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Covid-19 : cinq minutes pour comprendre la polémique sur l’ivermectine - Le Parisien

« Je pense que c’est devenu une autre hydroxychloroquine ». Les mots sont de Carlos Chaccour, chercheur à l’Institut pour la santé globale de Barcelone, et portent sur la polémique qu’a générée la molécule prônée par Didier Raoult il y a un an. Au tour de l’ivermectine en cet été 2021 ?

Si la comparaison est limitée, ce médicament est à son tour sous les projecteurs alors qu’une quatrième vague de Covid-19 menace de submerger la France. Deux camps s’opposent. D’un côté, ceux qui vantent son efficacité supposée pour lutter contre le SARS-CoV-2. De l’autre, chercheurs et scientifiques sont quasiment unanimes pour dire qu’on manque de données et qu’il est impossible d’établir si l’ivermectine produit un effet. Un débat relancé par la publication, lundi, d’une étude de l’Institut Pasteur menée sur des hamsters. On fait le point.

L’ivermectine, c’est quoi ?

Il s’agit, à la base, d’un médicament de la gamme des anthelminthiques et qui est utilité, notamment, pour soigner certaines infections gastro-intestinales et la gale, indique le Vidal. Le laboratoire américain Merck le commercialise depuis les années 1970 sous le nom Stromectol. Comme l’hydroxychloroquine, « c’est une molécule pas chère et qu’on connaît bien », précise le chercheur en immuno-oncologie Eric Billy.

Pourquoi certains défendent-ils son usage face au Covid-19 ?

Ils estiment que ce médicament permettrait de limiter le risque de symptômes et notamment de forme grave en cas d’infection par le SARS-CoV-2. Une hypothèse d’ailleurs partagée par de nombreux scientifiques au tout début de la pandémie, notamment car « certaines des propriétés de l’ivermectine permettent de freiner la réplication de plusieurs virus, dont celui de la fièvre jaune », souligne Carlos Chaccour.

Les « pro » ivermectine se basent aujourd’hui sur plusieurs travaux. En avril 2020, une équipe de chercheurs australiens du Royal Melbourne Hospital et de l’université Morash avait conclu que la molécule permettrait de détruire le SRAS-CoV-2 dans les cultures cellulaires. Sauf que les quantités nécessaires étaient telles qu’elles seraient potentiellement toxiques pour l’homme.

Mardi, plusieurs personnalités ont aussi partagé les résultats d’une étude de l’Institut Pasteur parue la veille et suggérant que « l’ivermectine atténue les symptômes de la Covid-19 dans un modèle animal ». « On le sait depuis des mois, il suffit de se documenter, mais interdit d’en parler », s’est exclamé le souverainiste Florian Philippot. Le leader de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a dénoncé de son côté une « obsession vaccinale [qui] détourne nos dirigeants du bon sens ».

Sauf que ces travaux ont été menés sur des hamsters. Or, « on voit qu’il y a un effet sur les symptômes et cela permet de générer des hypothèses pour la recherche clinique sur l’homme, mais on n’extrapole jamais une étude d’un médicament sur l’animal », souligne l’épidémiologiste Thibault Fiolet. Le premier auteur de cette étude, Guilherme Dias de Melo, ne dit pas autre chose. « Notre étude apporte des données précliniques qui démontrent scientifiquement une action protectrice de l’ivermectine pendant l’infection par le SARS-CoV-2 dans un modèle animal. Ces données sont essentielles pour appuyer les essais cliniques chez l’homme », indique le chercheur sur le site de l’Institut Pasteur.

Une autre étude très souvent citée, prépubliée en novembre, concluait que le risque de forme grave était atténué en cas de prise d’ivermectine. Sauf qu’elle a été retirée du site, ce mercredi 14 juillet, en raison de « préoccupations éthiques ». Les données brutes ne correspondaient pas au protocole scientifique décrit, résume le Guardian. Plus anecdotique, « on avait quelqu’un dans l’étude qui était mort un 31 juin », décrit Thibault Fiolet. Au point que certains parlent d’un nouveau scandale « Surgisphere 2.0 », du nom de la société qui avait participé à l’étude remplie d’erreurs sur l’hydroxychloroquine.

Que sait-on vraiment de son efficacité chez l’homme ?

Disons le d’emblée : rien ne permet de certifier que l’ivermectine produit des effets contre le Covid-19 chez l’homme. Ce qui ne signifie pas qu’elle est inefficace. Plusieurs études cliniques ont bien été menées, mais elles sont toutes entachées de « limites méthodologiques » écrit la directrice générale de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dans un courrier du 31 mars 2021 envoyé à l’avocat Fabrice Di Vizio. Celui-ci avait déposé, au nom de professionnels de santé, une demande de recommandation temporaire d’utilisation (RTU) de l’ivermectine pour lutter contre le Covid-19.

« Beaucoup d’études étaient menées sur de tout petits effectifs, dans d’autres la gravité des symptômes n’était pas suffisamment bien décrite, etc », décrit Thibault Fiolet. « Sur son site, la Société Française de Pharmacologie et de Thérapeutique indique aussi qu’à l’heure actuelle, « aucune donnée ne permet de recommander l’utilisation de l’ivermectine pour prévenir ou traiter une infection au SARS-CoV-2 ». « Il n’y a pas assez d’éléments pour dire que c’est efficace, ni que ça ne l’est pas. Nous sommes toujours dans un no man’s land », résume Carlos Chaccour.

En mars dernier, l’ANSM promouvait la mise en place d’ « essais cliniques de méthodologie robuste ». Plusieurs travaux ont été lancés, notamment par l’université de Minnesota (Etats-Unis) et par celle de Mcmaster (Canada). Mais les résultats définitifs ne sont pas attendus avant, au mieux, plusieurs semaines.

Sans attendre, plusieurs pays, notamment en Amérique du Sud, ont néanmoins autorisé son utilisation à certaines périodes, faisant fi des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS),

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