autre part, le fait que leur médecin ne les sensibilise pas assez. En outre, c'est un cancer qui reste tabou et qui ne fait pas l'objet d'une identification propre, comme c'est le cas pour le cancer du sein notamment.»

Pour tous ceux qui manquent d'infos ou qui procrastinent –et ils sont nombreux, puisque seules 34,3% des personnes concernées se soumettent au test de dépistage du cancer colorectal et que 50% des cancers colorectaux sont diagnostiqués à des stades avancés–, une petite mise au point s'impose.

De quoi s'agit-il?

Commençons d'abord par faire connaissance avec l'ennemi. Touchant chaque année 47.000 personnes, le plus souvent de plus de 50 ans, le cancer colorectal est, comme l'explique le site de l'Institut national du cancer, «une maladie des cellules qui tapissent la paroi interne du côlon. Elle se développe à partir d'une cellule initialement normale qui se transforme et se multiplie de façon anarchique, jusqu'à former une masse appelée “tumeur maligne” (ou “cancer”).»

Dans 60 à 80% des cas, il fait suite à une tumeur bénigne, appelée «polype», qui se transforme en cancer, dans un processus qui peut durer cinq à dix ans. Celui-ci se développe d'abord localement, puis les cellules cancéreuses peuvent migrer dans l'organisme et constituer des métastases, notamment aux poumons et au foie.

Si, pour les personnes qui présentent des facteurs de risque héréditaires, le suivi est rapproché, pour toutes les autres, on considère que l'âge est le principal facteur de risque.

«Les facteurs de risque sont connus: un âge supérieur à 50 ans, des antécédents personnels ou familiaux de cancer colorectal ou de polypes, certaines maladies (Crohn, rectocolite hémorragique, acromégalie, syndrome de Lynch, maladies génétiques…) et des habitudes de vie, comme une alimentation riche en graisses animales ou excessive en viande rouge ou boissons alcoolisées, l'inactivité physique, le surpoids et le tabac», expose le Dr Ludovic Caillo, hépato-gastro-entérologue au CHU de Nîmes.

Si, pour les personnes qui présentent des facteurs de risque héréditaires ou en lien avec des maladies particulières, le suivi est rapproché et des examens spécifiques proposés d'emblée, pour toutes les autres, on considère que l'âge est le principal facteur de risque. C'est la raison pour laquelle le dépistage est proposé de manière systématique dès 50 ans, et ce tous les deux ans.

Traquer le sang invisible

Avant de rentrer dans les considérations pratiques, voyons à quoi sert ce test. «La tumeur qui se développe dans le côlon ou le rectum est une petite boule vascularisée. Sans qu'elle ne produise initialement de symptômes, elle peut saigner, ce qui cause la présence de sang, invisible à l'œil nu, dans les selles», explique le Dr Caillo. L'objectif du test est ainsi de détecter cette présence, afin de dépister précocement un éventuel cancer.

«Plus le cancer est dépisté tôt, avant l'apparition de symptômes, mieux il se soigne», martèle le gastro-entérologue, qui ajoute: «La survie à cinq ans des personnes ayant un cancer à un stade local est de 90% alors que celle des personnes ayant un cancer avancé, c'est-à-dire avec métastases, est de 14%.» Mais attention: ce n'est pas parce qu'il y a du sang dans les selles qu'il y a un cancer. «Il peut s'agir d'hémorroïdes, de diverticules, d'un ulcère gastroduodénal ou de polypes», précise le Dr Caillo, qui indique que sur cent tests positifs, seuls quatre correspondent à un cancer.

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C'est la raison pour laquelle, si le test revient positif, il ne faut pas stresser inutilement et prendre rendez-vous avec un gastro-entérologue pour effectuer une coloscopie, l'examen de référence pour visualiser l'intérieur du côlon et du rectum. Elle permet de détecter et de retirer d'éventuels polypes avant qu'ils ne se transforment en cancer, ou de dépister un cancer à un stade précoce, qui pourra être traité par chirurgie.

Elle est réalisée sous anesthésie générale, à l'aide d'un endoscope (un tube souple doté d'une petite caméra, d'une lampe et, si besoin, d'instruments chirurgicaux) qui est introduit dans l'anus pour explorer la partie basse des intestins. «C'est un examen de routine, indolore et sécuritaire», rassure le Dr Caillo. Il précise qu'il y a eu, au cours des dernières années, de nets progrès concernant les produits qui servent à la préparation de l'examen, afin de faire une petite «vidange» nécessaire pour que les muqueuses du côlon et du rectum soient bien observables.

Le test, en pratique

Revenons-en aux modalités pratiques du test de dépistage du cancer colorectal. En principe, dès vos 50 ans, vous recevez une invitation de votre CPAM à retirer gratuitement un kit de dépistage, soit auprès d'un médecin (généraliste, gynécologue, gastro-entérologue ou médecin d'un centre d'examen de santé du régime général de l'Assurance Maladie (CES)) ou de votre pharmacien, ou à commander tout aussi gratuitement via le site monkit.depistage-colorectal.fr. Si vous n'avez rien reçu, vous pouvez vous adresser directement au médecin ou au pharmacien.

Une fois le kit reçu, c'est à vous de jouer. Comme vous pouvez le voir ci-dessous, c'est simple (et rassurez-vous, vous n'aurez pas à toucher à votre caca).

À toutes fins utiles, Octave, 59 ans, témoignant de son habitude à effectuer le test tous les deux ans, nous a donné un petit tip: «Le machin en papier que l'on est censé coller sur les rebords de la cuvette et qui est censé retenir les selles pour éviter qu'elles tombent dans la cuvette ne marche jamais. Il se perce, se déchire ou se décolle à chaque fois. Ma méthode personnelle: deux-trois feuilles de journal dans une cuvette, dans laquelle je défèque. Une fois le prélèvement fait, je roule le journal en boule, le mets dans un sac poubelle et le jette aux ordures (pas dans les WC, car cela les boucherait, avec le journal).»

Une fois le test réalisé, il ne vous reste qu'à l'envoyer, à l'aide de l'enveloppe T préidentifée, au laboratoire chargé de l'analyser. Vous recevrez vos résultats dans les jours qui suivent par SMS ou, à défaut, par réception d'un courrier par voie postale. Si, comme c'est le cas dans 96% des cas, le test est négatif, vous n'avez rien à faire. Rendez-vous dans deux ans –sauf si bien sûr, entre-temps, vous présentez des symptômes comme du sang dans les selles, un amaigrissement non souhaité ou des troubles digestifs nouveaux. En revanche, si le test est positif, il faudra, comme on l'a dit, que vous fassiez une coloscopie.

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Insistons sur le fait que si cette coloscopie et la préparation qui la précèdent ne sont ni fun, ni glamour, elles peuvent sauver des vies et éviter des traitements lourds et difficiles. «Lorsque le cancer est encore localisé, il est possible que la chirurgie suffise à la traiter, alors que quand le cancer est pris à un stade avancé, on doit avoir recours à de la chimiothérapie et à de la radiothérapie», signale le Dr Caillo.

À l'avenir, le dépistage précoce du cancer colorectal et son traitement à un stade également précoce devraient encore s'améliorer grâce au recours à l'IA –innovation déjà pratiquée au Centre de cancérologie de l'Est parisien dans le cadre d'une étude– et à la chirurgie robotique pour réséquer les tumeurs.

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