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AVC, confusion, anosmie… cinq questions sur les troubles neurologiques liés au Covid-19 - Le Parisien

Après plus de six mois d'existence, le coronavirus commence tout juste à livrer certains de ses secrets, faisant parfois évoluer les certitudes acquises au début de l'épidémie. Alors que les médecins pensaient en premier lieu que le Covid-19 affectait quasi exclusivement les poumons, ils ont bien vite compris que la liste des symptômes variait bien davantage, touchant aussi le cerveau.

Plusieurs études, dont l'une britannique, publiée mercredi dans la revue Brain, pointent des problèmes neurologiques parfois graves, chez des patients présentant pourtant une forme jugée bénigne de Covid-19. Le Parisien fait le point sur ces atteintes parfois inquiétantes.

Quels types de complications constatés ?

Les troubles neurologiques peuvent être extrêmement variés. Les plus courants et les moins alarmants sont l'anosmie (la perte de l'odorat), la dysgueusie (perte du goût), les douleurs musculaires et les maux de tête. Dès le mois d'avril, des médecins New-yorkais disaient aussi constater chez certains malades du Covid-19 une perte de repère, ou une confusion générale. Des observations confirmées par des spécialistes de Strasbourg, qui décrivaient dans le New England Journal of Medicine des cas de patients confus ou agités en réanimation (la moitié de 58 patients).

Auprès du Parisien, le docteur Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches décrit « quelques cas, assez exceptionnels », de patients qui étaient en état de « délire », avec « des troubles du comportement », qui se sont avérés être atteints du coronavirus. « Ils sont souvent passés par la case psychiatrie, avant que notre diagnostic ne soit rectifié », souligne-t-il. L'infectiologue évoque même des patients souffrant d'AVC (accident vasculaire cérabral).

Par ailleurs, en juin, des médecins espagnols, qui ont étudié les profils de 841 malades du Covid-19, ont pu déterminer que 57,4 % d'entre eux « ont développé des symptômes neurologiques ». « Les complications neurologiques ont été la principale cause de décès chez 4,1 % des sujets décédés », écrivent-ils. Ces troubles peuvent effectivement, dans une moindre part, s'avérer plus grave, voire mortels. Les chercheurs de l'University College London évoquent dans leur étude publiée mercredi le cas de 43 patients hospitalisés à l'hôpital Queen Square et infectés par le coronavirus (ou soupçonnés de l'être), qui souffraient de dysfonctionnement cérébral temporaire, d'inflammation cérébrale, d'AVC, voire de lésions nerveuses.

Comment agit le virus ?

C'est un mystère. Ce qui étonne les spécialistes, c'est que ces atteintes parfois graves, peuvent toucher des personnes présentant une forme bénigne de Covid-19. « Nous avons identifié un nombre plus élevé que prévu de personnes atteintes de troubles neurologiques […], qui n'étaient pas toujours en corrélation avec la gravité des symptômes respiratoires », souligne auprès de l'AFP l'un des auteurs de l'étude, Michael Zandi.

L'infectiologue de Garches se souvient notamment d'un patient âgé d'une cinquantaine d'années, qui présentait lui aussi tous les symptômes d'un AVC alors qu'il souffrait d'un « Covid bénin, sans forme respiratoire ». Les chercheurs britanniques, qui ont cherché à comprendre comment le virus pouvait affecter le cerveau, ont également constaté qu'aucun des patients étudiés ne présentait de trace de virus dans le liquide céphalorachidien, dans lequel baigne le cerveau. Le virus n'aurait donc pas attaqué directement l'organe de ces patients, contrairement à son activité dans les poumons. Des observations qui vont devoir encore largement être étayées.

Comment expliquer ce retard de connaissances ?

Auprès du Parisien, ce dernier avance une explication aux lacunes de connaissances sur ces troubles neurologiques. « Au début de l'épidémie, on n'avait pas tous les outils pour tester, notamment PCR, alors on ne diagnostiquait pas tous les patients, seulement ceux qui présentaient des atteintes respiratoires et des formes sévères de Covid-10 », se souvient-il. Dans son hôpital, certains malades se présentant aux urgences avec des troubles neurologiques ou en état de confusion, ont d'abord été orientés en psychiatrie ou en neurologie, avant que les médecins ne réalisent qu'ils étaient infectés par le coronavirus.

« En mars-avril, si un patient présentait une déficience neurologique, on ne pensait pas du tout au Covid. Il y a eu, depuis, une évolution des soins », ajoute le médecin. L'hypothèse que des contaminations aient eu lieu dans ces services de psychiatrie, n'est pas négligeable, conçoit d'ailleurs l'infectiologue : « Au début, les services les mieux équipés et armés face au Covid étaient ceux de réanimation, de maladies infectieuses, pas du tout la psychiatrie. »

Quelles populations sont concernées ?

L'étude publiée mercredi et portant sur 43 patients, (19 femmes, 24 hommes, âgés de 16 à 85 ans) relate que les 10 patients qui présentaient des troubles de désorientation ou de confusion avaient « pour la plupart moins de 50 ans ». Ils dépeignent la situation d'une patiente de 55 ans, sans antécédents psychiatriques, qui est arrivée à l'hôpital avec tous les symptômes du Covid-19 : toux, fièvre, douleurs musculaires… Au lendemain de son retour à domicile, son mari la décrit dans « un état de confusion », « désorientée ». La quinquagénaire s'est aussi plainte d'hallucinations auditives et visuelles et est entrée dans un « délire de persécution », se montrant agressive. Cet état, soigné par des neuroleptiques, a perduré trois semaines. Autre cas marquant : celui d'une femme de 47 ans, qui, sept jours avant de présenter des symptômes du Covid-19, souffrait de maux de tête, et a fait un AVC. Parmi les patients touchés par le coronavirus et présentant des troubles neurologiques, à l'hôpital de Garches, « il y avait de tous les âges », note de son côté l'infectiologue Benjamin Davido.

Des dommages sur du long terme ?

Il s'avère compliqué, encore aujourd'hui, de déterminer si ces troubles neurologiques qui ont émergé avec le coronavirus auront des conséquences durables sur la santé des patients. « Étant donné que la maladie n'existe que depuis quelques mois, nous ne savons pas encore quels dommages à long terme le Covid-19 peut causer », note auprès de l'AFP Ross Paterson, l'un des auteurs de l'étude de l'UCL, Il insiste cependant : « Les médecins doivent être conscients des effets neurologiques possibles, car un diagnostic précoce peut améliorer les résultats sur la santé des patients. »

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