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Coronavirus. Le nord du Lot face à une pénurie de soignants. Le Dr Lassoued s'inquiète - actu.fr

Le Dr Slim Lassoued, président de la Commission médicale d'établissement de l'hôpital de Cahors.
Le Dr Slim Lassoued, président de la Commission médicale d’établissement de l’hôpital de Cahors. (©DR)

Ces derniers jours, la situation s’est compliquée dans le nord-est du Lot, à Saint-Céré, Bretenoux et Biars-sur-Cère, avec la pratique des tests au sein des Ehpad (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et à l’hôpital de Saint-Céré, laquelle a révélé de nombreuses personnes positives, chez les résidents et au sein du personnel soignant. Le Dr Slim Lassoued, président de la Commission médicale d’établissement de l’hôpital de Cahors, répond à nos questions. 

Actulot.fr : Pourquoi la situation s’est-elle subitement compliquée dans le nord-est du Lot ?

Dr. Slim Lassoued : Ce qui se passe dans le nord-est du Lot, à Saint-Céré, Bretenoux, Biars-sur-Cère, nous préoccupe pour plusieurs raisons. Suite aux tests réalisés notamment à Saint-Céré, nous nous trouvons devant un grand nombre de personnes « positives », y compris des soignants. Du coup, nous avons affaire à un manque de personnel dans la mesure où les soignants testés positifs, ne sont plus opérationnels ; certains d’entre eux sont malades et confinés. Le directeur de l’hôpital de Saint-Céré demande du renfort, en raison de cette situation. À partir du moment où il est testé positif, le personnel ne peut plus aller au travail, au moins pour une quinzaine de jours. D’où cette situation de pénurie de personnel à l’hôpital de Saint-Céré.

L’hôpital de Saint-Céré vous a-t-il sollicité ?

Oui, l’hôpital de Saint-Céré voudrait que nous prenions des patients sur Cahors. En raison de leur manque de personnel, ils sollicitent des transferts, c’est compréhensible. Cependant, à Cahors, au regard de nos moyens, nous sommes obligés d’envisager les situations des personnes au cas par cas. Celles qui pourraient nécessiter une prise en charge un peu plus intensive et spécifique, nous sommes d’accord pour les prendre. En revanche, pour les autres personnes, nous estimons qu’elles seraient mieux de rester sur place, notamment en raison de leur âge avancé et des soucis d’adaptation que cela représente pour elles-mêmes.

S’il n’y avait pas d’autre solution pour le nord du Lot, par manque de personnel, comment l’hôpital de Cahors gérerait-il cette crise ?

Nous serions obligés d’ouvrir une autre unité d’admission de patients, tout en demandant à l’hôpital de Gourdon et à celui de Figeac de prendre leur part dans l’accueil de patients qui n’auraient pas besoin de réanimation. Il importe également de garder ces personnes âgées au plus proche de leurs zones d’origine.

Il y a des limites à ne pas dépasser au niveau de la pression sur le personnel.

Finalement la situation est tendue, plus qu’il n’y paraît ?

Oui, la situation est tendue, en raison de ce cluster (zone où un nombre regroupé de personnes est contaminé par un virus, qui circule) Saint-Céréen. Pour autant, il ne s’agit pas d’une prise en charge de malades dits « lourds », nécessitant de la réanimation, mais nous sommes confrontés à un manque de personnel, pour recevoir de nouveaux patients. Je rappelle que depuis un mois nos équipes sont mobilisées à plein régime. Il y a des limites à ne pas dépasser au niveau de la pression sur le personnel.

Avez-vous été sollicité pour d’autres transferts ?

Oui, il s’agit du transfert d’une personne, plutôt jeune, de Gourdon vers l’hôpital de Cahors, non pas en réanimation, mais dans la zone de confinement.

Combien de personnes se trouvent dans cette zone de confinement ?

Cette zone de confinement connaît des entrées et des sorties oscillant entre 7 et 10 personnes.

Quant à la zone de réanimation, qu’en est-il ?

Pour l’heure, en ce samedi de fin d’après-midi, elle compte sept personnes.

Estimez-vous que nous avons atteint le sommet de la vague en termes de propagation de l’épidémie ?

Nous sommes sur le plateau haut, avec des malades pris en charge et beaucoup de travail pour les personnels. Nous ne sommes pas sur la descente. En tout cas, celle-ci n’est pas perceptible en raison des problèmes évoqués précédemment, concernant le nord du Lot. Il y a toujours des admissions à l’hôpital, des tests positifs.

Être testé positif est un facteur anxiogène, alors que cela pourrait très bien passer inaperçu !

Craignez-vous que la situation s’aggrave avec les tests qui se poursuivent en début de semaine ?

En début de semaine des tests sont prévus à Saint-Germain-du-Bel-air. Effectivement s’il y a des tests positifs au sein du personnel, ce sont autant de personnes qui ne seront plus en situation d’assumer leur travail habituel. Certes le test c’est bien, dans le sens où cela permet de mesurer le degré de pénétration de l’épidémie, mais lorsque celui-ci se révèle positif il suscite des inquiétudes chez les personnes concernées. Vous pouvez être positif, sans que cela change quoi que ce soit dans votre mode de vie… Mais dès lors que vous savez que vous êtes positif, cela risque d’entraîner chez vous une inquiétude qui n’a pas lieu d’être, et qui vous met sur la touche au niveau professionnel. Savoir qu’on est positif suscite une tension chez les personnes ; on n’en parle pas beaucoup, mais c’est une réalité ! Être testé positif est un facteur anxiogène, alors que cela pourrait passer inaperçu !

Dès lors que le test est positif, pour un membre du personnel soignant, la mise à l’écart est-elle automatique ?

Oui. Et c’est comme cela que nous nous trouvons devant une pénurie de personnel, qui nous place dans une situation compliquée laquelle développe des inquiétudes à tous les niveaux, jusqu’au cercle familial.

Aujourd’hui, il manque 7 infirmiers et 15 aides-soignants.

N’est-ce pas l’application du principe de précaution ?

Oui. C’est le principe du savoir, de la connaissance. On veut savoir et dès qu’on sait on change de comportement. C’est bien de faire des tests pour dresser des statistiques.

Or, indirectement, cela génère de la peur, du doute, de la demande de retrait… Autant d’éléments expliquant la difficulté de gestion de cette crise sanitaire !

Encore une fois, la difficulté à laquelle nous devons faire face, n’est pas liée à une pression de soins lourds, mais elle est liée au fait qu’il y a des patients positifs et des soignants également positifs. Dès lors que les personnels soignants testés positifs sont mis à l’écart, comment les remplacer ? Aujourd’hui, il manque 7 infirmiers et 15 aides-soignants. La question pour nous c’est de trouver un nombre suffisant de soignants pour intervenir sereinement dans le nord du Lot.

JEAN-CLAUDE BONNEMÈRE

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