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Covid-19 : « En Bretagne, Omicron approche des 90 % de contaminations » [Interview] - Le Télégramme

Que pèse aujourd’hui le variant Omicron dans les contaminations en Bretagne ?

Il représentait un peu plus de 83 % des contaminations de covid-19 détectées dans la région sur la semaine du 28 décembre au 3 janvier. Comme cette proportion augmente sans arrêt, on devrait s’approcher des 90 % dans les tout prochains jours, si on n’y est pas déjà. Ce calcul est fait à partir du criblage des tests PCR positifs (où l’on recherche des mutations spécifiques des variants, NDLR). 16 % de ces tests ont ainsi été criblés sur la semaine du 28 décembre au 3 janvier en Bretagne.

Le Nord-Ouest de la France ainsi que la région parisienne sont les secteurs où la proportion d’Omicron est la plus forte, à l’inverse de la région Paca. Avez-vous une explication ?

Omicron a peut-être plus de mal à faire sa place là où l’épidémie de Delta a été forte, là où la couverture vaccinale est moins élevée, en particulier en Provence-Alpes-Côte-d’Azur. En effet, si une personne est déjà touchée par Delta, elle ne peut pas, en plus, être malade d’Omicron. Ce variant se diffuse du Nord-Ouest vers le Sud-Est, et est en train de supplanter Delta partout. Dans toutes les régions, hormis Paca et la Corse, il était à plus de 70 % au 3 janvier.

Est-il exagéré de penser que c’est une bonne nouvelle pour la Bretagne d’être davantage touchée par Omicron, un variant suspecté d’être moins sévère ?

C’est encore une hypothèse en discussion. Omicron n’est arrivé que fin novembre en Europe et on ne dispose que de six semaines de recul sur sa dynamique, son ampleur et son impact hospitalier. Effectivement, il semble générer une maladie moins grave, mais il a d’abord touché des populations jeunes et, plus tardivement, des populations âgées, a priori plus sensibles. Il semble nécessaire d’attendre une quinzaine de jours avant d’avoir une réponse. Et même s’il s’avère moins grave, il demeure beaucoup plus contagieux. S’il touche une population très importante, l’effet de masse va peut-être l’emporter.

La vague Delta est-elle en train de se terminer en Bretagne ?

Certes, il ne représente plus que 15 % des contaminations détectées, mais ça équivaut à 1 200 personnes chaque jour dans la région. Il s’agit d’un niveau élevé, équivalent à celui qu’on avait avant l’arrivée d’Omicron. Delta reste donc problématique.

Quel est le niveau de circulation du virus dans les départements bretons actuellement ?

On ne communique plus temporairement sur les données départementales. À la suite d’un problème d’algorithme, des indicateurs paraissaient très surévalués dans certains départements, mais la Bretagne serait moins concernée. Ce qu’on peut dire, c’est que la région demeure l’une des moins touchées par l’épidémie, même si l’augmentation des contaminations y est forte. Le taux d’incidence est de l’ordre de 1 500 tests positifs pour 100 000 habitants sur une semaine, l’Ille-et-Vilaine est un peu devant, les Côtes-d’Armor et le Finistère suivent derrière.

Est-on en train de voir une bascule des contaminations des jeunes vers les plus âgés, à la suite des fêtes de fin d’année ?

On a vu une explosion de l’incidence chez les plus de 65 ans à partir de la semaine dernière, même si elle est aujourd’hui un peu stabilisée. Toutefois, la situation peut rapidement évoluer. En revanche, on observe, chez les moins de 50 ans, une courbe des contaminations qui continue d’augmenter.

Pourquoi les contaminations semblent-elles se stabiliser chez les Bretons les plus âgés ?

Différentes hypothèses peuvent l’expliquer : les personnes âgées ont été les premières ciblées par les campagnes vaccinales de rappel et disposent de la plus forte couverture en matière de troisième dose. Elles ont aussi, peut-être, des comportements plus « protecteurs » vis-à-vis de la covid-19 envers elles-mêmes et les autres.

Pensez-vous, comme certains scientifiques l’affirment, que le pic de contaminations pourrait être atteint dans une dizaine de jours, notamment en Bretagne ?

En regardant les durées épidémiques dans d’autres pays, Omicron paraît générer une sorte de pic très intense mais court, contrairement aux fois précédentes, où la courbe de contaminations montait plus en douceur et restait à un niveau haut plus longtemps. Toutefois, on n’a pas de certitude sur ce qu’il va se passer.

Pourquoi la Bretagne a-t-elle atteint de tels niveaux de contaminations cette fois-ci, alors qu’elle avait été beaucoup plus épargnée par le passé ?

Toutes les régions sont touchées. La Bretagne présente néanmoins un taux d’incidence un tiers plus bas que la moyenne nationale. Il n’empêche que cet indicateur a beaucoup augmenté, en particulier chez les jeunes où la vague a été majeure et s’est répandue comme une traînée de poudre sur tout le territoire.

Quelle est la proportion de vaccinés et de non vaccinés dans les hôpitaux en Bretagne ?

Les chiffres sont fluctuants car on est sur des petits effectifs. Pour le moment, on est sur un risque d’hospitalisation une douzaine de fois plus important pour les non-vaccinés par rapport aux personnes complètement vaccinées. Ce ratio est encore plus grand pour les admissions en soins critiques. Le gain procuré par la vaccination est évident pour les formes graves.

La situation peut-elle se dégrader dans les hôpitaux bretons ?

Tout va dépendre de l’évolution de l’épidémie chez les personnes les plus fragiles. Que va donner l’explosion récente de l’incidence chez les plus de 65 ans, aujourd’hui un peu stabilisée ? On est dans l’attente : les fois précédentes, un délai de 10-15 jours était observé entre la montée des cas et l’impact sur les hospitalisations. On constate déjà une hausse des hospitalisations conventionnelles assez importante en Bretagne cette semaine, mais pas en soins critiques. Or, par le passé, on ne constatait pas de différence temporelle entre les deux. Savoir si on va assister à une augmentation des hospitalisations en soins critiques reste encore difficile à dire.

Que faut-il faire aujourd’hui pour enrayer l’épidémie ? Vacciner massivement avec une troisième dose, tout en laissant filer l’épidémie pour renforcer l’immunité naturelle de la population ?

Aujourd’hui, la dose de rappel a un impact majeur sur les hospitalisations. Il est extrêmement important de l’avoir reçue car elle permet d’éviter les formes graves. Laisser courir Omicron, c’est prendre un pari car personne ne peut se dire à l’abri d’une forme grave, même si elles sont moins fréquentes. Et savoir, sur le long terme, si une dose de rappel sera plus ou moins efficace qu’une contamination par Omicron, personne ne peut l’affirmer.

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