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Coqueluche, tuberculose, syphilis... Ces maladies "oubliées" qui augmentent aussi en France - FRANCE 24

Alors qu'elles stagnaient à des niveaux plutôt bas, des maladies comme la coqueluche, la rougeole, la tuberculose ou la syphilis font leur retour en France ces dernières années, et nécessitent une vigilance accrue des professionnels de santé et de la population. Comment était-on parvenu à les maintenir à des seuils bas et pourquoi sont-elles en augmentation ? Éléments d'explication.

Ce sont des noms que l'on pensait appartenir au passé. Tuberculose, rougeole, coqueluche, syphilis. Ces maladies qui, depuis longtemps, n'inquiétaient plus les pays dits développés refont surface avec une incidence parfois inquiétante, notamment en France.

"C'est le génie épidémique : il y a des cycles de quelques années, parfois quelques décennies où les maladies se font oublier, mutent un peu, puis réapparaissent sans prévenir", explique à l'AFP Mikal Askil Guedj, docteur en sciences médicales et auteur de "Médecins malgré vous, Portraits des maladies du XXIe siècle" (Grasset).

Selon lui, ces maladies n'ont jamais vraiment disparu, mais "se sont transformées, espacées dans le temps".

Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie et évolution des maladies infectieuses à l'Université de Montpellier, explique en ce sens qu'il existe quatre stades dans la lutte contre les maladies infectieuses : le contrôle (limiter l'impact sanitaire d'une maladie ou la diffusion d'un virus, comme pour le Covid-19), l'élimination (quand un virus ou une bactérie pathogène ne circule plus dans un territoire donné), l'éradication et l'extinction.

"La poliomiélyte ne circule plus, mais on ne peut pas dire qu'elle est éradiquée car elle existe encore en Afghanistan et au Pakistan", précise-t-il. "Le seul pathogène éradiqué dans l’histoire est la variole, depuis 1980. Elle ne circule plus sur Terre, mais n'est pas pour autant éteinte, car il existe encore des échantillons du virus de la variole".

Pour Philippe Sansonetti, professeur émérite à l'Institut Pasteur et au Collège de France, les infections dont on entend davantage parler aujourd'hui ont toujours été latentes.

"La syphilis, on l'a vue flamber avec le sida, puis retomber en même temps que les mesures de prévention ; la tuberculose avait suffisamment diminué pour qu'on arrête la vaccination ; quant à la rougeole et la coqueluche, on vit avec des poussées irrégulières", précise-t-il.

Relâchement vaccinal, prévention insuffisante, mouvements de populations... France 24 fait le point sur ces maladies et les raisons de leur recrudescence.

  • La coqueluche

C'est quoi ?

Longtemps considérée, à tort, comme une maladie de la petite enfance, la coqueluche peut être sévère à tout âge et peut même s'avérer mortelle pour les jeunes nourrissons non vaccinés (ou partiellement), et les personnes à risque comme les femmes enceintes et les personnes âgées. Elle se manifeste par des quintes de toux particulièrement violentes qui peuvent provoquer vomissements et asphyxie.

Particulièrement contagieuse, la coqueluche se transmet par voie aérienne lors de contacts directs avec une personne infectée. Une personne contaminée transmet la maladie à 15 autres personnes en moyenne.

Dans les régions où les enfants n’ont pas été vaccinés, la transmission se fait surtout parmi les enfants. En revanche, dans les régions comme la France où les enfants sont vaccinés depuis des décennies, la transmission se fait maintenant essentiellement des adultes ou adolescents vers les nourrissons.

L’incidence de la maladie a largement diminué dans les pays qui ont introduit la vaccination généralisée des jeunes enfants.

Aussi, le nombre de cas observés a davantage diminué pendant la pandémie de Covid-19, notamment grâce à l'adoption des "gestes barrières".

Pourquoi les cas augmentent ?

En France, on a observé depuis début 2024 une forte augmentation du nombre de cas de coqueluche. Entre janvier et mai 2024, plus de 5 800 cas ont été recensés – soit cinq fois plus qu'en 2023 – incitant Santé publique France à émettre une alerte.

Selon l'Agence française de santé, au niveau mondial, il y aurait 40 millions de cas et 300 000 décès chaque année.

L’infection bactérienne, tout comme le vaccin, ne confère pas une immunité à vie et il est donc possible de contracter la maladie plusieurs fois.

Mais la prévention repose principalement sur la vaccination. Aussi, pour limiter les contaminations, il faudrait, selon Philippe Sansonetti, "revacciner à l'âge adulte, en particulier les femmes enceintes" pour protéger les futurs bébés, car "le vaccin actuel ne protège pas à vie contre l'infection".

La primo-vaccination chez les enfants est faite à l'âge de 2 mois, 4 mois et 11 mois. Puis un rappel à 6 ans et un autre entre 11 et 13 ans. Chez les adultes, un rappel est recommandé à l’âge de 25 ans (rattrapage recommandé jusqu’à 40 ans).

​​Depuis 2022, la vaccination durant la grossesse (entre 20 et 36 semaines d'aménorrhée) est préconisée pour protéger le nouveau-né avant sa propre vaccination.

En l’absence de vaccination au cours de la grossesse, celle-ci est recommandée pour les parents en post-partum et pour toute personne susceptible d’être en contact étroit avec le nourrisson durant ses six premiers mois de vie.

  • La rougeole

C'est quoi ?

Cette maladie virale très contagieuse provoque une forte fièvre et des éruptions cutanées sur tout le corps. Elle est souvent bénigne mais peut toutefois entraîner des complications graves, respiratoires et neurologiques, parfois mortelles chez les bébés. "C'est le virus respiratoire qui a le plus fort potentiel de contagiosité", précise Mircea Sofonea.

En 2018, les cas avaient tellement flambé que cette vaccination, jusqu'alors recommandée, est devenue à obligatoire pour tous les nourrissons pour tenter d'endiguer le phénomène.

Après les années épidémiques de 2018 et 2019, un effondrement du nombre de cas de rougeole avait été observé – dès avril 2020, du fait des "mesures barrières" mises en place pour lutter contre l'épidémie de Covid-19.

À lire aussiLa vaccination contre la rougeole en France, victime collatérale du Covid-19

 

Pourquoi les cas augmentent ?

Depuis 2018, la vaccination ROR (rougeole, oreillons, rubéole) fait partie des vaccins obligatoires, mais des personnes plus âgées n’ont pas été vaccinées et l’immunité n’est pas présente, rappelle Mircea Sofonea. "Dans ce cas, avec un écart trop important au seuil qui est de 95 %, on peut avoir des reprises de la circulation".

En janvier dernier, l’OMS a lancé une alerte sur l’augmentation des cas de rougeole, avec plus de 306 000 cas déclarés dans le monde l’an dernier soit +79 % par rapport à 2022. Une hausse qui a également touché la France et l'Europe.

En 2023, 117 cas (dont 31 importés) avaient été déclarés en France, contre 15 en 2022.

La tuberculose

C'est quoi ?

Transmise par voie aérienne via des gouttelettes contenant les bactéries et expectorées par la toux des malades, la tuberculose est une maladie contagieuse qui touche le plus souvent les poumons, mais peut aussi se propager au cerveau.

Une personne tuberculeuse non traitée peut infecter de 5 à 15 personnes en moyenne chaque année. Des conditions sanitaires et sociales précaires sont souvent associées à la dissémination de la maladie.

Pourquoi les cas augmentent ?

La tuberculose reste une maladie infectieuse de première importance au niveau mondial, avec plus de 10 millions de cas, et entraînant 1,4 million de morts chaque année.

Elle reste à un niveau faible en France mais a cependant connu un rebond en 2023 : 4 728 cas ont été déclarés, selon le bulletin épidémiologique hebdomadaire publié le 19 mars dernier par Santé publique France. La Guyane, Mayotte et l’Île-de-France sont les régions les plus touchées.

Seul vaccin licencié pour vacciner contre la tuberculose, le BCG n'est que partiellement efficace : très utile pour prévenir les formes graves de la maladie chez les jeunes enfants (près de 90 % d’efficacité dans le cas de méningites tuberculeuses), il protège peu contre les cas de tuberculoses pulmonaires chez les adolescents et les adultes. Il ne permet donc pas d’empêcher la transmission de la maladie et d’enrayer l’épidémie mondiale.

Le nombre de cas officiellement déclarés dans le monde en 2022 est très nettement supérieur à ceux des années précédentes, en hausse de 16 % par rapport à 2021 et de 28 % par rapport à 2020. Une première depuis que l’on suit la tuberculose, au milieu des années 1990 : il s’agit même du plus grand nombre de cas déclarés au cours d’une seule année.

"La circulation est plus forte en Amérique du Sud (notamment en Bolivie et au Pérou) et dans le sud de l'Afrique, ce qui peut expliquer une incidence plus forte en Guyane et à Mayotte", précise Mircea Sofonea.

Un lien a également été établi avec l'arrivée de personnes réfugiées issues de pays où la tuberculose est bien plus présente, comme l’Ukraine et la Géorgie.

  • La syphilis

C'est quoi ?

La syphilis, due à la bactérie Treponema pallidum, se transmet par voie sexuelle, ou de la mère à l’enfant au cours de la grossesse.

Cette infection sexuellement transmissible (IST), longtemps reléguée au deuxième plan des politiques publiques – derrière l'épidémie de VIH, notamment – peut affecter tous les organes et avoir de graves conséquences si elle n’est pas dépistée et traitée.

Apparue pour la première fois en Europe en 1494 à Naples, la syphilis avait presque été éradiquée depuis la seconde moitié du XXe siècle.

Mais elle a refait surface dans la plupart des pays occidentaux au cours des dernières années, notamment aux États-Unis. Selon l’Agence de contrôle et de prévention des maladies, les infections ont atteint leur taux le plus élevé depuis les années 1950, a rapporté le quotidien américain New York Times en janvier.

Pourquoi les cas augmentent ?

En France, son augmentation a été constatée il y a plusieurs années déjà avec une incidence qui a bondi de 110 % entre 2020 et 2022.

Le retour de la syphilis s'explique par le moindre recours au préservatif, depuis que les antirétroviraux ont réduit la peur du sida.

"Les traitements de plus en plus performants et mieux acceptés, la facilité et les traitements pré-exposition comme la PrEP,  ont engendré des pratiques à risque plus fréquentes, et donc une augmentation de l’incidence [de la syphilis]", explique Mircea Sofonea, qui ajoute que les autres IST profitent également de cette situation.

"Beaucoup de gens en sont porteurs sans le savoir, et continuent à propager la syphilis car les premiers symptômes sont assez discrets ou mal identifiés", ajoute le Dr Guedj.

D'autant que "le diagnostic est difficile", précise le docteur en sciences médicales, qui plaide pour de grandes campagnes d'information et de sensibilisation. Dans tous les cas, dit-il, "dès qu'il y a un doute, il faut faire des tests sérologiques".

À lire aussiPourquoi la France connaît-elle une explosion de cas de syphilis ?

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