
En Allemagne, l’institut de veille sanitaire Robert-Koch publie chaque jour le nombre de vaccinations contre le Covid-19, par Land et par type de public visé, depuis le 28 décembre 2020. Au Royaume-Uni, le gouvernement précise, depuis le début de sa campagne vaccinale, d’abord par communiqué puis dans un tableau de bord, le nombre de personnes ayant reçu leur première ou leur seconde injection. En France, aucun décompte officiel équivalent n’est disponible, alors que la campagne de vaccination a commencé le 27 décembre, et que son lent démarrage est critiqué par l’opposition et de nombreux scientifiques et médecins.
Ce retard est dommageable alors que l’ouverture des données de santé liées au Covid-19 n’en est pas à ses premiers déboires et que ces chiffres sont indispensables pour qu’il soit possible de suivre efficacement la situation vaccinale.
Le directeur général de l’Assurance-maladie, Thomas Fatome, avait pourtant indiqué, à l’occasion du lancement du système d’information « Vaccin Covid » que les autorités sanitaires seraient en mesure de faire une synthèse quotidienne de la campagne vaccinale dès le mardi 5 janvier, et qu’un bilan serait ensuite donné « de façon quotidienne dans le cadre de la communication du ministère et de Santé publique France » (SPF).
Absence de remontées fiables et structurées
Mais quinze jours après la première injection en France, il faut encore se contenter d’annonces ministérielles éparpillées sur Twitter ou dans les médias. « 45 000 personnes ont été vaccinées au cours des cinq derniers jours », a, par exemple, annoncé le premier ministre, Jean Castex, le 7 janvier, lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre de la santé, Olivier Véran, sans donner plus de précision sur le profil ou la région de résidence de celles-ci.
En l’absence de remontées fiables et structurées, de nombreux médias et citoyens se sont tournés vers le décompte le plus exhaustif disponible : celui qu’a mis en ligne un jeune diplômé en ingénierie informatique, Guillaume Rozier, sur Covidtracker, son populaire outil de suivi de l’épidémie. A la fin décembre 2020, il commence à calculer le nombre de personnes ayant reçu une première dose de vaccin « en utilisant les articles de la presse régionale ».
Joint par le Monde, Guillaume Rozier confirme qu’il a été contacté quelques jours plus tard par le cabinet du ministre de la santé, qui a commencé à lui fournir « régulièrement » une estimation plus complète, destinée à actualiser son tableau de bord. « Au début je me suis dit tant mieux, cela me permet d’avoir un chiffre plus exhaustif que le mien », confie Guillaume Rozier. Interrogé sur cette démarche, le cabinet du ministère n’a pas répondu.
Ce mode de fonctionnement est aux antipodes de l’« open data » – le principe de mise à disposition de données publiques librement accessibles par tout le monde, en particulier lorsqu’elles ont un intérêt majeur pour les citoyens.
« Processus de consolidation des données »
Le 6 janvier, le cabinet du ministre n’a pas fait suite à la demande du Monde portant sur les données régulières concernant la campagne de vaccination. Il a répondu, par courriel, qu’il faudrait attendre la publication des indicateurs issus du système d’information Vaccin Covid. SPF « a besoin de la remontée effective de l’ensemble des données vers les systèmes, ce qui est en cours », explique le ministère de la santé. L’organisme de veille sanitaire a confirmé devoir suivre un « processus de consolidation et d’intégration des données ».
Interrogé à ce sujet lors d’une conférence de presse en ligne de SPF, le 8 janvier, Yann Le Strat, responsable de la DATA (direction appui, traitements et analyses des données), a expliqué que le croisement des données de Vaccin Covid avec les remontées des agences régionales de santé montrait que le fichier n’avait pas encore une « exhaustivité de 100 % ». Aucune date de publication des indicateurs de Vaccin Covid n’a encore été officialisée.
Guillaume Rozier a décidé, dimanche 10 janvier, de cesser de mettre à jour les données de vaccinations tant que des informations publiques officielles ne seraient pas disponibles. « Temporairement je comprends, mais au bout de deux semaines…, justifie-t-il. J’avais peur qu’il y ait une confusion des genres et que, d’une certaine façon, je devienne responsable des chiffres, de la qualité des données (…) alors que mon rôle est de les analyser. »
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