Les tampons 100% coton protègent moins du risque de choc toxique (SCT) lié aux règles que les autres tampons, bien que tous doivent être changés très régulièrement, d'après une nouvelle étude. Les coupes menstruelles, ou cups, en revanche, entraînent une augmentation de ce risque par rapport aux tampons et devraient donc être stérilisées entre chaque insertion. En cause : le volume d'air prisonnier de la protection hygiénique, qui sert de niche aux bactéries. Ces travaux, réalisés à Lyon par l'équipe de Gérard Lina, professeur de microbiologie à l'université Claude Bernard, font suite à une étude publiée le 4 juillet 2017, dont les résultats préliminaires indiquaient déjà que c'était le temps entre deux changes qui était responsable des chocs toxiques liés aux règles, et non la composition des tampons. Des conclusions confirmées par cette nouvelle publication dans Applied and Environmental Microbiology, une revue de l'American Society for Microbiology.
"SCT" LIE AUX REGLES. Le syndrome du choc toxique, rare, n'est pas toujours lié aux règles. Ce terme désigne en effet une réaction immunitaire fulgurante et potentiellement létale face à l'entrée dans la circulation sanguine d'une toxine bactérienne, parfois dû à un streptocoque et plus souvent à la toxine TSST-1 du staphylocoque doré (Staphylococcus aureus), comme c'est le cas pour le choc toxique lié aux règles. L'infection à l'origine du choc toxique peut arriver suite à une blessure, une chirurgie ou même une sinusite, et bien sûr par un mauvais usage des tampons ou des coupes menstruelles. Il est ainsi depuis longtemps conseillé aux femmes de changer de tampon régulièrement pour éviter un choc toxique, une affection rare et potentiellement mortelle due au staphylocoque doré.
Les tampons 100% coton sont moins protecteurs que certains tampons classiques contre les SCT liés aux règles
Le but de cette étude était de réévaluer l'impact des tampons et des coupes menstruels actuellement commercialisés sur la croissance de S. aureus et la production de TSST-1 en utilisant des conditions expérimentales proches de l'utilisation typique du tampon et de la coupe menstruelle. Les chercheurs ont donc testé onze types de tampons et quatre coupes menstruelles en laboratoire pour étudier leur effet sur le développement du staphylocoque doré. Ils ont placé les tampons et les coupes dans des sacs en plastique puis injecté du liquide et une trace de bactérie prélevée sur une patiente ayant subi un choc toxique en 2014, puis les ont fermés et laissés ainsi pendant huit heures.
Leur conclusion : l'addition de fibres telles que la viscose ou la rayonne permettait de diminuer la prolifération de S. aureus par rapport aux 100% coton. Cependant, une fois les tampons déconstruits la différence disparaissait, suggérant que cet effet n'est pas dû à une substance en particulier mais à la structure des fibres. Les différences de croissance de S. aureus selon les différentes marques de tampons "ne sont pas expliquées par des contaminants ou des molécules additives", confirme le Dr Lina dans un communiqué de la revue Applied and Environmental Microbiology. Il confirme que le type de tampon ne fait pas de différence tandis que la quantité d'air entre les fibres semble augmenter le risque de croissance de la bactérie. "De telles différences peuvent résulter de la nature de la fibre (incluant tous les composés additifs qui ne peuvent pas être dissociés), de la structure des fibres et éventuellement de la densité des fibres", a déclaré le Dr Lina.
Les coupes menstruelles entrainent une augmentation du risque de SCT liés aux règles par rapport aux tampons
Les coupes menstruelles semblent elles permettre un développement accru de bactéries par rapport aux tampons, ce qui s'expliquerait là aussi par l'apport d'air supplémentaire qu'elles laissent passer. Il existe au moins un cas recensé de femme ayant souffert du syndrome du choc toxique après avoir utilisé une coupe menstruelle. "Nous avons observé une légère augmentation de la croissance de S. aureus et de la production de toxines avec les coupes menstruelles, en raison de l'introduction d'un volume d'air plus élevé qu'avec les tampons", expliquent les auteurs dans la publication.
STERILISATION. Les chercheurs remarquent qu'au contact de la coupe, S. aureus forme un biofilm (agglomérat de bactéries très résistant) compact, "résistant aux simples lavages à l'eau". Ils recommandent donc de "faire bouillir" la coupe menstruelle entre chaque insertion, jugeant insuffisantes les instructions du produit qui ne préconisent la stérilisation de la cup qu'entre deux cycles, et un lavage à l'eau entre temps. La contamination se faisant lorsque les bactéries sont en contact prolongé avec le sang et que ce dernier entre en contact avec la muqueuse vaginale, les chercheurs recommandent d'utiliser des coupes menstruelles de petite taille à changer régulièrement, de préférence avec une deuxième coupe préalablement stérilisée.
RAPPEL. En janvier 2018, l'agence Santé Publique France réagissait à 5 cas récents de SCT liés aux règles par les recommandations suivantes :
- Evitez d’utiliser des tampons si vous avez déjà reçu un diagnostic de SCT ;
- Lavez-vous les mains au savon avant d’insérer ou de retirer un tampon ou une coupe menstruelle ;
- Changez de tampon toutes les 4 à 8 heures et évitez d’en porter la nuit : n’utilisez un tampon que pendant une partie de la journée en alternant l’utilisation des tampons et des serviettes hygiéniques. Utilisez, par exemple, des serviettes la nuit et des tampons le jour ;
- N’oubliez pas d’enlever le tampon ;
- Attendez le début de vos règles avant d’utiliser un tampon. Évitez d’utiliser un tampon par mesure de précaution lorsque vous vous attendez à être menstruée d’une journée à l’autre ou pour absorber d’autres types de pertes ;
- Utilisez des tampons ayant un pouvoir absorbant minimal nécessaire pour répondre à vos besoins personnels. Le risque de contracter un CTS est plus élevé avec des tampons très absorbants.
Avec AFP.
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