
L’existence de ces travaux a amené la HAS à décider de ne pas produire des recommandations à proprement parler, mais de publier dans les prochains mois une « fiche mémo » destinée aux professionnels de santé et un document d’information destiné au public. « Produire des recommandations est nécessaire quand le sujet est complexe et qu’il n’y a pas de consensus dans les données disponibles, c’est un processus long, 18 mois environ, explique Florence Gaudin, cheffe du service Presse de la HAS. Dans le cas de la plagiocéphalie, les données et recommandations existantes permettent de s’orienter plutôt vers une « fiche mémo» qui pourra être disponible plus rapidement. »
Des parents perplexes
Une démarche que le Dr Caron estime utile : « C’est très bien que l’on dispose bientôt d’un document estampillé HAS, cela permettra aux parents d’y voir plus clair ». Le pédiatre s’inquiète de voir des parents « de plus en plus perdus entre les recommandations des médecins et tout ce qu’ils entendent ou lisent par ailleurs, au risque de ne plus coucher leur bébé sur le dos ». Car c’est bien le problème, les autres positionnements parfois suggérées, sur le côté notamment, ne sont pas sécuritaires pour les tout-petits.
François-Marie Caron rappelait dans nos colonnes, en avril dernier, qu’une fois sur le côté les bébés peuvent se retrouver à plat ventre et qu’ils sont incapables de se retourner avant l’âge de 4 mois au moins. Quant aux « cale-bébé » dont les sites d’articles de puériculture regorgent, le médecin rappelle qu’ils ont été banni du marché américain, car jugés dangereux par les autorités sanitaires. « On peut faire dormir le bébé une fois à la tête du lit et la fois suivante de l'autre côté, avec un mobile sur le côté pour attirer son attention. En revanche, on dort sur le dos sans oreiller et sans couverture », conseille simplement le pédiatre.
Faire bouger les tout-petits
Pédiatre, kinésithérapeutes et ostéopathes se retrouvent au moins sur un point : tout manque de mobilité restreint les mouvements de l’enfant et l’incite à rester dans une position ce qui peut favoriser la plagiocéphalie. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’un crâne aplati amène à diagnostiquer un torticolis chez le bébé. Des séances de kinésithérapie selon alors utiles.
Même si aucune étude ne prouve l’efficacité de la méthode, de nombreux parents s’en remettent eux à l’ostéopathie. « Nous agissons, toujours de manière très douce, pour libérer les tensions sur la colonne et rendre la liberté de mouvement, explique Youri Bertucchi, ostéopathe D.O à Toulouse. Le kiné va lui plutôt aider l’enfant à bouger, à travailler la mobilité de son tronc et de ses membres, nos actions sont complémentaires. Plus les parents consultent tôt, plus la récupération est bonne.»
Le praticien rappelle que lutter contre la plagiocéphalie passe par des actions simples qui augmentent la mobilité du nourrisson en journée : « Un tapis d’éveil peut-être utilisé dès la naissance. Et il ne faut pas hésiter à faire jouer les bébés sur le ventre, même s’ils protestent un peu, cela leur permet de travailler leurs appuis ». L’ostéopathe souligne lui-aussi l’importance de ne pas abuser de la nacelle pourtant jugée bien pratique par de nombreux parents. « Les bébés y passent parfois beaucoup de temps, or ils n’y sont pas toujours à l’aise. La position qu’ils adoptent est un peu comparable à la nôtre, avachi dans un canapé : cela ne favorise pas la mobilité du tronc ». Durant les premiers mois, il faut donc préférer le portage, en écharpe notamment, qui met le bébé dans une position beaucoup plus physiologique, « et à portée de bisous, c’est important aussi », sourit Youri Bertucchi.
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