Les chercheurs sont-ils en passe de trouver un traitement contre la maladie d’Alzheimer ? Alors qu’en France, cette maladie neurodégénérative touche près de 900 000 personnes, elle reste à ce jour incurable. Mais une étude présentée à Chicago lors d’un congrès mondial consacré à la lutte contre la maladie d’Alzheimer constitue une réelle lueur d’espoir.
Un vaste essai clinique
Vendredi 27 juillet, le laboratoire américain Biogen et son partenaire japonais Eisai ont présenté conjointement un essai clinique réalisé sur 858 patients atteints de la maladie à un stade précoce. Lors de la phase II de l’essai, tous ont été soumis pendant 18 mois à une nouvelle molécule appelée BAN32401. Pour la première fois, les chercheurs ont constaté que ce traitement permettait de ralentir la progression de la maladie chez les patients en réduisant les plaques amyloïdes accumulées dans le cerveau.
Ces plaques amyloïdes sont non seulement un marqueur de la maladie d’Alzheimer, mais elles sont aussi responsables de l’altération des fonctions mentales des malades, et en particulier de la perte de mémoire. Composées de la protéine A-bêta, elles s’accumulent de manière anormale au niveau des neurones, entraînant de manière progressive et irrémédiable des lésions cérébrales.
Lors de l’essai clinique, certains patients ont reçu des doses plus importantes de la molécule BAN32401 : 10 mg par kg et par mois, ou tous les 15 jours. Les scientifiques ont alors observé une baisse de l’aggravation des troubles de la mémoire chez 30% des patients. Au bout de 18 mois, les plaques amyloïdes avaient disparu.
Pour Alfred Sandrock, responsable de la recherche chez Biogen, "ces résultats soulignent que les maladies neurodégénératives pourraient ne pas être aussi difficiles à traiter qu’elles le paraissaient".
"Un traitement d’ici 2 ou 3 ans"
Un point de vue que partage le Pr Bruno Vellas, fondateur du Gérontopôle du CHU de Toulouse et du Consortium européen sur la maladie d'Alzheimer (EADC). Interrogé par La Dépêche, il affirme que cette nouvelle molécule pourrait révolutionner la prise en charge de la maladie d’Alzheimer. "Si cette phase II est confirmée par les phases III, en cours y compris à Toulouse, nous avons de grandes chances de parvenir à un traitement d’ici 2 ou 3 ans."
Le spécialiste de la maladie d’Alzheimer évoque aussi les effets secondaires de la molécule BAN32401 : la formation chez environ 10% des patients d’œdèmes et d’inflammations du cerveau, liés à l’utilisation d’anticorps monoclaux. "Certains patients ont ces œdèmes mais pas de symptômes, d’autres ont des symptômes et à ce moment-là il vaut mieux arrêter les doses", prévient-il.
Autre avancée évoquée par le Pr Vellas : celle de la découverte par les laboratoires Roche d’un marqueur biologique de la maladie d’Alzheimer. "Actuellement, pour détecter la formation des plaques amyloïdes, il faut passer un Pet Scan cérébral. C’est cher. Demain, il suffira d’une simple prise de sang pour identifier ce peptide amyloïde et étudier des molécules susceptibles d’empêcher la production de plaques plutôt que de les détruire. Certains sont déjà en cours d’essai."
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