
C’est une première étape vers un dépistage organisé du cancer du poumon, tumeur maligne parmi les plus fréquentes en France, et la plus meurtrière avec plus de 33 000 décès par an. Dans un rapport rendu public le 1er février, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande la mise en place d’expérimentations en vie réelle, et notamment d’un programme pilote. En 2016, après analyse de la littérature scientifique, l’instance avait mis son veto à une stratégie de dépistage par scanner thoracique peu irradiant, jugeant que « les conditions de qualité, d’efficacité et de sécurité » n’étaient pas réunies. Au grand dam de nombreux spécialistes, plaidant depuis des années pour un dépistage de ces tumeurs, souvent diagnostiquées tardivement et de mauvais pronostic.
Selon les dernières données disponibles, le nombre de nouveaux cas par an est de 46 300 en France, survenant pour près des trois quarts chez des hommes mais de plus en plus souvent chez des femmes. La majorité des cancers du poumon sont identifiés à un stade avancé non opérable. Alors que huit malades sur dix sont toujours vivants dix ans plus tard s’ils ont pu être opérés, le taux de survie à cinq ans n’est globalement que de 20 %. Le principal facteur de risque est le tabac, impliqué dans 80 % des cas. Rappelons qu’en France, des programmes nationaux de dépistage ont été mis en place pour les cancers du sein, du côlon, et plus récemment pour ceux du col de l’utérus. Pour différentes raisons, la participation reste cependant faible et hétérogène : de l’ordre de 50 % pour le sein, 30 % pour le côlon.
Pour avancer sur le dépistage des cancers du poumon, trois sociétés savantes (la Société de pneumologie de langue française, l’Intergroupe francophone de cancérologie thoracique et la Société d’imagerie thoracique) ont édité en 2021 des recommandations pour un dépistage individuel, ciblé sur la population à risque : les individus de 50 ans à 74 ans, gros fumeurs ou ex-fumeurs ayant arrêté depuis moins de dix ans. Celles-ci s’appuient notamment sur les résultats récents d’une vaste étude randomisée néerlando-belge nommée « Nelson », montrant, avec dix ans de recul, une réduction significative de la mortalité par cancer du poumon chez des gros fumeurs ou ex-gros fumeurs dépistés. Ces données européennes confortent celles de l’étude américaine de référence, le National Lung Screening Trial (NLST) portant sur 53 000 personnes, publiée en 2011.
Sauver environ 5 vies pour 1 000 personnes dépistées
En analysant les nouvelles données et revues de littérature, la HAS a fait évoluer son avis. Elle estime qu’un dépistage par scanner à faible dose pourrait réduire la mortalité spécifique des cancers du poumon, sauvant environ 5 vies pour 1 000 personnes dépistées. « Si aucun impact n’a pu être démontré sur la mortalité globale », considère en revanche l’instance sanitaire, « ce critère manque de pertinence étant donné l’interférence des comorbidités liées au tabac et de l’âge qui augmentent la mortalité ». Elle pointe par ailleurs, comme en 2016, de potentiels effets délétères du dépistage : le surdiagnostic, c’est-à-dire la mise en évidence de lésions qui n’auraient pas évolué ou ne se seraient pas manifestées, et la détection de faux positifs, « pouvant générer une anxiété, des examens complémentaires, des traitements et des risques accrus de complication ». Pour la HAS, un programme pilote et des expérimentations en vie réelle devront permettre de mieux définir la population cible, de structurer la procédure de dépistage et d’en définir les modalités (durée, fréquence des examens, combinaison avec un sevrage tabagique, stratégie de gestion des nodules pulmonaires suspects).
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