Maux de tête, troubles du sommeil, de l'attention et de la mémoire, isolement social… L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) reconnaît "la réalité vécue" des symptômes exprimés par les personnes se déclarant électro-hypersensibles (EHS)"qui doivent être pris en charge", selon son rapport d'expertise publié ce 27 mars. Et ce, malgré l'absence à ce jour de lien scientifique prouvé, entre les symptômes et leur exposition aux ondes électromagnétiques, ajoute l'Anses.
Environ 5% de la population déclarée électro-hypersensible
Dans son rapport, l'Anses précise qu'il n'existe pas, à ce jour, de critères de diagnostic de l'EHS validés, et que "la seule possibilité pour définir l'EHS repose sur l'auto-déclaration des personnes". Néanmoins, les données les plus récentes indiquent qu'environ 5% de la population en France se déclareraient électro-hypersensibles. Ces données "ne semblent pas confirmer la perspective d'une augmentation progressive de la prévalence de l'EHS".
Les symptômes les plus fréquemment rapportés, dans la plupart des études scientifiques descriptives,ainsi qu'à travers les témoignages, sont la fatigue et les troubles du sommeil. Les symptômes décrits sont également "multiples [migraine, troubles cutanés etc.], communs à de nombreuses autres affections et hétérogènes, avec des descriptions variables". Mais "quoi qu'il en soit, les plaintes (douleurs, souffrance) formulées par les personnes se déclarant EHS correspondent à une réalité vécue", conclut l'Anses. Ces personnes ont "besoin d'adapter leur quotidien pour y faire face".
Le rôle des ondes n'est pas prouvé
Pourtant, de nombreux témoignages de personnes se déclarant EHS rapportent la fin de leurs symptômes avec la fin de l'exposition aux ondes, ajoute le rapport. Mais les données scientifiques disponibles à l'heure actuelle "ne plaident ni en faveur ni en défaveur d'une amélioration de leur état de santé à la suite d'un abaissement des niveaux d'exposition", considère l'Anses. De même, aucune donnée scientifique ne permet "d'objectiver l'efficacité de zones blanches ou d'immeubles « blanchis », ni de chambres d'hôpital spécifiques, sur la réduction des symptômes rapportés par les personnes se déclarant EHS".
L'Anses formule plusieurs recommandations considérant "les incertitudes liées aux données scientifiques disponibles (ou non) sur l'EHS". Elle préconise aux pouvoirs publics de pérenniser le financement de l'effort de recherche sur les effets sanitaires des radiofréquences et de soutenir notamment la mise en place d'infrastructures de recherche adaptées à l'EHS (pour effectuer des études de provocation, etc.).
Une prise en charge adaptée par le système de soins
Les symptômes peuvent avoir "un retentissement important sur la qualité de vie" des personnes se déclarant EHS. Ce qui "nécessite et justifie" leur prise en charge"adaptée par les acteurs des domaines sanitaire et social", ajoute l'Anses. Elle souhaite que la Haute autorité de santé passe le message aux professionnels de santé. L'Agence préconise également de développer leur formation sur la problématique de l'électro-hypersensibilité, la formation des acteurs sociaux à l'accueil et à l'écoute des personnes se déclarant électro-hypersensibles. "Pour améliorer la prise en charge des personnes se déclarant EHS, il est avant tout indispensable d'établir et de préserver un climat de confiance entre les personnes se déclarant EHS d'une part et les acteurs sanitaires et sociaux d'autre part", souligne l'Anses. Une telle prise en charge est par ailleurs "une condition nécessaire à la réalisation de travaux de recherches de qualité".
L'association Priartem-Electrosensibles de France ainsi que l'eurodéputée écologiste Michèle Rivasi ont salué un rapport "qui va dans le bon sens", avec une reconnaissance de la réalité des symptômes des électro-hypersensibles, des préconisations en termes de recherche et de prise en charge. "C'est un pas dans la bonne direction. Il faut maintenant que le lien de causalité soit reconnue", a également indiqué Jeanine Le Calvez, vice-présidente de Priartem.
Ce rapport d'expertise a été lancé en 2014 par l'Anses, suite à son évaluation des risques pour la santé liés à l'exposition aux radiofréquences parue en octobre 2013. Son objectif était de chercher à comprendre l'EHS "dans sa complexité", de la caractériser, et d'étudier la plausibilité des différentes hypothèses avancées pour expliquer l'origine des troubles. Le rapport de l'Anses est basé sur l'analyse de la littérature scientifique disponible (études cliniques et études épidémiologiques principalement) et plusieurs auditions de parties prenantes (médecins hospitaliers et généralistes, chercheurs, associations et personnes concernées). La période de référence pour la veille bibliographique s'étend d'avril 2009 à juillet 2016. Le pré-rapport de l'Anses avait été mis à consultation publique de juillet 2016 à octobre 2016. Plus de 500 contributions complémentaires à son analyse ont été recueillies, issues de scientifiques et de parties prenantes.
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