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Coronavirus : Urgences et cabinets médicaux désertés par crainte du Covid-19… Où sont les « autres » malades ? - 20 Minutes

Un enfant en consultation chez son médecin — CLOSON DENIS/ISOPIX/SIPA
  • Depuis la forte progression de l’épidémie de coronavirus en France et l’instauration du confinement, cabinets médicaux et services d’urgence sont désertés par les malades.
  • Une désertion expliquée en grande partie par la crainte de contracter le coronavirus en milieu médical, et qui touche aussi les parents, plus frileux à l’idée d’aller avec leur enfant chez le pédiatre.
  • Mais les médecins s’inquiètent du manque de suivi des malades chroniques et de ceux qui pourraient bouder les urgences alors que leur état de santé impliquerait de se rendre à l’hôpital.

Chiffres de contaminations par le coronavirus. Hospitalisations dues au coronavirus. Vingt-deuxième jour d’un confinement à durée indéterminé pour nous protéger du coronavirus. Et même budget courses qui explose à cause du confinement lié au coronavirus. Ces dernières semaines, notre quotidien tout entier est régi par les conséquences de la pandémie. Entre la crainte éprouvée par ceux qui ont des proches contaminés par le Covid-19 et la crainte pour les autres de le contracter, notre esprit est légitimement obnubilé.

Mais même si une partie de notre vie semble en suspens, les maladies chroniques et autres problèmes de santé, eux, n’ont pas disparu par la simple omniprésence du coronavirus. Reste que la peur de contracter le Covid-19, bien présente, pousse nombre de malades à bouder les médecins. Des cabinets désertés. Des services d’urgences moins saturés. Où sont passés les malades ?

La peur d’aller aux urgences

Le temps où il fallait parfois attendre des heures aux urgences semble aujourd’hui lointain. En plus de rompre la chaîne de diffusion du Covid-19, le confinement entraîne une « accidentologie » plus faible que d’ordinaire, avec une baisse du nombre d’accidents de la route et d’accidents du travail. Résultat : « Les services d’urgences tournent aujourd’hui à 30 ou 40 % seulement. Du coup, les lits dédiés aux pathologies classiques ne sont pas saturés », souligne le président de la Fédération des hôpitaux privés (FHP), Lamine Gharbi. « Les admissions aux urgences sont beaucoup plus faibles que d’ordinaire », confirme le Dr Sébastien Gette, chef du service réanimation du CHR Metz-Thionville.

Mais une autre raison explique la baisse d’affluence dans les services d’urgences. « On voit moins de malades chroniques, moins de victimes d’AVC… Il est donc possible que des patients renoncent à venir, peut-être par peur d’être contaminés », avance le Pr Etienne Gayat, chef de service et directeur médical de crise à l’hôpital Lariboisière, à Paris. Même constat en Seine-Saint-Denis : « Il y a une baisse de 50 % des AVC et des infarctus du myocarde dans les urgences, observait il y a quelques jours, sur France 5, le Pr Frédéric Adnet, directeur médical du Samu de Seine-Saint-Denis et chef du service des urgences de l’hôpital Avicenne, à Bobigny. Les gens ont peur d’aller aux urgences ».

« Il ne faut pas se dire "j’irai plus tard" »

Pourtant, crises cardiaques, accidents vasculaires cérébraux, intoxications aiguës ou formes graves de cancers restent une réalité. « Le quotidien des services de réanimation ne s’est pas arrêté avec le coronavirus », rappelle le Dr Gette. Ainsi, dans les hôpitaux, toutes les précautions sont prises pour isoler les patients « Covid » des autres. Dans la plupart des établissements, des lits voire des unités de réanimation ont été sanctuarisés pour prendre en charge les problèmes « classiques ». En Ile-de-France, 500 lits sont ainsi réservés aux pathologies standards, sur un total de 2.700 lits de réanimation, selon l’Agence régionale de santé. Dans le Grand-Est, la proportion de lits « non Covid » atteint quant à elle 20 %.

Donc, « s’il y a une urgence, il faut continuer d’aller à l’hôpital et ne pas se dire "j’irai plus tard". Les hôpitaux sont là pour ça », insiste Lamine Gharbi, de la FHP. C’est pourquoi, « en cas de symptômes évocateurs d’infarctus du myocarde (douleur thoracique le plus souvent, parfois sensation de manque d’air, tant à l’effort qu’au repos, palpitations, malaise) ou d’accident vasculaire cérébral (apparition soudaine d’une faiblesse d’un membre ou de la face, d’un trouble de la parole, d’un trouble de la vision, ou d’un trouble de l’équilibre), il faut impérativement continuer d’appeler le 15 », insistent la Société Française de Cardiologie et la Société Française Neurovasculaire.

Poursuivre traitements et suivi médical malgré le confinement

La peur du Covid-19 pousse aussi nombre de patients à bouder les cabinets de médecine de ville, même lorsque leur état de santé nécessite un suivi médical régulier. « Ce lundi, j’ai eu moitié moins de consultation que d’habitude, et mes confrères font le même constat », indique le Dr Jacques Battistoni, médecin généraliste et président du syndicat MG France. Pour le médecin, « outre la peur du Covid-19, la désertion des cabinets de médecine est aussi la conséquence d’une communication gouvernementale inadaptée : il a été dit de ne consulter qu’en cas d’urgence. Cette erreur de communication a entraîné une perte de chance et une prise de risque pour les patients, déplore le Dr Battistoni. Certains n’ont pas osé consulter malgré des symptômes importants, ce qui a mené à un retard diagnostic potentiellement très grave, par exemple pour des prises en charge de cas d’appendicite ou d’infections diverses ».

Et les mesures de confinement ont aussi mené nombre de malades chroniques à ne plus oser se rendre chez leur médecin. Or, « les patients qui ont une maladie chronique, de type diabète, hypertension ou autre, ne doivent pas rester plusieurs mois sans voir leur médecin, relève le Dr Battistoni. Tout est organisé dans les cabinets pour assurer la sécurité de la consultation : il n’y a pas de salle d’attente pleine, et les cas de suspicion de Covid-19 sont reçus à part ».

Un suivi important aussi en pédiatrie

Un message qui semble n’avoir pas été entendu par nombre de parents, qui boudent également les cabinets de pédiatrie. « Lundi, j’ai peut-être eu le quart d’une journée normale de consultation », confirme le Dr Brigitte Virey, pédiatre et présidente du Syndicat national des pédiatres français. Or, même les plus jeunes doivent être menés à certaines consultations indispensables. « Par crainte du Covid-19, de jeunes parents ont peur de nous amener leur nouveau-né, alors que les sorties de maternité sont très précoces, et que le bébé doit faire l’objet d’une vigilance particulière, insiste la pédiatre. Nous devons écarter tout risque de cardiopathie congénitale, qui peut apparaître quelques jours après la naissance ». Une peur bien présente qui pousse d’autres parents à « annuler les consultations prévues pour la vaccination de leurs enfants. Or, elles sont indispensables pour bâtir l’immunité des tout-petits face à différents virus », rappelle le Dr Virey.

Comme pour les adultes, les enfants peuvent aussi être atteints de maladies chroniques nécessitant un suivi médical régulier. « Il y a des enfants asthmatiques dont les parents ont interrompu le traitement par corticoïdes parce qu’ils ont entendu que les anti-inflammatoires étaient dangereux face au Covid-19, confie le Dr Virey. Ou encore des cas d’enfants souffrant de diabète de type 1 en acidocétose, une complication qui peut être très grave. Cette situation nous inquiète énormément ». « On a peur de l’après, des conséquences du manque de suivi sur la santé de nos patients, redoutent les Dr Battistoni et Virey. La reprise risque d’être compliquée et de révéler de mauvaises surprises ».

« C’est pour cela qu’il est très important de maintenir le lien, d’assurer la continuité des soins de nos jeunes patients », poursuit le Dr Virey. Alors, pour assurer le suivi en toute sécurité, « tout ce qui peut être vecteur du virus – jouets, magazines – a été retiré du cabinet, et tout est désinfecté entre chaque consultation, assure la pédiatre. De plus, les parents ne doivent venir qu’avec un seul enfant, et la prise de rendez-vous est organisée de manière à ce que les patients ne se croisent pas ». Et pour les cas où la consultation présentielle n’est pas indispensable, et pour les patients qui ne parviendraient pas à surmonter leur peur de se déplacer, la téléconsultation permet de maintenir le lien entre médecin et patient.

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