
Publié le 23 avr. 2020 à 16h43Mis à jour le 23 avr. 2020 à 17h22
Combien de Français ont-ils déjà été infectés par le coronavirus ? Cette question n'a pas de réponse claire, car on ne connaît pas la proportion de ceux qui ne présentent pas de symptômes, ou bien si peu de symptômes qu'ils ne consultent pas leur médecin. Il faudrait disposer de tests sérologiques fiables, permettant de sonder au hasard de grands échantillons de la population pour savoir s'ils ont « rencontré le virus », selon la drôle d'expression des épidémiologistes.
L'Institut Pasteur lève un coin du voile en publiant une première étude sérologique et épidémiologique portant sur 661 individus assez jeunes (moyenne d'âge, 37 ans). Elle vise à montrer la façon dont le virus se diffuse. Les personnes à qui on a fait une prise de sang ont toutes un lien avec l'un des lycées de Crépy-en-Valois, la commune de l'Oise où est apparu l'un des premiers clusters de coronavirus.
« Protecteurs »
Une première enquête systématique y avait été menée début mars. L'Institut Pasteur est revenu sur les lieux avec des tests sérologiques très sûrs, contrairement aux modèles qui commencent à être commercialisés. Résultat, 171 personnes présentent des anticorps, ce qui signifie que le taux d'attaque de l'infection dans cette communauté est estimé à 25,9 %.
Les femmes et les hommes ont été infectés dans des proportions équivalentes. Parmi les personnes ayant fréquenté le lycée, 41 % l'ont été. Chez les proches des lycéens, le taux d'attaque est de 11 %. Les chercheurs estiment qu'au moins 17 % des cas sont asymptomatiques.
Dans une famille, quand le lycéen n'a pas contracté le virus, seuls 9 % des parents ont été infectés, et 3 % des frères et soeurs. Ces données reflètent la circulation du Covid-19 en population générale, signalent les chercheurs. Elles sont cohérentes avec les relevés de l'établissement français du sang, avec 3 % de donneurs contaminés à proximité.
Si la famille compte un lycéen infecté, en revanche, 17 % des parents le sont, et 21 % de la fratrie. Pour rappel, avec le coronavirus, les enfants sont semble-t-il moins contagieux que les adultes, et tombent moins souvent malades, ou alors avec des symptômes sans gravité.
Recontamination ?
Autre observation des chercheurs : seulement 7,2 % des fumeurs ont été infectés, contre 28 % des non-fumeurs de la cohorte. D'où l'intérêt d'étudier un éventuel rôle protecteur du tabac pour élaborer un traitement ou un vaccin contre le Covid-19.
Quel est le risque pour les personnes infectées de se recontaminer, voire de tomber malade à nouveau ? Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a expliqué jeudi devant la commission d'enquête de l'Assemblée que, d'après les derniers travaux scientifiques, les anticorps contre le coronavirus « sont protecteurs », « même si on a besoin de consolider ces résultats » par d'autres études.
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