L’année dernière, 530 médicaments ont été en rupture d’approvisionnement, soit 30% de plus qu’en 2016 et 12 fois plus qu’en 2008. Un phénomène structurel, principalement dû à des difficultés de production.
Le problème s’est encore posé très récemment, lorsque le laboratoire pharmaceutique Sandoz a annoncé en octobre 2017 que son antibiotique indiqué dans le traitement de la syphilis serait en rupture de stock pendant 6 mois. Comme ce médicament, 530 produits figurant sur la liste des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) ont fait l’objet d’une rupture de stock et/ou de tensions d’approvisionnement en 2017, selon une information de l’Agence du médicament (ANSM) rendue publique le 28 février par nos confrères du Parisien.
Qu’est-ce qu’une rupture d’approvisionnement?
Il est question de rupture d’approvisionnement d’un médicament dès lors qu’une pharmacie de ville ou d’hôpital se trouve dans l’impossibilité de le délivrer à un patient dans un délai de 72 heures. Dans le cas des MITM, une pénurie peut aller jusqu’à mettre en jeu le pronostic vital des malades, avec notamment des ruptures de soins, des arrêts de traitements chroniques ou encore des reports d’opérations. En tête des médicaments les plus touchés figurent les anti-infectieux, dont les vaccins, les médicaments du système nerveux (épilepsie, maladie de Parkinson...) ainsi que les anticancéreux.
Déjà, dans un rapport d’activité publié en 2015, l’Agence du médicament jugeait la situation préoccupante. Cette année-là, 391 médicaments avaient été en rupture d’approvisionnement, contre seulement 44 en 2008. Par la suite, entre 2013 et 2016, la tendance s’est stabilisée aux alentours de 400 médicaments. Mais le phénomène s’est fortement accentué en 2017. Comment cela s’explique-t-il?
À quoi sont dues ces ruptures d’approvisionnements?
Elles sont tantôt imputables à des difficultés liées à la production (capacité de production insuffisante, retard, manque ou absence des matières premières, mauvaises prévisions de vente, défaut de qualité, incident...), tantôt à un arrêt de commercialisation ou encore à des problèmes logistiques responsables d’une rupture de la chaîne de distribution. Des phénomènes accentués par la concentration et la délocalisation des usines, ainsi que par le mode de production en flux tendu (pas de stock).
Désormais, 60% à 80% du volume de matières premières à usage pharmaceutique sont fabriqués en dehors de l’Union Européenne. Or ce taux ne dépassait pas 20% il y a 30 ans, selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales. «À des milliers de kilomètres des sources de production, tout aléa politique, informatique, industriel, climatique, de transport, a immédiatement beaucoup plus d’impact. Toute la chaîne peut se retrouver bloquée en raison de la rupture d’un simple excipient», illustre l’Ordre des pharmaciens. En clair, il suffit d’un grain de sable pour endommager cet engrenage titanesque.
Ce nombre important de ruptures de stock de médicaments vitaux n’est toutefois pas propre à la France. Il s’exprime «à l’identique à l’échelle européenne et internationale», rappelle l’Agence française du médicament, qui ajoute que «dans un pays comme la France où l’offre en médicaments est très importante et diversifiée, le nombre de signalements reste relativement limité au regard du nombre important de spécialités commercialisées».
Que se passe-t-il en cas de pénurie?
Depuis 2012, les laboratoires pharmaceutiques sont tenus d’informer l’Agence du médicament de tout risque de rupture de stock, mais aussi de mettre en place, de concert avec l’Agence, des solutions alternatives permettant de faire face à la situation. En parallèle, l’ANSM informe les professionnels de santé et les associations de patients des ruptures d’approvisionnement effectives ou anticipées et précise, s’il y a lieu, les recommandations éventuelles pour gérer cette pénurie. Il peut s’agir d’un report sur des médicaments concurrents ou d’une importation de médicaments disponibles à l’étranger ne disposant pas d’autorisation de mise sur le marché en France.
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