
La Fondation ARC pour la recherche sur le cancer a remis hier une subvention de 420 000 € à Jean-Philippe Girard, directeur de l'IPBS. Son équipe travaille sur les vaisseaux sanguins qui combattent le cancer.
Les travaux de votre équipe ont bouleversé la recherche sur le rôle des vaisseaux sanguins dans le cancer, pourquoi ?
Parce que nous avons rompu le dogme selon lequel les vaisseaux sanguins nourrissent la cellule cancéreuse et l'aident à se développer. En 2011, nous avons découvert que tous les vaisseaux ne sont pas équivalents et que certains contribuent à lutter contre la tumeur. C'est le cas des vaisseaux sanguins HEV (High Endothelial Venule) dont on connaissait la présence dans les organes lymphoïdes (amygdales, ganglions notamment) mais que nous avons aussi repéré dans certaines tumeurs solides du sein, de la peau, des ovaires.
Comment fonctionnent-ils ?
Ces vaisseaux sanguins sont essentiels pour faire circuler les lymphocytes (globules blancs) dans l'organisme et donc pour lutter contre les bactéries, les virus. Nous avons été les premiers à montrer qu'ils permettent aux lymphocytes tueurs de pénétrer le cœur de la tumeur pour détruire les cellules cancéreuses. Dans l'étude clinique menée avec l'Institut Claudius Regaud-Institut universitaire du cancer Toulouse Oncopole, la survie à dix ans des patientes atteintes de cancer du sein monte à 80 % lorsque la tumeur présente de nombreux vaisseaux HEV, contre 50 % lorsque les vaisseaux HEV sont peu nombreux. Mais ce qui nous fascine, c'est que ces vaisseaux HEV sont capables de recruter des lymphocytes «naïfs», qui vont venir apprendre à éliminer la cellule cancéreuse et ça, c'est la clé pour trouver des traitements contre les métastases.
Comment transformer cette découverte en traitement ?
Notre objectif est de pouvoir mettre au point des traitements qui augmenteraient le nombre de vaisseaux HEV dans les tumeurs, voire d'en créer quand il n'y en a pas. La subvention de la Fondation ARC doit nous aider à identifier des molécules qui pourraient transformer des vaisseaux classiques en vaisseaux HEV. On pense bien sûr à des combinaisons avec l'immunothérapie, pour la rendre plus efficace. C'est comme si nous rajoutions des portes d'entrée pour les lymphocytes.
Qui sont vos concurrents sur le projet ?
Peu d'équipes dans le monde travaillent sur ce sujet, nous avons longtemps été les seuls et nous bénéficions à ce titre d'une expertise de plus de vingt ans. Nous avons notamment passé cinq ans à trouver des modèles animaux qui reproduisent ce que nous voyons chez les patients. Nous sommes à la pointe pour l'observation, en direct, du passage des lymphocytes à travers les vaisseaux. Mais nous sentons la pression arriver. Des équipes américaines, avec de plus gros moyens que nous, se lancent, c'est bon signe, nous avancerons plus vite.
3 millions € en 10 ans
La Fondation ARC a remis hier 420 000 € au chercheur Jean-Philippe Girard pour ses travaux menés sur les vaisseaux HEV, dans le cadre de l'appel à projets «Programme Labellisé Fondation ARC ». Depuis 10 ans, la Fondation ARC a accordé 39 financements à l'IPBS (Institut de pharmacologie et de biologie structurale de Toulouse/CNRS/Université Toulouse III Paul-Sabatier) pour un montant de 3,1 millions d'euros.
Triathlon des roses
Le dimanche 23 septembre, aux Argoulets à Toulouse, pour la troisième année, le Triathlon des roses est organisé au profit de la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer du sein. Infos sur le site triathlondesroses.fr
https://www.ladepeche.fr/article/2018/09/07/2864153-des-vaisseaux-sanguins-pour-tuer-les-cellules-cancereuses.htmlBagikan Berita Ini
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