Avec plus de 75 % de sa population entièrement vaccinée contre le coronavirus, la France peut se targuer d’être l’un des meilleurs élèves européens. Pourtant, deux mois après le lancement de la campagne de rappel, moins de 20 % des Français éligibles à la troisième dose ont reçu leur injection.
Et le temps presse. Face à la reprise épidémique, l’enjeu de la vaccination est crucial. A tel point que le Premier ministre, lui-même, Jean Castex Face a exhorté, ce vendredi à Montpellier, les Français à « une mobilisation générale autour de la vaccination », appelant les personnes concernées à « recourir à la troisième dose ». Mais pourquoi la campagne de rappel peine-t-elle autant à démarrer ?
Un délai de six mois
Malgré l’ouverture de la campagne de rappel il y a huit semaines maintenant, ils ne sont que 3,2 millions de Français sur les 6,8 éligibles à la troisième dose - les plus de 65 ans, les personnes à risque comme les obèses ou les diabétiques, les personnes immunodéprimées et leur entourage et le personnel soignant – à avoir reçu leur injection, soit 43 % d’entre eux, selon les chiffres de Santé Publique France, publiés jeudi. Et l’écart entre les différentes catégories de patients éligibles se creuse. Au 2 novembre, 74 % des résidents des Ehpad avaient reçu leur dose de rappel contre 69 % chez les plus de 65 ans vivant à domicile et seulement 19 % pour les moins de 65 ans souffrant de comorbidités, a détaillé l’instance.
L’une des conditions sine qua non pour la dose de rappel, c’est le délai à respecter entre les injections. En effet, les personnes éligibles doivent attendre six mois entre la deuxième et la troisième dose, sauf dans certains cas comme pour les personnes immunodéprimées, les patients ayant reçu le vaccin unidose Janssen ou ceux n’ayant eu qu’une seule dose car ils ont contracté le coronavirus. Au 1er novembre, seules les personnes ayant reçu leur deuxième injection au 1er mai 2021, ou avant, étaient donc éligibles à la dose de rappel.
Mais il faut rappeler qu’à cette époque, la vaccination n’était pas ouverte à tous les publics et la campagne peinait à trouver son rythme de croisière. D’ailleurs, à cette date, ils n’étaient que 37 % des 65 ans et plus, soit 5 millions de personnes, à être totalement vaccinés. « Quelqu’un de plus de 65 ans qui a été vacciné en juillet n’est pas encore éligible à la troisième dose. Quelqu’un qui a reçu sa deuxième dose le 2 juillet devra donc attendre le 2 janvier pour son injection de rappel », explique Michaël Rochoy, médecin généraliste, chercheur en épidémiologie et membre du collectif « Du côté de la science », auprès de 20 Minutes.
La reprise épidémique, pas encore dans toutes les têtes
Les contaminations grimpent partout en Europe, et notamment dans l’Hexagone, à tel point qu’Emmanuel Macron doit prendre la parole sur le sujet mardi soir. Certains Français peinent pourtant à prendre réellement conscience de la reprise épidémique. Pour les personnes vaccinées, qui peuvent aller au restaurant, danser en boîte en nuit, se rendre dans un stade de football ou encore voyager, il n’est pas toujours évident de se rendre compte de la reprise certaine de la circulation du virus.
« Une partie non négligeable des personnes âgées ou à risque ont déjà fait leur troisième dose mais d’autres attendent encore » a expliqué Jacques Battistoni, président du syndicat de médecins généralistes MG France, à nos confrères de Franceinfo, avant de détailler : « Certains patients vaccinés estiment qu’ils n’ont pas trop besoin pour l’instant de la dose de rappel. Ils attendent le jour où il y aura une remontée significative des contaminations, un taux d’incidence plus élevé, et à ce moment-là, ils reviendront vite ».
Pour Michaël Rochoy, de nouvelles mesures, comme le retour du masque à l’école, pourrait relancer la campagne de rappel : « A la fin de l’été, il y a eu un peu un effet "l’épidémie est fini". Le retour de certaines mesures pourrait motiver les personnes éligibles à recevoir leur dose de rappel », explique le médecin, qui compte aussi sur le vaccin contre la grippe, que l’on peut faire le même jour, pour inciter les gens à faire leur troisième dose.
Mauvaise communication
Si certains peinent à prendre conscience de la remontada de l’épidémie – et donc de la nécessité de recevoir une dose de rappel –, d’autres ne savent pas forcément qu’ils sont éligibles. « Les gens s’interrogent sur le fait de savoir s’ils doivent faire la troisième dose. Mais ils s’interrogent aussi sur le délai entre la deuxième et la troisième dose. Ils n’ont pas forcément retenu et compris l’histoire des six mois », a expliqué Jacques Battistoni à Franceinfo. Pour Michaël Rochoy, c’est la communication de la Sécurité sociale qui n’a pas été à la hauteur. « Début septembre, Ameli a envoyé un courrier à tous les plus de 65 ans en leur disant qu’ils étaient éligibles à la dose de rappel. Mais la Sécurité sociale ne leur a pas dit quand, ça dépend de la seconde dose, ni où, puisque les centres de vaccination ont fermé », s’agace le praticien.
Selon nos confrères de Franceinfo, la Sécurité sociale teste actuellement une liste pour les praticiens de leurs patients avec la date de leur vaccination et la date pour la dose de rappel. « Une bonne chose », estime Michaël Rochoy, même si cette liste arrive trop tard. « C’est mieux que rien, mais ça fait longtemps qu’on aurait dû l’avoir, ça aurait dû être fait en avril. La Sécurité sociale a un énorme rôle à jouer et elle ne le fait pas forcément », conclut le médecin.
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