Si l'Agence britannique de santé évoque une contamination "disproportionnée" à la variole du singe chez la population homosexuelle, l'un de ses experts rappelle qu'il ne s'agit aucunement d'une maladie sexuellement transmissible. Il met aussi en garde contre les risques de stigmatisation qui pourraient, aussi, donner de mauvais signaux à d'autres communautés.
Connue essentiellement dans le centre et l'ouest de l'Afrique, la variole du singe (autrement appelée le monkeypox) s'est imposée dans le paysage, ces derniers jours, à la faveur de sa propagation dans une vingtaine de pays d'Europe et aux Etats-Unis.
Au total, 200 cas suspects ou confirmés ont été recensés et cette maladie, qui ne circulait pas jusqu'à présent, interroge. Et elle interroge aussi par le type de population particulièrement touchée. Selon l'UKHSA, l'agence britannique de santé, "les hommes homosexuels et bisexuels ont jusqu'à présent été touchés de manière disproportionnée". Ce qui n'était pas observé jusque-là dans cette maladie.
Cet élément largement répandu dès les premières constatations a fait ressurgir dans la communauté LGBTQ+, la peur d'un nouveau virus de type sida. Une anxiété doublée de la crainte de voir apparaître de nouvelles stigmatisations.
Or, les experts sont formels: le monkeypox n'est pas "une maladie sexuellement transmissible" et "elle ne suggère en rien l'orientation sexuelle de quelqu'un".
Gare aux discours homophobes
L'épidémiologiste des maladies infectieuses de l'UKHSA, Mateo Prochazka, a publié sur Twitter une suite de tweets dans lesquels il fait l'inventaire des connaissances actuelles sur la maladie qui permettent d'écarter l'idée "d'une maladie pour homosexuels".
Interrogé par le média PinkNews, Prochazka, qui se revendique lui-même gay, est allé plus loin dans ses explications. Il a toutefois rappelé qu'à l'heure actuelle, "les experts essaient toujours de comprendre pourquoi la variole du singe semble se propager parmi les hommes homosexuels". Mais, pour lui, "il n'y a aucune preuve suggérant que le virus est transmis sexuellement". "Cette idée fausse est déjà répandue chez de nombreuses personnes en raison de la façon dont les médias rendent compte de la situation en cours".
C'est un contact étroit avec une peau infectée qui semble à l'origine de la transmission. "Bien qu'il ne s'agisse pas d'une infection sexuellement transmissible, elle peut se propager lors de rapports sexuels par contact étroit", résume Mateo Prochazka qui pense pouvoir expliquer pourquoi les personnes homosexuelles semblent plus touchées. "Les hommes gays et bisexuels ont généralement un plus grand nombre de partenaires sexuels et sont également plus susceptibles d'avoir des partenaires sexuels anonymes, ce qui peut conduire à des contacts directs moins présents dans d'autres communautés", explique-t-il.
“There is a huge risk of stigma emerging and being attached to the current patterns of transmission we’re seeing for monkeypox.”
Thanks to @PinkNews @paddykell for the chance to discuss how this infection can affect our community - and how we can stay engaged. https://t.co/TcQ4iyQjwB
— Mateo Prochazka (@teozka) May 24, 2022
Une petite musique dangereuse aussi pour les non-LGBTQ+
L'épidémiologiste voit, dans le raccourci qui serait fait sur la population touchée, un danger pour tous. "Ce discours pourrait donner aux personnes non LGBTQ+ l'impression erronée qu'elles ne risquent pas de contracter le virus". Or, "la transmission n'est pas exclusive aux hommes homosexuels et bisexuels, il se trouve juste qu'elle est entrée dans ce réseau", martèle encore Prochazka.
Après avoir été marquée par les années sida puis, comme tous, par l'anxiété liée au Covid, la communauté homosexuelle est appelée à "rester calme" face au monkeypox. "Nous devons trouver un équilibre entre être informé et avoir peur et cela peut être fait avec la bonne quantité d'informations provenant de sources correctes, ce que nous essayons de fournir", indique l'expert de l'UKHSA. "Je pense qu'il est très important de savoir qu'il s'agit d'une infection qui présente un très faible risque pour votre santé personnelle et que nous essayons tous de contrôler en tant que communauté".
Pour Prochazka, il n'est pas à l'ordre du jour de "demander aux gens d'avoir moins de relations sexuelles ou de changer leur relation autour du sexe" rappelant que "le monkeypox n'est pas aussi transmissible que certains autres virus".
Contaminations faibles et aucun décès jusqu’ici
"A ce stade, les chiffres de contamination sont encore très faibles, nous ne comprenons pas vraiment ou ne connaissons pas l'étendue de la transmission, nous travaillons donc très rapidement pour faire cette évaluation afin de pouvoir la communiquer au public."
En France, Santé Publique France rappelle, "qu'à ce stade, les cas rapportés en Europe sont majoritairement bénins, et il n’y a pas de décès signalé". SPF appelle aussi "les malades à respecter un isolement pendant toute la durée de la maladie (jusqu’à disparition des dernières croûtes, le plus souvent 3 semaines)."
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