Santé. Attention, certains autotests de dépistage ne sont pas fiables

L’Académie de pharmacie a analysé les autotests en vente libre en pharmacie. Les tests rapides de la maladie de Lyme ou des allergies, par exemple, sont inutiles. Ceux du VIH ou du tétanos sont précieux.

À la demande du ministère de la Santé, L’Académie de pharmacie a analysé les « autotests » de prévention et de dépistage vendus sans prescription médicale et a fait le tri dans un rapport présenté lundi à la presse. Le bilan est mitigé : trois sont jugés utiles, cinq sont inutiles et cinq autres sont « à valider ».

Les inutiles

Maladie de Lyme

Elle est très médiatisée, source de controverses entre spécialistes, et présente des symptômes cliniques variables. L’autotest recherchant des anticorps anti Borellia n’est pas fiable, estime l’Académie. Le risque de faux positif et de faux négatif est très fort.

Allergies

Il teste les igE totales (immunoglobulines), mais leur augmentation ne signifie pas obligatoirement que la personne est allergique. A contrario, le résultat négatif n’exclut pas que la personne puisse avoir un terrain allergique. Le risque de s’inquiéter (ou de se rassurer) à tort est fort.

Test anti-Heliobacter pylori

Cette bactérie peut coloniser l’anse gastrique, provoquer des inflammations chroniques et évoluer vers un ulcère. En cas de suspicion, il faut privilégier la réalisation d’une gastroscopie avec biopsie.

Cancer de la prostate

L’interprétation du dosage de PSA (la substance recherchée par l’autotest) est « délicate ». L’autotest peut indiquer des résultats faussement positifs ou faussement négatifs. A ne pas utiliser sans avoir fait une consultation médicale juge le rapport.

Cancer colorectal

« Les performances de cet autotest ne sont pas connues et ne sont pas publiées par son fabricant », souligne le rapport. Inutile, donc, alors que la France a mis en place depuis 2009 une campagne de dépistage organisé. On reçoit le kit de dépistage chez soi, on réalise le prélèvement (de selles) qui est ensuite envoyé à un laboratoire. L’Académie de pharmacie recommande cependant que ce kit soit également disponible dans les pharmacies.

Le tableau des autotests utiles et inutiles. | Académie de pharmacie

Les utiles

L’autotest VIH

(recherche des anticorps anti-VIH). Vendu en pharmacie depuis septembre 2015, il présente un vrai intérêt de santé publique, estime l’Académie de pharmacie. Quelque 25 000 Français ignorent qu’elles sont porteuses du virus. Attention, cependant, cet autotest ne doit être réalisé que trois mois après le dernier rapport sexuel à risque. Le résultat positif de l’autotest doit être confirmé par un test en laboratoire.

L’autotest de protection du virus antitétanique

Le test détecte la présence d’anticorps antitétanique, permettant de savoir si le vaccin est toujours actif. Utile pour éviter une vaccination inutile dans un contexte de méfiance du public par rapport aux vaccins. Rappelons que le tétanos est une maladie au pronostic très défavorable. Le vaccin antitétanique est obligatoire chez le nourrisson. Les rappels de l’adulte sont recommandés à 25 ans, 45 ans, 65 ans, puis tous les dix ans.

Tests urinaires

Ils détectent une infection urinaire (trop de globules blancs, augmentation de nitrites), la présence anormale de protéines dans les urines ou d’un excès de glucose (sucre). Ils sont éprouvés et fiables et permettent le dépistage. Après, il est temps de prendre rendez-vous avec son médecin.

Les « mitigés »

Test de fécondité

Il dose l’hormone LH, qui connaît son pic avant l’ovulation. Il peut confirmer l’imminence de l’ovulation, utile aux couples qui cherchent le moment le plus opportun pour faire un enfant.

Mesure du cholestérol total

L’autotest de dépistage d’une hypercholestérolémie totale a un intérêt limité. Les recommandations récentes de la Haute autorité de santé recommandent de prendre en compte des concentrations plus précises que ce que permet cet autotest et le dosage des triglycérides.

Dépistage d’une hypoferritinémie

Pourquoi pas, s’il y a soupçon d’anémie. Mais l’interprétation des résultats peut « s’avérer délicate ». L’Académie préconise plutôt de faire un test dans un laboratoire.

Test de l’hypothyroïdie

L’Académie juge plus prudent de faire un test en laboratoire, complété par un bilan biologique plus précis.

Test de la ménopause

Il dose l’hormone FSH. Il peut s’avérer utile, mais l’Académie précise que le passage à la ménopause s’effectue progressivement, et que les symptômes varient énormément d’une femme à l’autre.

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