
Les infections par un coronavirus peuvent provoquer des maladies allant du simple rhume au Covid-19. L'immunité induite lors d'un rhume a-t-elle un effet protecteur contre le Sars-CoV-2 ? Des scientifiques allemands se sont penchés sur la question.
Les coronavirus forment une famille virale large et diversifiée. Ils ne sont pas tous responsables de maladies aussi sévères que le Sras ou le Covid-19. Quatre souches de coronavirus humains (229E, NL63, OC43, HKU1) sont responsables d'une grande proportion des éternuements et d'écoulement nasal lors des rhumes hivernaux. À eux seuls, ces quatre coronavirus représentent 20 % des rhumes et infectent une grande partie de la population chaque année.
Ces infections par d'autres coronavirus que le Sars-CoV-2 stimulent également le système immunitaire et induisent la formation d'un pool de lymphocytes mémoires. Ces cellules ont-elles un effet protecteur contre le Sars-CoV-2 ?
Une étude allemande a mis en évidence la présence de cellules réagissant à la protéine S du Sars-CoV-2 chez des patients n'ayant pas été infectés par ce dernier. Ces observations sont en faveur de l'existence d'une immunité cellulaire croisée entre plusieurs souches de coronavirus de lignée différente. L'étude n'a pas encore été publiée dans une revue scientifique et n'a donc pas été revue par la communauté des pairs. Elle est disponible sur medRxiv.
Des lymphocytes de patients non contaminés réagissent à la protéine S du Sars-CoV-2
L'étude a comparé deux groupes : un groupe de 18 personnes dont l'infection au Sars-CoV-2 a été avérée par un test de dépistage PCR et un deuxième groupe composé de 18 personnes séronégatives qui ont fait don de leur sang.
Les cellules immunitaires isolées du sang de chaque participant ont été stimulées in vitro par deux pools de peptides d'une dizaine d'acides aminés reproduisant la séquence de la protéine S du Sars-CoV-2. Le premier pool (S-1) couvre la partie N-terminale de la protéine S (qui comprend le domaine RDB) et le deuxième pool (S-2) couvre la partie C-terminale (qui comprend le domaine intégré dans la membrane du virus). Grâce à la cytométrie en flux, les scientifiques ont pu détecter les lymphocytes T CD4 activés à la suite de la stimulation.
Parmi les patients du groupe Covid-19, 67 % possèdent des lymphocytes CD4 réagissant au pool S-1 et 83 % au pool S-2. Étonnamment, des lymphocytes activés par la stimulation ont aussi été identifiés chez 34 % des patients séronégatifs. Mais avec une petite nuance.
Un domaine conservé de la protéine S
Les lymphocytes des donneurs naïfs ont été plus stimulés par les peptides du pool-S2 qui correspondent au domaine C-terminal de la protéine S. En effet, cette partie de la protéine contient des domaines conservés entre les différents coronavirus. Pour faire simple, les coronavirus humains qui causent les rhumes possèdent une protéine S avec des domaines C-terminaux similaires à ceux de la protéine S du Sars-CoV-2. À l'inverse, le domaine N-terminal semble plus spécifique du Sars-CoV-2. Ces résultats suggèrent qu'il existe une immunité cellulaire croisée entre le Sars-CoV-2 et les coronavirus du rhume qui est le résultat d'une précédente infection.
Les chercheurs ont alors fait un test supplémentaire sur 18 échantillons issus des patients séronégatifs. Ils ont recherché la présence d’anticorps (IgG) dirigés contre les coronavirus du rhume. Les 18 se sont révélés positifs, même ceux dont les lymphocytes CD4 n'ont pas été activés durant l'expérience précédente. Cela souligne le fait que l'immunité croisée est indépendante de la présence d'anticorps.
Selon les scientifiques, ces données pourraient expliquer en partie pourquoi certaines personnes sont asymptomatiques ou n'ont que des manifestations légères -- alors que d'autres ont besoin de soins intensifs -- ainsi que la prévalence de la maladie chez les personnes âgées. En effet, les enfants et les jeunes adultes se rendent plus assidûment dans des lieux fréquentés où ils sont susceptibles d'attraper un rhume causé par un coronavirus, contrairement aux personnes âgées.
Covid-19 : que sait-on sur la thérapie au plasma ? Dans toutes les thérapies testées contre le SARS-CoV-2, l'une d'entre elle repose sur le transfert d'immunité passive. C'est le transfert de plasma convalescent. Détail avec Karine Lacombe, infectiologue et cheffe de service à l'hôpital Saint-Antoine à Paris qui mène actuellement l'essai Coriplasm.
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