
- Le gouvernement pourrait annoncer ce jeudi soir un nouvel élargissement du couvre-feu à 18 heures à de nouveaux départements, voire à la France entière.
- Dans les départements concernés depuis le 2 janvier par cette mesure, on note un léger frémissement, mais il est encore impossible de dire si oui ou non, il est lié au couvre-feu avancé, dit l’ingénieur créateur du site CovidTracker Guillaume Rozier.
- Sans un confinement plus strict, il est probable que passer sous un certain seuil de contaminations soit impossible.
Vous reprendrez bien encore un peu plus de couvre-feu ? Disons à 18 heures ? Appliquée depuis le 2 janvier dans 15 départements, et depuis les 8 et 12 janvier dans 10 de plus, le gouvernement pourrait annoncer ce jeudi soir un nouvel élargissement territorial de cette mesure, qui vise à ralentir les contaminations au coronavirus. Et pourquoi pas dans tout l’Hexagone ?
Mais la mesure marche-t-elle ? Oui, pour le ministre de la Santé, Olivier Véran, qui indique que le pourcentage d’augmentation du taux d’incidence est moins élevé dans les départements concernés par le couvre-feu renforcé qu’ailleurs. Pas si vite, répond en quelque sorte Guillaume Rozier, l’ingénieur analyste de données qui a créé le site CovidTracker, lequel traite les données officielles sur la pandémie en France. 20 Minutes l’a interrogé.
Le couvre-feu à 18 heures est déjà effectif dans une partie du pays depuis le 2 janvier. Sur les données que vous exploitez, voyez-vous déjà un effet, ou est-ce trop tôt ?
Pour l’instant, on ne voit pas d’effet flagrant. Quand on regroupe tous les départements mis en couvre-feu à 18 heures le 2 janvier, on remarque que les cas continuent d’augmenter. Mais, en proportion, le nombre de cas augmente un peu moins fortement qu’ailleurs en France. Dans l’ensemble des départements, le nombre de cas augmente d’environ 20 % par rapport au 2 janvier, et c’est plutôt 15 % dans les départements concernés par le couvre-feu avancé.
Est-ce significatif ?
Pour l’instant, ça ne veut pas dire grand-chose pour plusieurs raisons. D’abord parce que dans l’absolu, la croissance y est toujours plus élevée qu’ailleurs. Seulement, comme ils avaient déjà un nombre de cas plus élevé, l’augmentation est, en pourcentage, plus faible. Ensuite, ce ralentissement a commencé un peu avant le 2 janvier. Cela pourrait être l’effet d’un changement de comportement des gens pas forcément en lien direct avec le couvre-feu avancé.
Enfin, il est un peu tôt pour connaître les effets de la mesure : les données de Santé publique France du 13 janvier reflètent la situation du 10 janvier. Comme on fait une moyenne mobile sur sept jours, afin de gommer les effets des week-ends, les dernières données vraiment analysables sont celles du 7 janvier. Il faudrait avoir au moins les données du 10, voire du 12 janvier, pour avoir des conclusions un peu sérieuses.
Lors de l’entrée en application du second confinement, les premiers effets se sont fait sentir dix jours après. Et après une éventuelle stabilisation, il faut attendre encore pour voir s’il y a effectivement une baisse. A cette heure, je ne vois pas ce qui permet de dire que la décélération relative qu’on observe est un effet du couvre-feu renforcé.
Tant qu’il n’y a pas un confinement plus strict, ne peut-on pas atteindre un plateau moins élevé de contaminations ?
C’est bien ce qu’on a observé en décembre : on est arrivé à un plateau. Et encore, c’était l’effet du second confinement. Le confinement tel qu’on l’a connu en novembre et début décembre, puis le passage au couvre-feu, n’ont pas permis de passer en dessous d’un certain niveau de contaminations. C’était probablement un « niveau de croisière », des contaminations inévitables au supermarché, lors des quelques contacts permis, qu’on ne peut pas réduire à moins de confiner plus durement.
Cet automne, avec un confinement plus léger, on a tout de même été agréablement surpris par les résultats au début, avec une baisse très franche et très rapide des cas. Les gens ont vraiment adapté leurs comportements individuels, on le voit par exemple avec les données de Google sur la mobilité ou avec l’affluence dans les transports, dès mi-octobre. Ça se voit aussi dans Coviprev, l’étude de Santé publique France qui demande aux gens s’ils respectent les gestes barrières. On a vu un réel changement dès la mi-octobre, lors de la mise en place du premier couvre-feu, et le changement est national.
Vous suivez aussi les contaminations par âge. On parle beaucoup du fait que l’un des variants du virus puisse être plus contagieux chez les enfants. Le voit-on déjà à travers les données ?
Oui. En France, la positivité des tests (la proportion de tests positifs) est assez élevée chez les 0-19 ans mais surtout chez les 0-9 ans. C’est même le taux de positivité le plus élevé de toutes les classes d’âge actuellement. Il est de quasiment 10 % alors qu’il tourne autour de 6-7 % pour les autres classes.
Ces derniers mois, on n’avait jamais observé un taux de positivité plus élevé chez les 0-9 ans qu’ailleurs. C’est vrai que c’est une classe d’âge qui est beaucoup moins testée, mais la part des 0-9 ans parmi les personnes qui se font tester n’a pas bougé : ce taux de positivité plus élevé n’est pas le fait d’une baisse du nombre de tests. Le nombre de tests réalisés est plutôt stable depuis le 1er janvier. On ne peut pas dire que le virus circule plus qu’ailleurs (car on ne teste pas assez les 0-9 ans), mais ce taux de positivité qui augmente plus qu’ailleurs dans cette tranche d’âge est surprenant. En tout cas, je ne l’explique pas encore.
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