L’annonce a pu en déconcerter certains. La Haute Autorité de santé (HAS) a déconseillé lundi le recours au vaccin Moderna pour les moins de 30 ans, et ce pour n’importe quelle injection (première dose, deuxième dose ou dose de rappel).
Une décision qui s’appuie sur une étude française, selon laquelle le sérum de la biotech américaine accroît légèrement le risque de myocardite et péricardite pour cette population. L’autorité estime ainsi que seul Pfizer, autre vaccin à ARN messager et pour lequel le risque de complications cardiaques reste moindre, doit désormais être administré aux jeunes.
Concrètement, l’étude s’est penchée sur tous les patients âgés de 12 à 50 ans, hospitalisés à la suite d’une myocardite ou d’une péricardite du 15 mai au 31 août dernier, soit respectivement 919 et 917 cas. En s’intéressant aux personnes ayant reçu une injection Moderna, les chercheurs dressent un constat : le risque de souffrir d’une de ces inflammations cardiaques est particulièrement élevé chez les hommes de 12 à 29 ans, dans la semaine suivant la deuxième injection.
Des « incidences extrêmement faibles »
Le risque de contracter une inflammation cardiaque avait déjà été souligné par plusieurs rapports de pharmacovigilance de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). De même, plusieurs pays scandinaves, redoublant de prévoyance, ont préféré suspendre dès octobre le vaccin pour cette catégorie de population. Les chiffres observés dans l’étude française restent toutefois peu alarmants avec un cas hospitalisé dans les sept jours suivant la piqûre pour… 7600 injections de Moderna chez les hommes de moins de 30 ans. Le risque reste moindre chez les femmes du même âge avec un cas pour 26 800 doses.
Dans les faits, le vaccin Moderna reste bien moins administré que son rival Pfizer, pourtant aussi efficace (avec un taux avoisinant les 95 %). À ce jour, 182 000 adolescents âgés de 12 à 17 ans et 550 000 jeunes de 18 à 24 ont été vaccinés avec Moderna, selon les données de l’Assurance Maladie. Soit plus de 730 000 habitants âgés de moins de 25 ans. Et l’immense majorité d’entre eux (près de 95 %) l’ont été il y a au moins trois semaines.
« Quand on évoque un risque de myocardite, bien sûr cela inquiète. Mais nous sommes sur des incidences extrêmement faibles et qui ne permettent pas de renverser la balance bénéfices-risques », appuie Mircea T. Sofonea, maître de conférences en épidémiologie à l’université de Montpellier, rappelant « l’efficacité » toujours inaltérée du vaccin Moderna. Par ailleurs, le profil des patients atteints d’une inflammation cardiaque n’est pas forcément étonnant. Car en temps normal, les cas de myocardite et de péricardite « sont déjà plus fréquents chez les jeunes hommes », indiquait au Parisien Mahmoud Zureilk, professeur épidémiologie à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et auteur principal de l’étude.
« Pas de raison particulière de s’inquiéter »
Surtout rappelons-le, ces inflammations surviennent dans la semaine suivant la deuxième injection. « Ceux vaccinés avec Moderna depuis des mois n’ont donc pas de raison particulière de s’inquiéter », insiste Mircea T. Sofonea. Enfin, il est important de noter que les patients étudiés ayant contracté une inflammation cardiaque n’ont pas présenté de complication particulière. Aucun décès n’a été rapporté sur la période d’étude, et la durée moyenne d’hospitalisation était comprise entre 2 et 4 jours.
On le sait, les plus jeunes restent relativement plus épargnés que les autres par les formes graves du Covid. Mais ce seul argument doit-il freiner la vaccination des moins de 30 ans qui pourraient craindre un effet secondaire du sérum ? « Surtout pas », prévient Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et biostatistiques à l’École des hautes études en santé publique à Rennes. « Au-delà du risque de myocardites à relativiser, il ne faut surtout pas minimiser l’impact des Covid longs. Certes, ils ne nécessitent pas d’hospitalisations, mais restent particulièrement durs à vivre. Il y a un donc intérêt direct pour les personnes de moins de 30 ans à se faire vacciner sans attendre », rappelle-t-il.
Enfin, au-delà du bénéfice individuel, la vaccination des populations qui transmettent et participent à la circulation du virus reste évidemment primordiale, conclut Pascal Crépey. « Plus on vaccine, même des populations jeunes, plus on va pouvoir casser la dynamique épidémique et possiblement prévenir, ou tout du moins, limiter autant que possible une nouvelle vague ».
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