« Il faut préparer notre système de santé à faire face à une éventuelle diffusion pandémique du virus et donc à (sa) circulation sur le territoire national. » Ce samedi, derrière son pupitre, Agnès Buzyn, à la veille de sa démission, a l'air grave en prononçant ces mots, lourds de sens, pour évoquer le coronavirus. Et pour cause, une pandémie, c'est une version XXL, à échelle mondiale, d'une épidémie.
« Moi-même, j'ai été étonné de l'entendre dire cela, car il ne me semble pas que nous en soyons au stade de penser à une pandémie. L'opération est délicate : il faut être prêt à parer à toutes les éventualités sans semer la panique pour autant », explique Jean-Paul Hamon.
Comme une cinquantaine de professionnels de santé (hospitaliers, médecins de ville, infirmier, Samu…), le président de la Fédération des médecins de France sera ce mardi matin, à 10 heures, au ministère de la Santé, pour une réunion convoquée à ce sujet. En présence, en toute logique, du nouveau ministre fraîchement nommé, Olivier Véran.
« La prévention plutôt que la réaction »
Officiellement baptisée « réunion de mobilisation du système de santé », elle était censée être menée par la ministre en personne, qui s'est entre-temps déclarée candidate pour mener la liste LREM à la mairie de Paris. Mais attention, ce n'est pas parce qu'on se prépare à une pandémie, que celle-ci va arriver, nous précise en substance la Direction générale de la santé (DGS) que nous avons jointe ce dimanche.
« Il s'agit d'être dans la prévention, plutôt que dans la réaction décrypte François Braun, le patron du Samu. Nous avons l'habitude de faire ce type de points, cela permet à tous les professionnels d'être au même degré d'information et de se coordonner lors de crises sanitaires. On peut être taxés de catastrophistes, mais mieux vaut être prêts, juste au cas où… »
Une réunion qui intervient alors que le Covid-2019, le nom officiel du coronavirus, a fait sa première victime mortelle dans l'Hexagone, un touriste chinois de 80 ans qui était hospitalisé depuis fin janvier à l'hôpital parisien Bichat, et que les tests de dépistage se sont révélés positifs pour un douzième patient en France, ce samedi, un Britannique quinquagénaire qui partageait le chalet de cinq autres de ses compatriotes aux Contamines-Montjoie (Haute-Savoie).
Mais comment se prépare-t-on à une pandémie? « En mettant en place la totalité des mesures de prévention et de précaution ou encore en planifiant les parcours de soins des malades, selon les régions, sans exclure des parcours innovants », détaille la DGS qui rappelle qu'un dispositif, baptisé Orsan, existe pour ce type de situation.
« Le plus important lors d'une pandémie est que le système d'information soit fluide et savoir gérer sans paniquer. Une pandémie ne signifie pas, par exemple, qu'on hospitalise toutes les personnes concernées », fait remarquer François Braun.
« Il faut rester rassurants »
Le docteur Jean-Paul Hamon a déjà assisté à ce type de réunion de préparation aux « pires des scénarios », notamment lors des épidémies de grippes aviaires et H1N1. « Nous avions étudié toutes les hypothèses, y compris les plus extrêmes, c'est-à-dire en cas d'écoles fermées, de transports à l'arrêt. Il y avait des situations avec des employés municipaux en tenues ultra-sécurisées qui distribuaient de la nourriture. D'autres, avec une protection militaire, des pharmacies pour éviter l'assaut vers des médicaments. Mais bien sûr, nous sommes loin, très loin, de cela avec le coronavirus. Le tout est de se dire que plus on se prépare, plus on est apte à tout gérer. »
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François Braun confirme : « On a de bons outils de diagnostic, une maladie avec des symptômes graves, mais qui ne touchent pas tout le monde. Il faut rester rassurants. Fort heureusement, on se prépare à plus de choses que ce qui se passe réellement. »
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