En France métropolitaine, la région Auvergne-Rhône-Alpes est la troisième la plus touchée par les arboviroses (maladies virales propagées par des insectes piqueurs). Dont les redoutables virus de la dengue, chikungunya et Zika que transmet l’Aedes albopictus, ou moustique tigre.
La dernière période de surveillance (été 2019), a vu doubler le nombre de signalements pour cas suspects.
Des premiers cas de transmissions autochtones ont été rapportés l’été dernier.
1. Installation progressive en territoire auvergnat
Le « tigre » est régulièrement signalé dans la région où il s’implante progressivement depuis 2012.
Valérie Sormisya, ingénieure d’études sanitaires à l’Agence régionale de santé (ARS-ARA) explique que l’Allier, le Cantal et la Haute-Loire sont encore relativement épargnés.
C’est lui?! Il est plus petit que nos moustiques piqueurs. Les nôtres sont aussi plutôt bruns, lui se distingue à sa couleur noir et blanc, à pattes rayées. Très actif, il ne pique pas seulement le matin et le soir, mais tout au long de la journée. Et il ne se gorge pas lors d’une seule piqûre, mais remet le couvert plusieurs fois.
Il y a eu des signalements ponctuels, mais ils n’ont pas donné lieu à investigation.
C’est notamment le cas pour l’aire d’autoroute de Doyet (Allier), où la présence du moustique n’était pas associée à des gîtes larvaires.
« On sait qu’on le retrouve au bord des autoroutes, mais dans des environnements qui ne sont pas favorables à sa reproduction et à son installation. »
Valérie Sormisya (Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes)
De même, les signalements en montagne peuvent correspondre à des zones où de longues périodes de gel mettent la reproduction en échec.
Dans le Puy-de-Dôme, en revanche, le moustique tigre est considéré comme installé et actif.
2. Installé et actif dans le Puy-de-Dôme
Le premier signalement remonte déjà à deux saisons : sur les secteurs de Chamalières et de Joze. Valérie Sormisya décrit, pour l’un, un contexte favorable classique, en secteur urbain avec des jardins.
L’autre, une installation primaire est liée à des pneus usagés.
« Quand ils ne sont pas stockés dans de bonnes conditions, les pneus gardent de petites réserves d’eau. C’est un milieu très favorable. »
Valérie Sormisya (Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes)
L’été dernier, l’activité du moustique tigre s’est étendue à Lempdes, Maringues et Riom.
Soit cinq secteurs colonisés en 2019.
La lutte s’organise autour de la prévention avec la surveillance et l’élimination des points propices à la ponte et à la reproduction. « Il n’y a pas de traitements adulticides sans cas humains de maladies véhiculées par le moustique. »
3. Maladies : premières contaminations autochtones
Dans le Puy-de-Dôme, cinq cas de dengue ont été investigués en 2019 (tous les cas n’ont pas fait l’objet d’enquête). Mais aucune transmission autochtone confirmée.
Dans la région, l'ARS a confirmé biologiquement trois fois plus de cas d’arboviroses en 2019 : dengue, chikungunya et Zika.
En 2019, la région a confirmé biologiquement trois fois plus de cas d’arboviroses : 93 cas de dengue, 10 cas de chikungunya et 1 cas de Zika.
Avec, surtout, deux cas de transmission autochtone de dengue (dans le Rhône).
4. A quoi faut-il s'attendre cet été??
Le moustique ne se déplace lui-même que dans un rayon de 100 à 150 mètres. Il circule surtout avec les voyageurs et les transports routiers.
Résultat : « On s’attend à le voir arriver n’importe où ». Le confinement et la limitation de la circulation imposés par l’épidémie de Covid-19 auront peut-être limité les nouvelles implantations.
On s’attend à le voir arriver n’importe où... On a déjà eu deux personnes revenues avec la dengue cette saison dans la Région.
Mais l’ARS invite à ne pas baisser la garde. Là où le moustique est installé, des milieux favorables peuvent faire flamber la reproduction.
En outre les quelques vols hebdomadaires maintenant entre la métropole et les Antilles - où sévit une nouvelle épidémie de dengue - suffisent à transporter moustique et maladie. « On a déjà eu deux personnes revenues avec la dengue cette saison dans la région ».
5. Comment s'organise la surveillance ?
La surveillance du moustique tigre relève de l’Entente interdépartementale Rhône-Alpes pour la démoustication (Eirad), opérateur l’ARS.
Elle repose sur un réseau de pièges pondoirs dans chaque département. Lorsqu’une implantation est confirmée, l’Eirad organise la destruction des gîtes larvaires.
Une veille épidémiologique est aussi assurée avec la Cellule régionale de Santé publique France. Les cas confirmés de chikungunya, dengue et Zika peuvent ainsi amener des prospections dans le voisinage des lieux fréquentés par les patients.
6. Tous concernés via le site de signalement
Mais la surveillance repose surtout sur les signalements citoyens via un site dédié.
L’ARS compte tout particulièrement sur la vigilance des particuliers auxquels l’épidémie de Covid-19 a déjà donné plus de temps pour vaquer au jardin.
Il faut traquer et éliminer systématiquement les réservoirs favorables à la reproduction. Notamment dans les gouttières, coupelles de plantes ou jeux d’enfants qui pourraient se remplir, avec une eau stagnant pendant plus de cinq jours.
La femelle pond en effet sur les bords secs, mais les larves se développent quand elles sont recouvertes d’eau. Le moustique tigre est généralement né dans un périmètre de 150 mètres.
Il appartient donc à tous d’être vigilants sur les gîtes larvaires possibles.
Anne Bourges
anne.bourges@centrefrance.com
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