Alcool et grossesse n’ont jamais fait bon ménage. Personne ne contestera ce postulat, entendu par tous depuis la nuit des temps. Pourtant, certaines femmes, pour diverses raisons, continuent de boire lorsqu’elles sont enceintes. Très souvent, elles ne sont pas correctement accompagnées et n’arrivent pas à se sortir de cette addiction qui a des conséquences sur le fœtus.

Pour défendre le droit des enfants et celui des femmes, le Club Cadres Réunion (Club de cadres et de jeunes diplômés en recherche d’emploi) et les experts de SAF France se sont unis pour mettre en place la première édition du SAFTHON, un téléthon du SAF (syndrome d’alcoolisation fœtale), qui se déroulera vendredi 8 et samedi 9 septembre, à l’occasion de la journée internationale des troubles causés par l’alcoolisation fœtale (le 9 septembre).

Le SAFTHON est destiné à faire prendre conscience à la société des troubles causés par l’alcoolisation fœtale et à souligner l’importance du nombre de personnes touchées dans le monde (1,3 million, dont 8 000 enfants touchés chaque année en France).

Dans une interview accordée à Magicmaman, le docteur Lamblin, pédiatre spécialiste du SAF et des TCAF (troubles causés par l’alcoolisation fœtale) et président de l’association SAF France, a accepté de revenir sur ces deux journées particulières et sur les effets de l’alcool sur le fœtus.

A partir de quelle quantité l’alcool est-il dangereux pour le fœtus ?

Le risque est proportionnel à la dose ingurgitée. Il n’y a aucune consommation d’alcool sans risque. C’est un tératogène, c’est-à-dire que ses agents provoquent des malformations au niveau du fœtus. Si l’alcool était un médicament, il serait totalement interdit.

Après, comme chacun le sait, nous sommes tous inégaux face à l’alcool et à ses effets. Par exemple, j’ai le cas de deux faux jumeaux, l’un est atteint d’un trouble causé par l’alcoolisation fœtale et l’autre pas.

Nous avons encore besoin de faire des recherches pour identifier quels facteurs génétiques permettent de protéger le fœtus des effets néfastes de l’alcool.

Que se passe-t-il pour le fœtus quand une femme enceinte boit de l’alcool ?

Un verre d’alcool dans l’organisme de la maman équivaut à un verre d’alcool dans l’organisme du fœtus. Il est même encore plus alcoolisé que sa mère puisqu’il conserve beaucoup plus longtemps la substance dans le liquide amniotique. Il perd ainsi des dizaines de milliers de neurones, ce qui peut provoquer toutes sortes de TCAF dont des troubles cognitifs.

Quels sont ces TCAF justement ?

Il existe plus de 400 pathologies. Parmi elles, on recense plusieurs morts subites du nourrisson, des troubles de la vision, de l’attention, des malformations physiques…

Les troubles cognitifs sont décelés vers l’âge de 4 ans, quand un enfant commence à aller à l’école. On constate parfois qu’il a des retards scolaires à cause de difficultés de compréhension. On remarque aussi qu’il a des problèmes de comportement en société. Les enfants touchés ne sont pas idiots, la plupart ont un QI « normal », en revanche leur niveau d’adaptation sociale est faible. Ils sont impulsifs, ils manquent d’empathie, ils sont hyper ou hypo sensibles (un peu comme les enfants autistes), d’ailleurs l’autisme peut être dû à une alcoolisation prénatale.

Peut-on guérir un enfant atteint de TCAF ?

Les TCAF durent toute la vie. Il faudrait accompagner le plus précocement possible les enfants atteints afin de les aider à s’insérer socialement et leur éviter une vie de rejet et d’exclusion. C’est pour cela que poser le diagnostic au plus vite est indispensable, ce qui nous impose, nous, professionnels, d’être à l’écoute des femmes et de ne pas juger celles qui ont des problèmes avec l’alcool.

Quel est l’objectif de SAFTHON ?  

SAFTHON vise trois publics avec trois discours différents : les femmes enceintes qui ont un problème d’alcoolémie, on veut leur dire qu’on ne les juge pas ; les femmes enceintes qui boivent « pour les mondanités » sans savoir qu’elles sont enceintes ; à elles ont veut dire qu’il est encore temps d’avoir une grossesse bien suivie, afin d’anticiper tous les risques ; et les jeunes dans les écoles/collèges, oùon leur dit d’utiliser des contraceptifs, et on les met en garde sur les effets de l’alcool quand on est enceinte.

Le but est de ne juger personne, d’enlever les tabous liés à l’alcoolisme et aux femmes qui boivent alors qu’elles sont enceintes. L’essentiel est de sauver ces bébés et de ne pas, si possible, retirer la garde à leurs mères.

Vendredi 8 et samedi 9 septembre, le but est de sensibiliser au maximum la population à ce fléau, qui représente un vrai enjeu de société. Des rassemblements auront lieu dans les DOM-TOM ainsi qu’en Alsace, en Aquitaine et en Bretagne notamment. Nous souhaitons collecter des fonds afin de financer les recherches, la formation des professionnels et la prévention dans les écoles. Dès cette première édition, nous aimerions réunir trois millions d’euros.

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Pour soutenir cette cause encore trop discrète en France, vous pouvez participer au SAFTHON en envoyant un don. Pour cela, il vous suffit d’appeler le 3220 et de dire « SAFTHON » (appel gratuit), vous pouvez également le faire via le site internet : www.saffrance.com.