Le ruban rouge, symbole de la solidarité vis-à-vis des victimes du VIH et du sida, installé sur la façade de l'hôtel de ville de Paris, le 1er décembre 2010 — REVELLI-BEAUMONT/SIPA
Camille Genton veut se battre contre la « sérophobie insidieuse dans notre société ». Cet entrepreneur de 32 ans a lancé ce vendredi un manifeste « Nous sommes tous positif.ve.s » dénonçant les discriminations associées à la séropositivité, et signé notamment par deux anciennes ministres de la Santé, Roselyne Bachelot et Marisol Touraine. Atteint du VIH depuis sept ans, Camille Genton raconte également son expérience dans Positif (Editions Lattès). 20 Minutes l’a interrogé.
Pourquoi avoir écrit ce manifeste ?
C’est un acte militant, mais pas associatif, ni revendicatif. Simplement un témoignage de la société civile. Nous avons fait ce constat : il existe une sérophobie insidieuse dans notre société. Cette discrimination à l’encontre des personnes séropositives n’a aucun fondement médical. Un patient bien traité n’est pas contaminant. J’ai moi-même des rapports sexuels non protégés depuis sept ans. Ma protection, c’est mon traitement. Les gens doivent l’entendre. Et plusieurs études montrent que les séropositifs ont la même espérance de vie que les autres. On peut vivre normalement à partir du moment où on prend un traitement. A 32 ans, je vis avec le VIH simplement et normalement. L’idée n’est pas de banaliser, mais d’éviter les stigmatisations.
Vous parlez d’une « double peine » qui frappe les séropositifs…
Cette discrimination s’exprime dans le regard des autres, les discriminations à l’embauche, dans l’acceptation de certains médecins, le refus de dentistes ou de gynécologues. Il y a aussi l’impossibilité de se déplacer dans certains pays, les problèmes juridiques, les difficultés pour l’accès au crédit… J’ai choisi de mener une vie normale jusqu’au bout, de ne pas avoir à justifier mon état de santé à partir du moment où mon espérance de vie serait la même que tout le monde. Je suis rentré dans la vie professionnelle il y a sept ans, le même mois ou j’ai appris que j’étais séropositif. Après de nombreux refus, j’ai donc décidé de mentir pour obtenir des prêts et ouvrir mon restaurant. Aujourd’hui, je vais bientôt ouvrir le dixième.
Comment lutter contre cette discrimination ?
La science a avancé plus vite que le regard de la société ou que le droit. Bien sûr, les choses avancent et la société civile doit continuer à s’exprimer, car la méconnaissance crée le tabou. Le film 120 battements par minute [dont le premier rôle, Nahuel Pérez Biscayart, est signataire du manifeste] a beaucoup fait pour parler de la lutte contre la mort. Moi je voulais montrer qu’on pouvait vivre avec. Quand on l’apprend, en France on a une chance extraordinaire, dans les hôpitaux, avec les associations. Mais moi, à 25 ans, il me manquait le discours de quelqu’un de mon âge, auquel je pouvais m’identifier en me disant « il mène une vie normale ». Les porte-paroles de l’époque étaient plutôt d’une autre génération, qui se battait contre la mort. Aujourd’hui, en France ce n’est plus une maladie mortelle mais chronique.
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