
Santé publique France a publié ce lundi un bulletin épidémiologique consacré aux maladies transmises par le moustique tigre. L’agence appelle à réorienter la stratégie de traitement et de prévention pour limiter les épidémies.
Observé en métropole pour la première fois en 2004, le moustique tigre fait aujourd’hui partie du paysage français. Depuis l’année dernière, l’insecte porteur de virus comme le chikungunya ou la dengue est présent dans plus de la moitié des départements. Dressant le bilan des mesures mises en œuvre depuis 2010, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié ce mardi par Santé publique France invite à adapter le dispositif aux nouveaux enjeux posés par la prolifération du moustique.
Depuis 2010, on compte en métropole 54 cas de transmission, dont 31 cas de chikungunya et 23 de dengue. Pour limiter les chaînes de transmission – quand un moustique tigre «français» pique un malade, devient contagieux au bout de quelques jours et pique à nouveau – le docteur Christine Ortmans, responsable du département «Veille et sécurité sanitaire» à l’Agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte d’Azur (ARS Paca) et collaboratrice du BEH, propose plusieurs axes d’amélioration du dispositif français.
Renforcer la sensibilisation
«Il est important de renforcer la sensibilisation du personnel médical, encourage-t-elle d’abord. Quand les symptômes sont identifiables, soit les malades ne consultent pas, soit les médecins ne demandent pas les tests permettant d’identifier le virus. Il faut donc rappeler aux professionnels de santé la marche à suivre.» Et pour faciliter la circulation d’informations entre les laboratoires et les agences de santé, l’ARS Paca planche sur une plateforme numérique qui mettra en lien les acteurs et permettra d’accélérer la lutte contre la contamination. Le projet devrait voir le jour d’ici 2020 et sera étendu à toute la France si les premiers essais sont concluants.
Les départements où l’implantation du moustique tigre est récente doivent quant à eux s’assurer d’avoir à leur disposition les moyens nécessaires à une réaction efficace. «C’est valable pour l’Île-de-France où les premiers moustiques tigres sont arrivés il y a seulement deux ans, note l’ARS Paca. La lutte contre les chaînes de contamination nécessite de former des équipes, d’investir dans du matériel coûteux.»
Enfin, le rapport de Santé publique France invite les équipes responsables de la démoustication à se concentrer uniquement sur les cas confirmés de contaminations et non sur les cas à risque. En 2018, sur les 214 cas traités, seuls 26% étaient réellement atteints par un virus.
Traquer les eaux stagnantes
Anthropophile, le moustique tigre se développe à 80% dans les espaces domestiques et se déplace seulement sur un rayon de 50 mètres. «S’il vous pique, cela veut dire qu’il est né dans votre jardin, ou qu’il est monté dans votre voiture, note le docteur Ortmans. Car si on observe l’évolution des cas en France, on voit que le moustique remonte de proche en proche le long de l’autoroute du Soleil.»
Il est alors conseillé d’empêcher la prolifération en éliminant les eaux stagnantes qui favorisent la ponte. «La sensibilisation est encore insuffisante, regrette l’ARS Paca. Il faut expliquer aux gens qu’il est impératif de nettoyer leur jardin, leur balcon, tous les petits objets domestiques où de l’eau peut stagner. Cela va des gouttières aux coupelles pour les plantes, en passant par les jouets ou les coins de toboggan.»
Des précautions d’autant plus importantes que le moustique tigre est devenu «indésirable mais incontournable», note le BEH. Difficile à déloger, cet insecte tropical prolifère grâce à la chaleur et à l’humidité. «Avec le réchauffement climatique, il risque de continuer à se déplacer vers le nord, conclut le docteur Ortmans. Et pour les régions à risque déjà victimes d’épidémies, on n’est pas à l’abri. Plus il y aura de voyageurs, plus il y aura de cas.»
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