Assis sur son lit, le regard tourné vers la fenêtre d’où l’on distingue au loin la tour Eiffel et la tour Montparnasse dissimulées dans une brume de pollution, ce jeudi 1er avril, Msadek Belattek s’apprête à sortir de l’hôpital Saint-Camille de Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) après une semaine d’hospitalisation pour Covid-19. Avant de quitter le service de médecine interne de l’établissement de santé privé d’intérêt collectif (Espic) et de retrouver sa fille Maissa, venue le chercher, le patient de 57 ans s’acquitte d’une dernière routine : il fixe un aérosol sur son visage et respire à grandes bouffées. Ce cadre dans un grand groupe du quartier de la Défense, à Paris, est arrivé en détresse respiratoire le 26 mars. Encore aujourd’hui, il n’a aucune idée de la façon dont il a pu être contaminé par le variant dit britannique du virus.
« J’ai joué d’un peu de malchance, je suis passé au travers pendant un an, je pensais que je pourrais tenir jusqu’au vaccin, je faisais tout pour. Il n’y avait pas de relâchement dans les gestes barrières, y compris au travail, je mets du gel, je ne quitte pratiquement jamais mon masque », témoigne d’une voix voilée Msadek Belattek, qui ne présentait pas de facteurs de risque connus. Sa femme a contracté le virus en même temps que lui, mais n’a déclaré aucun symptôme. Quant à leur fille Maissa, son test PCR s’est révélé négatif. En novembre, elle avait été diagnostiquée positive. « Ça avait juste été un rhume, je ne m’inquiétais pas plus que ça, raconte la jeune femme enjouée de 21 ans, étudiante en 2e année d’école de commerce. Je suis enfermée dans ma chambre depuis quasiment un an, c’est vrai que je n’avais pas conscience des risques jusqu’à ce que mon père l’attrape. Là, je me suis dit : “On vit vraiment ce qu’il se passe à la télé…” Ça a été un peu un choc. »
Dans leur entourage, « tout le monde était inquiet, ça arrive de manière si soudaine. J’ai reçu beaucoup de soutien, au bout d’un an, les gens sont encore conscients que c’est une épreuve, surtout avec le variant anglais », chuchote entre deux toux M. Belattek, qui n’avait jusqu’alors jamais été hospitalisé.
11 autres patients en « réa »
Plus de douze mois après l’apparition de l’épidémie dans le quotidien de tout un chacun, les familles décrivent une même « sidération » au moment de voir leur proche conduit à l’hôpital après une dégradation soudaine de son état. Une « brutalité » que relate Gladis L. (qui souhaite conserver l’anonymat), cadre en pédopsychiatrie de 51 ans. Son mari Christian, 60 ans, est arrivé le 11 mars à l’hôpital Saint-Camille : d’abord placé en soins intensifs, il est depuis en réanimation, plongé dans un coma artificiel et intubé. Dans les chambres voisines de la sienne, au sous-sol de l’hôpital, se trouvent 11 autres patients, 7 hommes et 4 femmes de 63 ans de moyenne d’âge : le plus jeune a 48 ans, la plus âgée 78 ans. Au 7 avril, l’établissement passera à 20 places de réanimation et soins critiques.
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