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Omicron: l'alarmante mise en garde des épidémiologistes britanniques - Le Temps

Deux rapports britanniques attestent que la situation épidémiologique imputable au variant Omicron est particulièrement préoccupante. Ils soulignent l’ampleur de son impact dans les jours à venir sur les systèmes de santé des pays confrontés à une propagation fulgurante de ce variant. Même s’il s’agit de projections, et non de prévisions ou de prédictions, celles-ci permettent de mieux réaliser ce qui relève de la responsabilité individuelle (gestes barrières et vaccination) et de ce que cela devrait impliquer en matière de santé publique de la part des autorités.

Le premier rapport émane du SPI-M-O, un groupe d’experts gouvernementaux. Publié le 18 décembre sur le site du gouvernement britannique, ce document s’appuie sur les travaux de l’Université de Warwick et du SAGE (Scientific Advisory Group for Emergencies, groupe scientifique de conseil pour les situations d’urgence). Les chiffres donnent le tournis. «Il est hautement probable qu’il y aura entre 1000 et 2000 admissions hospitalières par jour en Angleterre d’ici la fin de l’année», peut-on lire. Et les experts de souligner que «beaucoup de ces hospitalisations sont déjà «dans les tuyaux» du fait du décalage entre les infections, le début des symptômes et le recours ultérieur aux soins de santé». Selon eux, il est clair que le renforcement du déploiement de la troisième dose vaccinale «ne ralentira pas, à temps, la transmission du virus et la survenue des formes graves et légères de Covid-19 d’ici fin 2021».

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Ils estiment que, si de nouvelles restrictions ne sont pas rapidement mises en place, le nombre d’hospitalisations pourrait atteindre 3000 à 10 000 par jour au moment des pics (avec 600 à 6000 morts par jour), au cours des premiers mois de 2022. «Afin d’empêcher une telle vague d’hospitalisations, des mesures plus contraignantes devraient être prises avant 2022», exhortent les experts. Le modèle suggère que si le gouvernement britannique décidait de renforcer les mesures de protection (notamment en limitant la jauge en intérieur), le pic atteindrait 7000 admissions à l’hôpital par jour, avec entre 500 et 3000 décès par jour. Si les mesures étaient bien plus contraignantes (fermeture de tous les commerces non essentiels), le pic des hospitalisations serait de 1500 à 5000 par jour (avec 200 à 2000 décès quotidiens).

Longue inertie

Du fait du taux de croissance d’Omicron, qui se traduit par un doublement des cas tous les deux jours, les experts considèrent qu’«il est hautement probable que […] si des mesures restrictives devaient être mises en place seulement après avoir observé une augmentation notable des admissions à l’hôpital, il serait trop tard pour diminuer matériellement les pics d’hospitalisation».

Le professeur Enrique Casalino, directeur médical à l’AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris), ne dit pas autre chose: «il ne faut pas attendre que le système de soins soit saturé avant de prendre des décisions, d’autant que le temps d’inertie est long entre la mise en place de mesures et le début de leur impact» et de saluer la décision des Pays-Bas de rapidement confiner sa population qu’il juge «très courageuse».

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Ce spécialiste ajoute qu’«il est du devoir des autorités de prendre, le plus rapidement possible, toutes les mesures nécessaires pour éviter que la situation n’atteigne des niveaux qui compromettraient l’accès aux soins de la population. Ce serait être atteint d’un trouble cognitif que de ne pas réaliser que nous ferons face à énormément de cas d’Omicron. On aura en France sur la période des trente jours à venir 6000 décès.»

Selon les experts britanniques, le nombre des formes modérées de Covid-19 devrait augmenter. Cela se traduira par des absences dans les entreprises et les écoles, mais également par des arrêts de travail parmi le personnel hospitalier, que ces personnes soient obligées de s’arrêter de travailler du fait d’une infection symptomatique ou parce que détectées positives pour le SARS-CoV-2. Ce risque élevé de perturbations dans le fonctionnement d’infrastructures critiques (dont les télécommunications et l’approvisionnement en énergie) a également été exprimé par Expertenrat Corona, le conseil d’experts du gouvernement allemand. De plus, les épidémiologistes du SPI-M-O n’excluent pas la survenue d’infections nosocomiales, ce qui entraînerait un nombre conséquent d’absences parmi le personnel hospitalier. A noter que six clusters dus à Omicron, touchant en majorité des soignants, ont été découverts la semaine dernière au sein de l’AP-HP.

Tension sévère sur les systèmes de santé

Un grand nombre d’incertitudes demeurent dans ces scénarios, notamment sur le taux de reproduction de base d’Omicron (nombre de personnes infectées en moyenne par un cas index), le nombre et le rythme auquel les injections de rappel seront administrées dans les prochains jours, le degré de sévérité clinique de l’infection à Omicron, le niveau de protection conféré par les trois doses.

A ce propos, il convient de faire remarquer que si la troisième dose entraîne très rapidement une augmentation des anticorps (jusqu’à 50 à 80 fois le taux d’anticorps préexistants sept jours après), la protection contre une infection symptomatique ou la survenue d’une forme sévère n’est évaluée dans les essais cliniques qu’à partir du 12e jour suivant le rappel. Par ailleurs, la protection contre les formes graves après rappel est d’environ 70%, la personne vaccinée doit donc continuer à se protéger et à protéger les autres en respectant les mesures barrières.

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Le second rapport, publié le 16 décembre sous l’égide de l’Imperial College de Londres, indique que l’administration d’une troisième dose aux personnes de plus de 60 ans permettrait de réduire d’environ 25% le nombre de décès entre janvier 2021 et la fin 2022 par rapport à l’absence de rappel et d’autres mesures restrictives. Et de souligner que «dans tous les scénarios, il est probable que les systèmes de santé seront sous tension». Malgré une importante couverture des doses de rappel, la tension des systèmes de santé sera sévère, avec des pics de mortalité atteignant 70 par million d’habitants et par jour chez les plus de 60 ans. «Il apparaît par conséquent essentiel de maintenir et/ou d’introduire des mesures non pharmaceutiques [gestes barrières] pour atténuer les pires impacts du variant Omicron», peut-on lire.

Du fait de sa haute transmissibilité et du très grand nombre de personnes qui seront donc infectées, même si la sévérité d’Omicron était trois fois moindre que celle de Delta, on doit s’attendre à des pics de mortalité, souligne le rapport. Et d’ajouter que «bien que cela puisse prendre des semaines avant de pleinement évaluer la sévérité d’Omicron, les gouvernements doivent envisager de mettre en place des mesures d’atténuation, maintenant». La vaccination ne suffira donc pas à réduire l’impact d’Omicron, d’autres mesures s’imposent et très rapidement. En d’autres termes, à vouloir à tout prix préserver Noël et les fêtes de fin d’année, la menace risque de se prolonger durant tout l’hiver jusqu’au début du printemps 2022.

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